Le musée Picasso fait peau neuve et rend hommage à Françoise Gilot

Le musée Picasso de Paris, qui abrite la plus importante collection publique d'œuvres du maître, présente à partir de mardi 12 mars un accrochage entièrement renouvelé, avec un tout premier hommage à son ex-compagne et peintre Françoise Gilot.

>> Quand la peinture de Picasso rencontre l'écriture de l'Américaine Gertrude Stein

>> Le tableau de Picasso Femme à la montre vendu aux enchères 139,3 millions d'USD

L'entrée du musée Picasso à Paris, le 29 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Nombre d'œuvres ont été régulièrement prêtées au cours des dernières années notamment en 2023, année du cinquantième anniversaire de la mort de l'artiste espagnol. C'est donc un peu "son retour à la maison", dit Cécile Debray, la directrice du musée à l'AFP.

La nouvelle collection permanente réunit 400 œuvres dans 22 salles et sur trois étages d'un hôtel particulier, avec une pièce entièrement dédiée à la Franco-Américaine Françoise Gilot, décédée à 101 ans en juin.

Cette dernière partagea la vie de Picasso pendant dix ans (1943-1953) et eut avec lui deux enfants, Claude (né en 1947 et décédé en 2023) et Paloma (née en 1949).

Elle est la seule de ses compagnes à s'en être pleinement émancipée pour se réaliser en tant qu'artiste, avec des œuvres aux Metropolitan Museum of Art et MoMA de New York.

Une dizaine de ses tableaux, alternant entre figuration structurée et abstraction colorée, ainsi que plusieurs de ses dessins sont exposés.

Laboratoire

À partir de 1965 et de la publication de son ouvrage Vivre avec Picasso - qui le dépeint comme tyrannique, superstitieux et égoïste et provoqua un tollé en France -, elle s'est tenue à l'écart du milieu artistique français, avant de s'installer aux États-Unis en 1970.

Françoise Gilot et Pablo Picasso, lors d'une exposition consacrée aux poteries de l'artiste espagnol à la "Maison de la pensée", le 24 novembre 1948 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

En 2016, Françoise Gilot expliquait à l'AFP comment leur relation fut un dialogue pictural avec celui qu'elle avait aimé pour son intelligence remarquable et son sens de l'humour, décrivant sans rancœur l'importance de la créativité +picassienne+ sur tout le XXe siècle, qu'on le connaisse personnellement ou pas.

Périodes bleue, rose, cubisme, surréalisme, collages, sculptures, céramiques... Le nouvel accrochage présente l'œuvre de Picasso "depuis ses débuts, avant l'arrivée à Paris au tournant du XXe siècle, et jusqu'en 1973, l'année de sa mort, et nous sommes les seuls à pouvoir nous prêter à cet exercice", souligne Mme Debray.

Deux chefs d'œuvre, Guernica et Les Demoiselles d'Avignon, manquent cependant à l'appel, se trouvant respectivement à Madrid, au Musée national de la Reine Sofia, et à New York, au MoMA.

Carton, métal, bois et boîtes à cigares : les innombrables expérimentations sculptées de l'artiste sont mises en valeur, en résonance avec dessins et tableaux dans une section intitulée "laboratoire".

Guerre

Inventeur du cubisme, acteur du surréalisme, peintre figuratif engagé, Picasso n'a cessé de se renouveler, inventant tout au long de sa vie de nouvelles formes et manières de représenter le réel.

"La peinture est plus forte que moi, elle me fait faire ce qu'elle veut", disait-il, citation qui ouvre le parcours d'un "peintre de l'absolu", selon Mme Debray.

Portrait de Dora Maar, la précédente compagne de Pablo Picasso, peint en 1937 et exposé au musée Picasso, le 27 octobre 2015 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

La présence de tableaux d'Henri Matisse ou de Paul Cézanne, de sculptures d'artistes anonymes d'Afrique ou d'Océanie appartenant à Picasso révèle le dialogue constant qu'il entretenait avec d'autres créateurs.

Les textes qui contextualisent les œuvres portent un "regard renouvelé sur Picasso, dans une approche plus culturelle que de spécialiste", assure Mme Debray.

Le parcours chronologique est aussi thématique avec un troisième étage consacré, par exemple, à la guerre et la place de l'artiste pendant l'Occupation.

Une salle consacrée à la sculpture "l'homme au mouton", devenue un symbole de la résistance, parle de l'expérience de Picasso face à l'exposition d'Arno Breker, sculpteur officiel du troisième Reich : "Il sort de là effondré et va traduire par cette sculpture l'héritage classique, refusant de le laisser aux fascistes", ajoute-t-elle.

Un centre de recherche consacré à Picasso doit être inauguré à proximité du musée à l'automne.

Les archives du musée comptent environ 200.000 pièces. Picasso, dont la carrière s'est étendue sur près de 80 ans, a conservé dans ses ateliers tout au long de sa vie une grande partie de ses 2.000 peintures, plus de 11.000 dessins et milliers de sculptures, céramiques et gravures. Ces œuvres, dont une partie importante est entrée dans la collection en 1979, forment le cœur du musée inauguré en 1985.

AFP/VNA/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top