Jo Nesbo, le Norvégien qui fait frissonner les lecteurs de romans noirs

Voir le monde à travers les yeux d'une femme est "toujours plus inquiétant", affirme l'écrivain star de polars Jo Nesbo, de retour avec un nouveau thriller "La soif" (Gallimard), dans lequel des femmes inscrites sur des sites de rencontres meurent dans d'atroces circonstances.

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L'auteur norvégien Jo Nesbo, le 19 octobre 2012 lors d'une visite à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Norvégien qui a vendu plus de 34 millions de livres dans le monde ne veut pas faire des femmes systématiquement des victimes. "Mais, comme je dis dans le roman, si les hommes risquent plus d'être assassinés, ce sont toutefois les femmes qui se sentent le plus vulnérables sur le plan émotionnel", souligne-t-il lors d'un entretien à l'AFP à Paris.

"En tant qu'homme, quand vous marchez derrière une femme dans un parc et qu'elle hâte le pas, vous vous rendez compte qu'elle a peur de vous. Je trouve ça épouvantable qu'une femme puisse être effrayée en marchant dans un parc."

Pour ce nouveau polar, Joe Nesbo se lance sur les traces d'un vampire des temps modernes et retrouve pour la 11e fois son personnage fétiche, l'inspecteur Harry Hole, incarné à l'écran par Michael Fassbender dans Le bonhomme de neige, sorti récemment aux États-Unis et en salles fin novembre en France.

Fait rare: dans La soif, l'homme semble libéré de ses démons et coule des jours heureux auprès de sa compagne Rakel. "Il n'a pas beaucoup d'expérience en la matière", plaisante Nesbo. La parenthèse enchantée ne va bien sûr pas durer.

Contrairement à d'autres auteurs nordiques de romans noirs, le Norvégien ne cherche pas le réalisme à tout prix et se montre moins politique que le Suédois Stieg Larsson (Millenium) ou son compatriote Henning Mankell. Son obsession est la question du bien et du mal.

Né en Australie

"Le roman noir me permet de m'interroger sur l'existence du mal et sur la moralité", pointe l'écrivain à succès, qui a été successivement footballeur, journaliste, trader et donne désormais des conférences à l'école de police à Oslo.

Il est également connu dans son pays pour son groupe de rock Di Derre, en vogue dans les années 90. C'est seulement à l'âge de 37 ans qu'il donne naissance à Harry Hole, personnage alcoolique, obsessionnel et vulnérable, dont il a l'idée lors d'un vol longue distance vers l'Australie.

À peine débarqué, il s'enferme dans sa chambre d'hôtel et écrit L'homme chauve-souris (1997) sur le meurtre sauvage d’une Norvégienne à Sydney.

L'inspecteur Harry Hole, de la police d'Oslo, est envoyé sur place pour participer à l'enquête sur ce meurtre qui s'avère le premier d'une longue série. Il va découvrir les dessous de la capitale australienne et se pencher sur ses propres obsessions.

Pour Nesbo, sa vocation et son goût pour les histoires noires remontent à son enfance quand sa mère l'envoyait à la cave chercher des pommes de terre.

"Je savais que je pouvais le faire en 20 secondes mais pendant ce laps de temps, plongé dans le noir, j'avais plus ou moins le temps, dans ma tête, d'écrire une histoire."

"J'ai été attiré très tôt par ces histoires", indique celui qui se dit incapable de regarder un film d'horreur. "Probablement car ce que j'ai en tête pour des romans est bien pire que ce que l'on voit à l'écran." À bon entendeur !


AFP/VNA/CVN

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