Nguyên Quang Hiên présente un numéro d’équilibriste devant un public émerveillé. |
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Nguyên Quang Hiên est né à Hô Chi Minh-Ville dans une famille où aucun membre ne pratique les arts martiaux. Pourtant, à l’âge de huit ans, Hiên s’est pris de passion pour les sports de combat et s’est inscrit dans un club local de Vovinam. En 1997, après le décès de sa mère, son père a dû nourrir la famille avec son métier de xe ôm (moto-taxi). Pour l’aider, il est devenu agent de sécurité et, malgré les conditions difficiles, n’a pas tiré un trait sur sa passion.
Endurcir le corps et l’esprit
«Un jour, confie-t-il, j’ai eu une révélation en assistant au spectacle d’une troupe chinoise de kung fu. J’ai été particulièrement impressionné par le numéro où les gars se frappent la tête avec une barre de fer jusqu’à ce que cette dernière se casse en deux. Là je me suis dis : +c’est ça que je veux faire !+».
Hiên a commencé l’entraînement... dès le lendemain. Au début, il a utilisé un bâton de la grosseur du bras, et s’est frappé la tête, au début doucement puis de plus en plus fort, afin de s’habituer à supporter la douleur.
Hiên montre son talent lors du concours télévisé «Vietnam’s got talent» 2013. |
Kiênthuc/CVN |
Plus tard, il a ficelé une centaine de tiges de rotin pour en faire un paquet, et s’en est servi comme pushing ball. Poings, bras, tête... tout y est passé. Pour travailler l’endurcissement physique mais aussi psychologique. Car la performance physique ne vient pas uniquement de la force musculaire. L’esprit aussi doit être endurci.
Le lendemain, il s’est retrouvé avec de nombreux hématomes. Il a dû arrêter l’entraînement et prendre des médicaments pendant un mois.
Au fil des entraînements - et des blessures -, sa tête s’est habituée aux coups. Dire qu’il a «la tête dure» n’est pas un vain mot.
Après plusieurs années d’entraînement, Hiên a donné son premier show en 2005 à Hô Chi Minh-Ville. Comme entrée en matière, il a cassé avec la tête 60 briques en 45 secondes.
Ensuite, il a fracassé des piles de briques. Autant d’exploits souvent réalisés avec les mains mais rarement avec la tête. Cette partie de son corps, Hiên la bichonne. Trois fois par mois, il se la rase. Car selon lui, la tête doit rester chauve. «Ma tête n’est pas en fer ou en cuivre, et plus d’une fois elle a été écorchée. Une tête sans cheveux cicatrise mieux», explique-t-il.
Son père lui a plus d’une fois conseillé d’abandonner ses exploits. Car, selon lui, ce n’est qu’une passion, elle ne nourrit pas son homme et en plus elle peut s’avérer dangereuse pour la santé. «Mais après quelques journées d’arrêt, la fièvre me reprenait. Impossible d’y échapper. C’est une passion, elle fait partie de moi maintenant».
Une fois la tête endurcie, il a commencé à entraîner les parties molles... En 2007, au Festival des fleurs de Dà Lat, il a réalisé l’exploit de pousser sur 80 m un camion de 7 tonnes. Petit détail : il a utilisé une pique dont l’extrémité pointue était posé sur sa gorge. Ensuite, il a poussé de la tête un camion de 2,5 tonnes chargé de 50 personnes. Après, beaucoup de curieux sont venus examiner de près son crâne et son cou pour vérifier leur état !
Et des incidents
Mais certains spectacles ne se passent pas aussi bien. Une fois, il a bien failli y laisser sa peau. Il était allongé sous une planche de bois et une voiture devait lui passer dessus. Le véhicule est monté sur la planche puis s’est arrêté. Le public s’est mis à applaudir. Cinq minutes plus tard, la voiture s’est retirée et Hiên est apparu sans connaissance. «Quand le minibus m’est monté dessus, son poids m’a empêché de respirer, confie-t-il en riant. J’accepte de faire tout ce qui est le plus original et le plus dangereux. Et j’en accepte toutes les conséquences. C’est juste l’amour de l’art».
Hiên montre son talent lors du concours télévisé «Vietnam’s got talent» 2013. |
En 2010, Hiên a présenté son numéro de lever de seaux d’eau avec les paupières. Il utilise pour cela deux chaînettes terminées par des hameçons accrochés à ses paupières. Au bout des chaînettes pendent deux seaux de 4,5 kg. Les paupières, et plus largement les yeux, sont très sensibles. Durant des nuits, ses paupières gonflées et douloureuses l’ont empêché de fermer les yeux. Mais pas question d’abandonner...
Pour Hiên, la force réside moins dans les muscles que dans l’esprit. Fort psychologiquement, très exigeant avec lui-même, Hiên l’est certainement. Mais dans la vie quotidienne, il se révèle doux et sentimental, amical et modeste avec tout le monde. Un vrai colosse au coeur tendre.
Phong Delon/CVN