Cérémonie de cloture de l’année scolaire et de remise de diplômes aux licenciés à l’École supérieure normale de Hanoi. |
La «croisade» sur la réforme de l’enseignement universitaire, période 2010-2012, a entraîné des changements positifs, en terme de volonté d’évoluer, parmi le corps enseignant et les étudiants des écoles supérieures et des universités. C’est ce qu’a estimé le vice-ministre de l’Éducation et de la Formation, Bùi Van Ga, lors d’une conférence tenue mi-septembre destinée à faire le bilan des trois ans d’exécution de la directive 296/CT-TTg du Premier ministre Nguyên Tân Dung et du programme d’action du ministère de l’Éducation et de la Formation (MEF) sur la réforme de l’enseignement universitaire. «Cette évolution a contribué à élever la qualité de la formation au service du développement socio-économique du pays», a-t-il insisté.
Pour Bùi Anh Tuân, directeur du Département de l’enseignement universitaire du MEF, ce ministère a déployé certains projets de fond, dont la révision des normes du système d’enseignement universitaire d’ici à 2020, le rajustement de la planification éducationnelle dans les écoles supérieures et universités, période 2006-2020, et l’établissement de la Stratégie de développement de l’éducation, période 2011-2020. Sans oublier le projet de réforme radicale de l’éducation nationale d’ici à 2020 (qui a été discuté lors du 8e plénum du Comité central du Parti communiste vietnamien, tenu du 30 septembre au 9 octobre à Hanoi). «De surcroît, la mise en vigueur de la loi sur l’enseignement universitaire a créé un couloir juridique pour le développement de l’enseignement universitaire», a-t-il ajouté.
Des chiffres décourageants
Ces trois dernières années, à côté d’avancées certaines, le réseau des écoles supérieures et universités a témoigné encore d’un certain nombre de faiblesses. Des enquêtes réalisées dans 87 écoles sont à ce titre révélatrices : sept entre elles n’ont pas un corps d’enseignements suffisant (moins de 50 enseignants) ; beaucoup d’autres possèdent un ratio étudiants/enseignement trop élevé; 108 filières de ces écoles ont un contingent d’enseignants sans docteurs ; 120 autres ont un nombre insuffisant de docteurs et d’agrégés... À cela viennent s’ajouter un surplus d’étudiants, des erreurs d’alliance dans la formation entre écoles, et surtout l’absence de mesures efficaces pour élever la qualité de la formation.
Au Vietnam, beaucoup de bacheliers cherchent par tous les moyens à entrer dans une école supérieure sans but professionnel précis. Une fois diplômés, nombre d’entre eux se retrouvent à exercer un métier qui n’a rien à voir avec leur formation. «C’est vraiment un triple gaspillage : au niveau de l’école, de la famille qui a dû investir, et de l’étudiant qui a consacré beaucoup d’efforts», a déploré le professeur Pham Minh Hac, ex-ministre de l’Éducation et de la Formation. Un gros effort d’orientation est donc à entreprendre, et ce dès le collège.
Supprimer les filières inutiles
Des bacheliers au concours d’entrée de l’École supérieure normale de Hô Chi Minh-Ville en juillet dernier. |
Photo : Phuong Vy/VNA/CVN |
Selon Bùi Anh Tuân, «si la croissance du secteur était basée auparavant sur la quantité (des étudiants), elle mettra désormais l’accent sur la qualité et l’efficacité». Concrètement, l’objectif de 450 étudiants pour 10.000 habitants sera réduit à 256 étudiants.
Pour remédier au trop grand nombre d’étudiants dans certaines filières , notamment l’économie, la finance, la banque, la comptabilité, l’audit…, dès l’année scolaire 2012-2013, le nombre de candidats recrutés dans ces secteurs a connu une diminution de 10%.
En vertu d’une décision du MEF, fin 2012, 160 filières ont été retirées du cursus des écoles supérieures et universités. Environ 2.000 autres sont examinées dans tous les établissements universitaires du pays.
«Avec comme devise +la formation humaine doit précéder le développement économique+, le MEF a mis en place un projet de formation professionnelle spécifique au profit de certains secteurs d’activités d’avenir», a ajouté Bùi Anh Tuân. Et de citer sept écoles supérieures qui seront choisies pour former des ingénieurs spécialisés dans l’énergie atomique au service de la centrale nucléaire en cours de construction à Ninh Thuân.
Vers des «universités d’excellence»
Afin d’améliorer la qualité de la formation universitaire, le MEF accorde une attention particulière à la formation des chargés de cours, avec un programme de formation de 23.000 docteurs. Objectif : porter le taux de docteurs parmi le corps enseignant de 10% à 23%.
«Mettre en place des programmes universitaires de standard international et des écoles supérieures de niveau international et régional est le but final de la stratégie de développement du MEF», a affirmé le vice-ministre Bùi Van Ga. Pour le moment, 35 programmes de formation d’ingénieurs qualifiés selon les critères internationaux sont réalisés dans de diverses écoles. Déjà, quatre écoles supérieures sont autorisées à fonctionner selon le modèle dit des «universités d’excellence» (avec un cursus de standard international). À savoir l’université Viêt Duc (avec un partenaire allemand), celle des sciences et des technologies de Hanoi (partenaire français), et les deux restantes qui vont s’établir à Dà Nang (partenaire japonais) et à Cân Tho (partenaire américain).
Qu’est ce qu’une «ressource humaine de qualité» ?
La «ressource humaine de qualité» est le fruit direct de l’enseignement universitaire. La qualité de l’enseignement universitaire ne se traduit pas par le nombre annuel de diplômés, mais par la capacité de ceux-ci de satisfaire ou non à la demande du marché de l’emploi.
Nghia Dàn /CVN