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La présentation d'un long-métrage au festival du film de Thessalonique, en Grèce, le 9 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Who is fucking greek cinema ?" : l'intitulé du tract distribué aux festivaliers par les associations du secteur donnait le ton de l'humeur dans leurs rangs.
En cause, une série de coupes dans les financements, mais aussi de mesures désorganisant le soutien à la production, qui laissent en suspens des dizaines de projets, selon Elina Psykou, présidente de l'Union des réalisateurs et producteurs, Espek, forte de 120 membres.
Dernier couac en date, le limogeage par le ministère de la Culture de la directrice du Centre grec du cinéma, Elektra Vernaki, le jour même où s'ouvrait la 58e édition du Festival, qui s'achève dimanche 13 novembre.
Officiellement inexpliquée, cette sanction intervenait juste après la décision de la télévision publique ERT de remplacer par un comité interne composé de seuls employés, la commission chargée de choisir les projets à subventionner, qui comptait auparavant des professionnels reconnus.
Cette décision est pour sa part arrivée trois jours avant l'annonce prévue des projets retenus, alors ajournée sine die.
Le Centre du cinéma et ERT sont les deux piliers du financement des films en Grèce, avec chacun une ligne de crédit d'environ 3 millions d'euros par an.
Retour en arrière
En charge du panorama grec du Festival, qui présente cette année 33 films, Eleni Androutsopoulou juge cette grogne "justifiée".
"Avec la crise, les cinéastes grecs se sont ouverts sur l'étranger, se battent pour décrocher des coproductions, mais il leur faut garantir un financement grec, même minimal, et là, il n'y a aucune visibilité", explique-t-elle.
Pris à partie vendredi 10 novembre par les protestataires lors d'une conférence de presse, le directeur général d'ERT, Vassilis Kostopoulos, est resté évasif sur l'avenir et a revendiqué le monopole du personnel d'ERT sur le choix des films à soutenir "pour garantir une bonne gestion".
L'argument a mis hors de lui le président du Festival, Georges Arvanitis, directeur photo du défunt pape du cinéma grec Théo Angelopoulos.
Ce que fait ERT est exactement "ce que dénoncent les producteurs étrangers, qui se plaignent quand ils veulent travailler en Grèce d'être renvoyés sur des bureaucrates qui ne connaissent rien au cinéma", a-t-il accusé.
En 2010, celui-ci avait bénéficié d'un nouveau souffle, avec le vote d'une loi imposant notamment aux chaînes de télévision de lui reverser 1,5% de leurs chiffres d'affaires.
Dans le même temps, une nouvelle génération de réalisateurs émergeait, dont le plus emblématique, Yorgos Lanthimos, a depuis accumulé les distinctions internationales.