>>Pétrole : l'AIE revoit la demande en baisse malgré des fondamentaux plus solides
>>États-Unis : nouvelle baisse des stocks de pétrole brut
Une photo fournie par Saudi Press Agency (SPA) du ministre saoudien de l'Énergie Abdelaziz ben Salmane, le 9 avril 2020, lors d'une réunion en visioconférence de l'Opep+. |
Alors que les analystes s'attendaient à des divergences entre les deux poids lourds de l'alliance, la Russie et l'Arabie saoudite, la réunion a été bouclée en moins de trois heures et a débouché sur la décision de n'augmenter qu'à la marge la production d'or noir le mois prochain.
Le cartel a ainsi opté pour le maintien des volumes au même niveau que mars, à l'exception de la Russie et du Kazakhstan, à l'issue de ce deuxième sommet de l'année qui se tenait par vidéoconférence.
'Vigilance'
"L'incertitude qui entoure le rythme de la reprise n'a pas diminué. Il est difficile de faire des prévisions dans un environnement aussi imprévisible, j'en appelle donc à la prudence et à la vigilance", avait averti en préambule le ministre saoudien de l'Énergie, Abdelaziz ben Salmane.
Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, en charge de l'Énergie, d'habitude pourtant prompt à appeler au retour à la normale, a tenu des propos similaires à l'issue de la réunion et évoqué un "optimisme prudent".
Car si les perspectives économiques sont meilleures, la vitesse de la reprise de la demande reste soumise à beaucoup d'aléas, dont le succès des campagnes de vaccination qui sont à certains endroits poussives.
Dans son rapport mensuel mi-février, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a jugé que le rééquilibrage du marché pétrolier restait "fragile" en début d'année et avertissait sur la propagation des nouveaux variants du coronavirus.
'Bon accord'
La différence d'approche entre la Russie et l'Arabie saoudite, respectivement deuxième et troisième producteurs mondiaux derrière les États-Unis, avait été largement gommée depuis près d'un an tant les cours étaient bas, mais les experts craignaient que le retour des prix à un niveau comparable à la période précédant la pandémie de COVID-19 n'accentue les tensions.
Mais l'heure était toujours à l'entente : "Nous avons un bon accord", s'est félicité Abdelaziz ben Salmane. "Ce consensus nous permet d'aller de l'avant".
Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, en charge de l'Energie à Ryad, le 19 décembre 2020. |
La Russie et le Kazakhstan, les deux pays exemptés, pourront augmenter leur offre d'un total de 150.000 barils quotidiens pour satisfaire la demande intérieure, quand Ryad maintiendra son retrait volontaire et supplémentaire d'un million de barils par jour le mois prochain.
"Vous ne pouvez pas continuer à inviter à la prudence, la prudence et encore la prudence sans l'appliquer à vous-même", a commenté le ministre saoudien.
Au total, l'alliance a donc convenu de laisser sous terre près de 7 millions de barils quotidiens en avril, une véritable "surprise" pour le marché qui s'attendait à davantage de barils remis en circulation, selon Ann-Louise Hittle, analyste de Wood Mackenzie.
'Résultat positif'
Lors de son dernier sommet en janvier, les négociations avaient été âpres. L'Opep+ avait finalement convenu d'ouvrir petit à petit les vannes jusqu'en mars, usant ainsi avec doigté de son principal pouvoir : jouer du robinet d'or noir pour garder la main sur l'équilibre entre offre et demande.
Le cartel doit également surveiller le respect des quotas par chacun des membres, gage de sérieux et de crédibilité de l'accord, ainsi que la concurrence américaine, qui bénéficie elle aussi de la remontée des prix.
Cette décision était accueillie très favorablement par le marché: les deux cours de référence, le Brent et le WTI, grimpaient de près de 5% peu avant la clôture, retrouvant temporairement des prix plus vus depuis début janvier 2020.
"C'est clairement un résultat positif pour les prix du pétrole", a commenté Fawad Razaqzada, analyste de Thinkmarkets.
"Maintenant que les vaccinations sont bien avancées dans d'importantes régions du monde, la demande devrait apporter du soutien aux prix au cours des prochains mois", a-t-il ajouté.
L'alliance a par ailleurs convenu de se retrouver lors d'un prochain sommet le 1er avril. Ce sera déjà le troisième de l'année, un rythme effréné qui illustre l'ampleur du choc de la pandémie de COVID-19 pour les producteurs de pétrole.