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Photographie prise le 15 novembre à Paris d'une feuille de laurier en or destinée à la couronne portée par Napoléon lors de son sacre en 1804 et adjugée, le 19 novembre, à 625.000 euros. |
La fragile feuille de laurier en or, pesant seulement dix grammes et de 9,2 sur 2,5 cm, était destinée à la couronne portée par Napoléon Bonaparte lors de son sacre en 1804.
Elle a été adjugée pour 625.000 euros (frais inclus), soit plus de quatre fois l'estimation maximale (l'œuvre était estimée entre 100.000 et 150.000 euros), lors d'une vente d'objets napoléoniens organisée à Fontainebleau par la maison de ventes Osenat.
L'acquéreur est un collectionneur étranger, a précisé Osenat à l'AFP, sans dévoiler son identité ni sa nationalité.
La maison de ventes a fait état d'un grand succès pour ces enchères, avec un grand nombre de participants français et étrangers présents dans la salle ou par internet.
La feuille, d'une facture remarquable avec ses nervures ciselées, avait été "conservée dans la descendance de l'orfèvre jusqu'à nos jours", selon Osenat.
Son destin est tout à fait singulier. La couronne en or dont elle est issue, et qui ceint le front de l'empereur dans "Le sacre de Napoléon", célèbre tableau de David, avait été jugée trop lourde par le monarque lors d'un essayage.
L'orfèvre, Martin Guillaume Biennais, avait alors retiré six grandes feuilles qu'il avait données à chacune de ses filles. C'est l'une de ces feuilles que se sont disputés les enchérisseurs à Fontainebleau.
Personnage adulé ou honni
Composée de 44 grandes feuilles, de 42 graines mobiles et de douze feuilles plus petites, la couronne impériale a été fondue pendant la Restauration avec les autres "regalia" (c'est-à-dire les insignes du pouvoir) créées pour Napoléon (sceptre, main de justice, globe).
La trace des cinq autres feuilles retirées avant le sacre s'est perdue. Une autre grande feuille, portée durant le sacre mais qui s'était détachée de la couronne en 1805, a été vendue dans les années 1980 pour 80.000 francs (hors frais), et fait désormais partie des collections du Musée national de Fontainebleau.
Environ 400 oeuvres ont été dispersées ce dimanche à Fontainebleau, dont une "boîte à rouge" (un coffret à fard en bois, nacre et décor d'abeilles et de fleurettes en or gravé) de l'impératrice Joséphine, également confectionnée par Biennais et qui a atteint 156.250 euros, alors qu'elle était estimée entre 40.000 et 50.000 euros.
Une toilette de table de l'impératrice Jospéhine (un petit meuble rectangulaire surmonté d'un miroir, en frêne orné de filets d'ébène), toujours signée Biennais et estimée entre 30.000 et 50.000 euros, a été adjugé pour 100.000 euros.
Osenat a également fait savoir qu'une autre création de Biennais, un coffret nécessaire pour homme de forme ovale, en ébène entièrement orné de plaques d'argent gravées et incrustées, a été préempté par les musées nationaux pour le Musée du Louvre, pour un montant de 58.750 euros.
Certains collectionneurs sont prêts à débourser des sommes encore plus considérables pour s'offrir un objet ayant appartenu à Napoléon Bonaparte, un personnage historique qui ne laisse personne indifférent, certains adulant un grand stratège militaire et un réformateur visionnaire, à qui l'ont doit des institutions comme les lycées et le baccalauréat, le code civil, ou la Banque de France, d'autres honnissant un dictateur qui a plongé la France et l'Europe dans une succession de guerres.
Il y a trois ans presque jour pour jour, le roi du poulet sud-coréen Kim Hong-Kuk, fondateur et président du géant agro-alimentaire Harim, avait ainsi dépensé sans compter pour s'offrir un souvenir de l'Empereur des Français.
Il avait payé 1.884.000 euros (frais inclus) l'un des dix-neuf bicornes authentifiés de l'empereur, et avait expliqué à l'époque à l'AFP qu'il le considérait comme un mentor pour les hommes d'affaires modernes, du fait de son "esprit indomptable".