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L'abandon du siège social londonien a une portée hautement symbolique pour le Royaume-Uni, avant le Brexit. |
La multinationale de l'agroalimentaire et des cosmétiques, connue notamment pour les produits Dove, la célèbre Marmite britannique ou les crèmes glacées Ben & Jerry's, disposait depuis près d'un siècle d'une présence juridique à la fois au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
Mais dans un communiqué publié jeudi 15 mars, le groupe a fait part de sa décision, sans grandes conséquences en termes d'emploi, de n'avoir d'ici à la fin de l'année plus qu'un siège social, à Rotterdam, où il paiera désormais ses impôts.
Unilever n'évoque pas le Brexit, qui doit intervenir fin mars 2019, soit dans un peu plus d'un an, mais explique vouloir renforcer et simplifier sa structure, afin de créer à terme plus de valeur pour ses actionnaires.
"Le Brexit ne fait pas de l'Angleterre un mauvais pays pour investir. Cette décision est pour les trente à cinquante prochaines années et ne dépend pas de la politique d'aujourd'hui", a déclaré auprès de la télévision publique néerlandaise NOS le directeur exécutif d'Unilever, Paul Polman.
Camouflet pour Downing Street
Il n'empêche que l'abandon du siège social londonien a une portée hautement symbolique pour le Royaume-Uni et le gouvernement conservateur de Theresa May, qui se démène pour convaincre les entreprises de rester ou de venir au Royaume-Uni malgré les incertitudes du Brexit.
La presse britannique s'était d'ailleurs fait l'écho d'une récente rencontre entre des responsables du gouvernement britannique et Unilever pour discuter du possible déménagement du siège social vers les Pays-Bas.
Pour Lee Wild, analyste chez Interactive Investor, "faire de Rotterdam le siège social du groupe arrive au mauvais moment pour Theresa May qui est dans un moment clé des négociations sur le Brexit avec l'UE".
Le gouvernement veut décrocher un accord sur une période de transition post-Brexit d'ici à fin mars, tout en entamant d'épineuses discussions sur la future relation commerciale, qui s'annonce particulièrement difficiles dans les services.
Le départ d'Unilever représente "un énorme coup pour le gouvernement britannique et montre ce que les milieux d'affaires pensent vraiment de la décision du Royaume-Uni de quitter l'UE", a réagi l'organisation britannique pro-UE Best for Britain.
Pour certains analystes, il ne fait aucun doute que la sortie de l'UE compte pour beaucoup dans la décision du groupe.
Rester dans l'UE
"Je pense qu'ils ont opté pour une entité (juridique) néerlandaise à cause du Brexit car c'est préférable d'être à l'intérieur de l'UE", estime Jos Versteeg, analyste à Amsterdam au sein de la banque privée InsingerGilissen.
Le gouvernement britannique soutient quant à lui que ce départ n'a rien à voir avec le Brexit.
"Comme le groupe l'a expliqué, sa décision de transférer un nombre limité d'emplois vers son siège aux Pays-Bas entre dans une restructuration de long terme et n'est pas liée au départ du Royaume-Uni de l'UE", a affirmé un porte-parole du gouvernement.
Unilever se restructure en trois divisions, dans les produits de beauté, les produits pour la maison, qui seront toutes deux situées à Londres, et l'alimentaire, basée à Rotterdam.
Les 7.300 personnes qu'il emploie au Royaume-Uni, ainsi que les 3.100 aux Pays-Bas, ne seront pas affectées par ces changements, pensés par le groupe depuis le spectaculaire rejet d'une offre de rachat lancée par son rival américain Kraft Heinz début 2017.
De même, le groupe, qui emploie 169.000 personnes à travers le monde et qui commercialise entre autres les soupes Knorr, l'huile d'olive Bertolli et les déodorants Rexona, conservera ses trois cotations distinctes à Londres, Amsterdam et New York.
"Les changements que nous réalisons aujourd'hui renforceront notre groupe dans l'avenir", a déclaré Marijn Dekkers, président du conseil d'administration d'Unilever dans un message vidéo joint au communiqué.
Avoir le siège social du groupe à Rotterdam "signifie énormément" pour l'image des Pays-Bas, s'est réjoui le Premier ministre néerlandais Mark Rutte auprès de la télévision publique NOS, soulignant qu'un "grand nombre d'emplois indirects auraient été perdus" si Unilever avait décidé de quitter la ville portuaire.