>>L'Europe joue sa place sur l'échiquier spatial mondial
>>Tout se passe bien pour la mission européenne ExoMars
>>La mission russo-européenne ExoMars 2016 entame son voyage vers la planète rouge
Le robot Rosalind Franklin de la mission ExoMars à Stevenage, au nord de Londres. |
Symbole de la coopération entre la Russie et l'Union européenne en période de fortes tensions diplomatiques, ExoMars ambitionne de forer le sol martien à la recherche de signes de vie passée sur cette planète. Le lancement, à l'origine prévu pour l'été 2020, est désormais repoussé à août-septembre 2022, ont annoncé dans un communiqué commun les deux partenaires, les agences spatiales russe Roskosmos et européenne (ESA).
À l'issue d'une réunion, leurs deux chefs ont conclu que de "nouveaux tests du vaisseau spatial avec les composants et les logiciels définitifs" étaient "nécessaires". Ils ont également "dû reconnaître que la phase finale d'ExoMars" était "compromise par l'aggravation générale de l'épidémie (de Covid-19) dans les pays européens".
Selon le chef de Roskosmos, Dmitri Rogozine, la décision a été "difficile mais bien pesée". "Elle est principalement motivée par la nécessité de maximiser la robustesse de tous les systèmes ExoMars et par les circonstances" liées à la propagation du nouveau coronavirus, a-t-il déclaré. La situation en Europe "n'a pratiquement pas permis à nos experts d'effectuer des visites dans les industries partenaires", a-t-il expliqué.
Le chef de l'ESA, Jan Wörner, a dit vouloir "être sûr à 100% d'une mission réussie". "Nous ne pouvons admettre aucune marge d'erreur. Davantage de vérifications vont assurer un voyage sécurisé et les meilleurs résultats scientifiques sur Mars", a-t-il affirmé.
"Risques minimum"
François Spoto, responsable du programme ExoMars, a expliqué que la décision de reporter "aurait été prise même sans le coronavirus", qui "n'est pas à blâmer en premier lieu". Selon lui, cette décision est liée à une "combinaison" de facteurs : "le retard du logiciel couplé à des anomalies sur quatre équipements russes, le fait que les parachutes n'aient pas encore été testés avec un succès complet, et le fait qu'on n'ait pas encore les résultats complets du système de propulsion russe".
"Comme c'est une mission de 2 milliards d'euros et qu'on ne l'a jamais fait, on a décidé d'être vraiment prudents et de se donner un peu de temps pour prendre des risques minimum", a-t-il expliqué. La Russie fournit le lanceur, le module de descente (avec des éléments européens dont les parachutes) et la plateforme d'atterrissage pour ExoMars, tandis que le robot, baptisé Rosalind Franklin, est européen. Il comporte une foreuse et un laboratoire miniature de recherche.
Des ingénieurs travaillent sur le robot Rosalind Franklin de la mission ExoMars à Stevenage, au nord de Londres. |
L'ESA avait reconnu en août 2019 l'existence de problèmes persistants sur l'indispensable système de parachutes de la mission, faisant déjà craindre un report. Après des avaries en mai et août 2019 sur les parachutes, six nouveaux tests réussis ont été faits dans les mois suivants, et deux autres sont prévus fin mars et début avril aux États-Unis, selon l'ESA.
"Déçus"
Hormis les parachutes, "tout le matériel de vol nécessaire a été intégré" à la fusée russe Proton et le robot a "récemment passé les deniers tests en France", ont ajouté les deux agences spatiales jeudi 12 mars. Mars a une atmosphère très ténue et le système de freinage des atterrisseurs doit être performant. Jusqu'à présent les États-Unis sont le seul pays à être parvenu à faire fonctionner avec succès des robots sur Mars.
En octobre 2016, dans le cadre du premier volet de la mission ExoMars, l'Europe avait échoué à poser un démonstrateur d'atterrissage nommé Schiaparelli. À la suite à d'informations contradictoires ayant induit en erreur le logiciel de bord, l'engin s'était écrasé à la surface de la planète rouge après une chute libre à grande vitesse. En revanche, la sonde européenne TGO avait été placée avec succès en orbite.
"ExoMars sera la première mission à chercher des signes de vie à des profondeurs allant jusqu'à deux mètres sous la surface martienne, où les signatures biologiques de vie peuvent être particulièrement bien préservées", ont souligné Roskosmos et l'ESA. "On est déçus. Tout le monde a fait des erreurs, les Européens, les Russes... C'est un travail d'équipe donc il faut continuer à travailler ensemble pour remonter la montagne d'ExoMars 2022", a résumé pour sa part François Spoto.
AFP/VNA/CVN