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Ces travaux, dont les résultats ont été publiés lundi 28 décembre aux États-Unis, permettent de clore un débat récurrent entre scientifiques, dont une partie estimait que le passage d'un mode de vie chasseur-cueilleur à l'agriculture et ensuite au travail du bronze, dans les îles Britanniques, était le résultat d'une adaptation locale.
L'étude publiée lundi 28 décembre montre que l'évolution vers l'agriculture et le travail du bronze s'est faite sous l'influence de nouveaux groupes d'individus venus du Proche-Orient et d'Europe orientale.
La côte de Portbradden en Irlande du Nord. |
Ces chercheurs ont séquencé le génome d’une des premières cultivatrices qui vivait il y a environ 5.200 ans près de l'endroit où se trouve aujourd'hui Belfast et ceux de trois hommes contemporains de l’âge du Bronze qui remonte à 4.000 ans.
Les modifications culturelles profondes consécutives à ces apports génétiques massifs sont peut-être aussi à l’origine des langues celtiques occidentales, estiment les auteurs de ces travaux parus dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS) qui répondent à des questions clef sur les origines des Irlandais et de leur culture.
"Une grande vague de modifications des génomes s’est produite et a balayé l’Europe depuis le nord de la mer Noire jusqu’à l’Europe de l’âge du Bronze et nous savons maintenant qu’elle s’est déployée jusqu'aux rives des îles les plus à l'ouest du continent", explique Dan Bradley, professeur de génétique au Trinity College à Dublin, le principal auteur de l'étude.
"L'ampleur de ces bouleversements génétiques fait aussi naître la possibilité d’autres modifications, voire même l’introduction de langues ancestrales desquelles seraient nées les langues celtiques", ajoute-t-il.
"Nous estimons que la femme néolithique vieille de 5.200 ans dont nous avons séquencé le génome - à partir d'ossements - avait à 60% des origines du Proche-Orient", la région où est née l'agriculture il y a environ dix mille ans, précise aussi ce chercheur dans un courriel.
Cheveux noirs, yeux marrons
Elle avait probablement des cheveux noirs, des yeux marrons et ressemblait davantage à une européenne méridionale.
En revanche, les trois hommes plus récents datant de l'âge du bronze, dont les restes ont été mis au jour dans l'île de Rathlin au large des côtes irlandaises, avaient à 30% des ancêtres venus du Nord de la Mer Noire dans une région s'étendant entre l'Ukraine et la Russie d'aujourd'hui.
Leur chromosome Y présentait les caractéristiques fréquentes parmi les Irlandais, des caractéristiques génétiques donnant des yeux bleus, ainsi que la plus importante mutation (C282Y) d'un gène qui provoque l’hémochromatose, une maladie héréditaire assez fréquente au sein des populations d’origine celtique. L'hémochromatose provoque une accumulation progressive de fer dans différents tissus de l'organisme.
"L’affinité entre les génomes des trois hommes de l'âge de bronze et ceux des Irlandais, des Ecossais et des Gallois modernes est très forte, suggérant l'acquisition de traits génétiques majeurs dans le génome celtique insulaire il y a 4.000 ans", souligne Lara Cassidy, l'un des auteurs, également professeur de génétique au Trinity College.
Le génome irlandais se situe au croisement de plusieurs branches génétiques européennes, précisent les chercheurs.
Selon une autre recherche publiée en mai 2015 dans la revue britannique Nature, la majorité de la population masculine européenne descendrait d'un tout petit groupe d'hommes ayant vécu il y a 2.000 à 4.000 ans et appartenaient à dix-sept populations différentes issues d'Europe et du Moyen-Orient.
Ces chercheurs ont découvert que 64% des chromosomes Y des individus de l'échantillon étudié provenaient de trois lignages paternels récents : trois hommes ayant probablement vécu durant l'Âge du Bronze.