>>Veolia accélère et lance une OPA sur Suez sans son accord
>>Suez dégaine un plan B pour tenter de contrer son rachat par Veolia, qui campe sur ses positions
La direction de Suez s'oppose au projet de fusion avec Veolia, synonyme selon elle de casse sociale et industrielle. |
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"Veolia annonce étudier toutes les voies de droit pour bloquer ces cessions et, si elles devaient avoir lieu, engager la responsabilité individuelle de ceux qui les auraient autorisées", a indiqué dans une déclaration le groupe, engagé dans une OPA sur son rival.
"Suez ne commente pas les rumeurs, qu'elles soient orchestrées ou non", a déclaré de son côté ce dernier, alors que des informations circulent dans la presse financière sur le sort de ses actifs dans les déchets en Australie et en Grande-Bretagne.
"Le seul projet de démantèlement de Suez dont nous avons connaissance est celui de Veolia", ajoute-t-on chez Suez.
Le groupe Cleanaway Waste Management a confirmé dans un communiqué "son intérêt pour une acquisition potentielle" des actifs australiens de Suez : "il n'y a aucune certitude que des discussions avec Suez aboutissent à une transaction", ajoute-t-il cependant.
Des discussions avec le fonds I Squared Capital portent par ailleurs sur les actifs britanniques, selon Mergermarket.
Le Pdg de Veolia lors d'une assemblée générale du groupe le 18 avril 2019. |
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Pour Antoine Frérot, le PDG de Veolia, de telles ventes, représentant 80% de l'activité déchet de Suez hors de France, seraient "un appauvrissement considérable de l'entreprise Suez. Une opération de découpe de l'entreprise, c'est le travail d'un fonds d'investissement, pas d'un industriel. C'est saborder leur propre groupe".
"Un actionnaire comme Veolia considérerait qu'un conseil d'administration qui, pour se maintenir en place, vide l'entreprise de cette manière, c'est inadmissible. Dans ce cas-là, nous n'hésiterons pas à engager la responsabilité individuelle de ceux des administrateurs qui autoriseraient cette liquidation", a-t-il dit, invoquant la défense de l'intérêt social et des parties prenantes du groupe.
Sur un ton plus conciliant, Veolia a aussi indiqué qu'il annoncerait cette semaine une proposition de nature à sortir "par le haut" du conflit avec Suez.
"Nous réfléchissons à une solution qui permettrait de satisfaire un certain nombre de parties prenantes", a juste dit M. Frérot.
Les deux frères ennemis de l'eau et des déchets sont engagés dans une guerre par tous les moyens depuis que Veolia a racheté 29,9% de Suez à Engie en octobre. Veolia a depuis lancé une OPA sur le reste des actions pour créer un géant français des services à l'environnement.
Suez, qui refuse de se laisser avaler, plaide pour le maintien de deux groupes et pour son propre modèle de développement.
L'entreprise a engagé depuis 2019 un plan de cessions et acquisitions d'actifs pour se concentrer sur certaines activités à forte valeur ajoutée : son directeur général Bertrand Camus a récemment annoncé une 2e salve de cessions, sans préciser lesquelles, au grand dam de Veolia.
Antoine Frérot estime que ces ventes visent d'abord à "pouvoir verser des dividendes exceptionnels" aux actionnaires de Suez.
Alors que les deux parties ne semblent plus pouvoir se parler, ce sont peut-être les actionnaires de Suez qui devront in fine trancher lors de l'assemblée générale attendue d'ici à la fin du mois de juin.
AFP/VNA/CVN