Le physicien et professeur à l’université de Florence, Marco Rosa-Clot (droite), et ses associés Paolo Rosa-Clot (centre) et Raniero Cazzaniga. |
«Vous êtes sur une plate-forme photovoltaïque flottante avec un système de traçage du soleil. C'est la première plate-forme de ce genre au monde", explique son concepteur Marco Rosa-Clot, physicien et professeur à l'Université de Florence, en Toscane.
Les panneaux photovoltaïques sont posés à plat, chacun d'entre eux étant entouré de deux réflecteurs à angle presque droit qui réfléchissent la lumière du soleil, donnant l'impression d'une fleur mécanique aux pétales déployés. Tous les éléments s'appuient sur un support horizontal en forme de croix, relié à un pilier posé sur le fond du lac.
L'ensemble tourne lentement autour du poteau qui en est l'axe, en suivant le soleil grâce au système de traçage. "C'est une petite installation de 30 kW que nous avons réalisée. Elle suffit pour une dizaine de familles et nous l'avons construite pour tester nos solutions", poursuit M. Rosa-Clot.
L'idée de départ est que les panneaux photovoltaïques classiques perdent une quantité non négligeable d'énergie en raison d'une surchauffe inévitable lors des journées très ensoleillées, un problème que le refroidissement par eau peut résoudre.
"Entre l'utilisation des réflecteurs, le mouvement des panneaux et le refroidissement par eau, ce nouveau type d'installation arrive à fournir 2.000 kW/h par an pour chaque kilowatt installé contre 1.200 kW/h par an pour les installations classiques", précise Rosa-Clot, à la tête d'une petite entreprise familiale, la Scintec, qui s'occupe de recherche dans divers secteurs industriels et de l'environnement.
L'autre avantage du photovoltaïque flottant est l'utilisation de plans d'eau abandonnés, comme d'anciennes carrières par exemple, ce qui préserve le paysage car les panneaux sont quasiment invisibles.
"Une installation classique, comme celle sur les toits par exemple, a un impact fort sur l'environnement et le paysage. Nos installations en revanche sont nées pour être utilisées sur des plans d'eau, des anciennes carrières peu profondes", explique Raniero Cazzaniga, un associé de M. Rosa-Clot. "Sa hauteur ne dépasse pas un mètre et généralement on ne le voit pas avant d'arriver au bord de l'eau. Ce n'est pas envahissant", dit-il.
Des contacts à l’étranger
Des ingénieurs vérifient un système de panneaux photovoltaïques flottants. |
Des ingénieurs vérifient un système de panneaux photovoltaïques flottants. |
Il rappelle par ailleurs que la législation de nombreux pays européens "limite et limitera toujours plus la possibilité de réaliser des installations photovoltaïques sur des terrains agricoles, justement parce que ce type de terrain a une vocation naturelle à produire de la nourriture".
Rosa-Clot a pris comme exemple la Sicile, où quelque 75 km² de plans d'eau artificiels ont été recensés. "Si l'on couvrait seulement 10% de cette superficie avec des panneaux photovoltaïques flottants, nous aurions une puissance installé de un gigawatt", soit l'équivalent d'environ 10 millions d'ampoules de 100 watts, calcule-t-il. Des contacts ont lieu avec des entreprises étrangères intéressées par ces panneaux flottants, a ajouté le scientifique.
"Les réactions à l'étranger sont très positives. Des Coréens sont venus à Pise pour discuter avec nous et nous avons signé un contrat de trois ans leur permettant de construire sous licence ce genre d'installations en Corée du Sud", a-t-il dit, soulignant que des discussions sont en cours aussi "avec des Allemands, des Français et naturellement des sociétés italiennes".
"Il n'existe pas de solution miracle pour le problème de l'énergie mais ce projet permet d'augmenter notablement le nombre d'installations photovoltaïques à un coût toujours plus bas", a conclu Marco Rosa-Clot.
AFP/VNA/CVN