Cette croissance n'est pas pourtant stable, ont estimé les experts. Selon les estimations de l'Institut de recherche sur le cuir et les chaussures relevant du ministère de l'Industrie et du Commerce, les produits en cuir et les chaussures du Vietnam sont actuellement exportés pour l'essentiel vers le Japon, les États-Unis et l'Union européenne. Marchés sur lesquels les produits vietnamiens sont confrontés aux procès anti-dumping.
D'après le Département de gestion pour la concurrence, placé sous la tutelle du ministère de l'Industrie et du Commerce, les produits en cuir et les chaussures occupent le 2e rang de la liste des dix exportations exposées aux procès anti-dumping étrangers depuis 1994. De tels procès sont aussi intentés dans les nouveaux marchés comme les pays de l'Amérique du Sud, notamment au Brésil. L'autre faiblesse concerne le manque de compétitivité. À l'exception des chaussures de sport, pour femme et des pantoufles, les autres produits éprouvent des difficultés à rivaliser avec des adversaires étrangers, la faute imputée à une technologie arriérée.
L'Association du cuir et des chaussures du Vietnam (LEFASO) a soumis au gouvernement une stratégie de développement du secteur d'ici à 2020, vision pour 2025. La production domestique de matières premières y est soulignée. Selon son président Nguyên Duc Thuân, l'objectif est de mettre fin à la sous-traitance et à la dépendance de technologies et matériaux étrangers. Née il y a un quart de siècle, l'industrie du cuir et des chaussures se limite toujours à la sous-traitance, avec 70% des entreprises nationales.
Conformément à cette stratégie, le secteur aura besoin d'un milliard de dollars pour fabriquer d'embauchoirs et de modèles, accroître la production domestique de matières premières tels que cuir et similicuir. Les exportations devraient atteindre 8,5 milliards de dollars en 2015 et 16,5 milliards en 2020, avec un taux de "vietnamisation" de la production de 80%, contre 50% à l'heure actuelle. À noter que les matières premières représentent 75% du coût de revient d'un produit.
La stratégie a été motivée par le fait que ce secteur souffre d'une grave pénurie de matières premières depuis de nombreuses années, en raison du manque d'industrie auxiliaire.
À l'heure actuelle, le pays ne compte que 30 entreprises de tannage, dont cinq à investissement étranger. Celles-ci ne peuvent répondre qu'à 30-40% des besoins des fabricants vietnamiens de chaussures. Les producteurs nationaux sont appelés à mieux exploiter le marché domestique, car aujourd'hui, les entreprises étrangères détiennent 55% des parts de marché.
Thê Linh/CVN