Les sourds et malentendants de Hanoi connaissent tous Lê Thanh Hoa. Cette jeune femme de 25 ans est vice-présidente du Club de langue des signes de Hanoi et fondatrice du Centre de formation et de recherche de langue des signes. Son souhait : aider les sourds et malentendants à s’intégrer à la société. Mais qu’est-ce qui la motive réellement ?
Lê Thanh Hoa consacre son temps au travail de consultation psychologique pour les enfants sourds et malentendants. |
Dès ses années estudiantines à l’École supérieure de l’économie nationale, Lê Thanh Hoa participe activement aux projets caritatifs organisés par son établissement. De ces expériences, elle perçoit sa volonté de prendre part aux activités philanthropiques pour mieux aider les malheureux. Elle prend vent par hasard de l’existence d’un cours de formation en langue des signes des sourds et malentendants - un projet d’une organisation non gouvernementale suédoise - auquel elle s’inscrit. Désormais, les notions telles : «une langue propre aux sourds et malentendants», «langue des signes gestuels» ou encore «causer, chanter avec les mains» n’ont plus aucuns secrets pour cette jeune hanoïenne.
Aider les sourds à s’intégrer à la société
En fréquentant les sourds et malentendants, Lê Thanh Hoa comprend mieux que quiconque les contraintes que doivent supporter ces derniers dans leur quotidien. «Leur handicap fait que les sourds et malentendants sont fermés. Ils vivent à l’écart de la société. Ce qui m’incite à chercher une solution pour les aider à s’intégrer à la société», déclare Lê Thanh Hoa. Depuis, elle est déterminée à apprendre parfaitement la langue des signes, à communiquer efficacement avec les sourds et malentendants. «Apprendre la langue des signes est comme apprendre une langue étrangère. La meilleure méthode ne consiste pas à faire du par cœur pour les +mots+, mais de +communiquer+ le plus possible avec les enseignants, camarades», dit-elle.
Volontaire au Club de langue des signes de Hanoi, Lê Thanh Hoa y a été élue vice-présidente. Dans le cadre de ce club, Lê Thanh Hoa a pris de nombreuses initiatives originales pour varier les sources d’informations disponibles pour les sourds et malentendants. Elle a proposé d’adapter un documentaire relatif à la culture et à l’histoire de Hanoi à ce public un peu particulier. C’est d’ailleurs elle qui joue le rôle de présentatrice de ce document spécial. Le documentaire est sorti sous forme de DVD et est utilisé comme outil pédagogique dans des écoles spécialisées. Il est également disponible en ligne sur Youtube et Facebook.
Le pays compte 2,6 millions de sourds et malentendants qui communiquent avec la langue des signes. |
Avec ses camarades au club, Lê Thanh Hoa a ouvert un cours de formation de langue des signes ouvert à tous. «Au début, notre cours rencontraient maintes difficultés», se souvient-elle. Les fondateurs du cours ont dû payer de leur poche le loyer de la salle de classe, le salaire de l’enseignant et la présentation du cours au public... Mais le jeu en valait la chandelle, puisque grâce aux efforts et à la persévérance de Hoa et ses camarades, le cours a attiré de plus en plus d’élèves - sourds, malentendants, mais aussi des gens de différentes tranches d’âge.
Suite à ce cours spécial, de nombreux sourds et malentendants peuvent désormais communiquer avec leurs proches, camarades, voire trouver un emploi pour gagner de quoi être indépendants financièrement parlant.
Ces premiers résultats du cours de formation de langue des signes ont inspiré Lê Thanh Hoa, qui a décidé de fonder le Centre de formation et de recherche de langue des signes à Hanoi, en septembre 2011. L’établissement propose depuis des cours tous les lundis et mercredis soirs, avec une trentaine de participants. Les handicapés sont bien entendu dispensés des frais de formation. Fait surprenant au premier abord : 80% des élèves sont des gens «normaux».
Le centre organise chaque mois un échange avec des sourds et malentendants. C’est l’occasion pour les élèves de mettre en pratique ce qu’ils ont appris, de mieux comprendre le quotidien de ces handicapés et la signification de l’apprentissage de cette langue spéciale. Jusqu’à présent, plus d’un millier personnes ont appris la langue des signes en ce lieu.
Cours de langue des signes ouvert à tous
Actuellement, le centre propose des cours à cinq adresses différentes de la ville. La fondatrice de l’établissement cherche toujours à atteindre son objectif de généraliser le langage des signes dans la société. «En effet, plus une personne connaît cette langue, plus les sourds et malentendants ont un ami qui peut les comprendre et partager avec eux», dit Lê Thanh Hoa.
Outre le Centre de formation et de recherche de langue des signes et le Club de langue des signes de Hanoi, Lê Thanh Hoa n’omet pas les travaux de charité. Chaque semaine, elle se rend deux ou trois fois au Centre Nghi luc sông (Énergie vitale) - une entreprise sociale spécialisée dans l’assistance aux handicapés pour leur intégration sociale - pour aider les handicapés du centre à préparer leur repas. Elle consacre également son temps au travail de consultation psychologique pour les enfants sourds et malentendants. Femme de cœur, Lê Thanh Hoa poursuit ses activités caritatives pour une société meilleure.
Hoàng Hoa/CVN