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Œuvre du sculpteur Chavis Mármol, dans laquelle une voiture Tesla est écrasée par une énorme tête d'inspiration olmèque de neuf tonnes, à Mexico, le 13 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sculpteur de 42 ans, Mármol (marbre en espagnol) n'a lui-même jamais possédé de voiture et se déplace en vélo. Le sculpteur a déchargé avec une grue l'effigie de neuf tonnes sur une Tesla 3 de couleur bleue, une des modèles fabriqués par l'entreprise du multimillionnaire américain.
S'adressant à Musk d'un ton moqueur, le Mexicain explique le sens de sa démarche artistique : "Regarde ce que je fais de ta sacrée voiture avec cette tête merveilleuse, qui est plus grande que toi et les technologies rampantes", raconte l'artiste en Espagne, où il participe à une exposition.
Sa sculpture s'inspire des têtes colossales laissées par les Olmèques, la plus ancienne des cultures de l'actuel Mexique datant d'il y a 3.000 ans. Des vestiges de la culture olmèque se trouvent dans le Sud-Est du pays. Une exposition sur les Olmèques avait été organisée à Paris en 2021.
L'œuvre est installée dans le quartier à la mode de la Roma, en plein centre-ville. Il y a tout juste un an, Musk a annoncé la construction d'une "mégafactory" à Monterrey, la capitale industrielle du nord.
Rêve artistique
L'installation, décrite par certains critiques comme "surréaliste" ou digne de l'intervention d'un "extra-terrestre", est accueillie par Colima 71, un établissement à mi-chemin entre un hôtel classique et un centre d'art.
Une vidéo montre le moment où la tête écrase peu à peu le toit de la voiture. Les batteries ont été retirées pour éviter tout incident. Le premier défi fut d'acheter la voiture, qui coûte 40.000 USD sur le marché de l'occasion. Le nom du mécène qui a permis la réalisation de l'œuvre est maintenu secret.
Le défi suivant fut de trouver la pierre. D'un poids initial de 12 tonnes, elle ne pèse plus que neuf tonnes après que l'artiste a taillé le crâne, les yeux énormes et les lèvres épaisses.
La directrice artistique de Colima 71, Margarita Ongay, affirme qu'elle "tombée amoureuse de l'oeuvre" de l'artiste. "Qu'est-ce que je sens quand je vois ça ? Que signifie Tesla pour moi ? Que signifie l'installation d'une usine Tesla à Monterrey ? Que nous inspire Musk ?", s'interroge-t-elle.
Provocateur, le sculpteur affirme n'en avoir rien à faire de voir 40.000 USD partir en fumée parce que "ce n'était pas mon fric". "C'est le côté merveilleux de l'art, tu peux te permettre ces énormités".
Au Mexique, l'art "VIP" (Vidéo, installation, performance) est dénoncée comme une imposture par la critique Avelina Lésper, qui a publié en 2022 un essai contre "la fraude de l'art contemporain".
L'art VIP est un "art fallacieux soutenu par la médiocrité, la spéculation économique et le favoritisme", attaque-t-elle.
"Si une œuvre d'art te touche assez pour sentir ou penser, je crois qu'elle remplit son objectif, et il n'y a pas beaucoup de questions à se poser sur le prix ou le coût", affirme Ongay face aux potentielles critiques contre l'œuvre de Mármol.
L'idée est évidemment que l'image provocatrice de la Tesla écrasée arrive jusqu'à Elon Musk. "Ce serait incroyable qu'il voie sa voiture" dans cet état, sourit la directrice artistique.
AFP/VNA/CVN