Une école caritative vietnamienne sur la terre de Bouddha

Ni est une bhikkhuni, c’est-à-dire une moniale bouddhiste, qui a décidé de consacrer sa vie aux enfants pauvres de l’Inde. C’est à Bodhgaya, «la Mecque» des bouddhistes, qu’elle a ouvert une école de charité, financée entièrement par des fidèles vietnamiens.

L’école a été construite en 2003 et comptait 45 écoliers au départ. Maintenant, ils sont 700, répartisdans quatre lieux.

Bodhgaya est un village situé à une centaine de kilomètres de Patna dans l’État du Bihar, en Inde. C’est là que Siddharta Gautama a atteint l’illumination et par là même l’état de Bouddha. Pour cette raison, Bodhgaya est considéré comme le «saint des saints» par les bouddhistes du monde entier, et est à ce titre un haut lieu de pèlerinage.

Chaque jour à 08h00, Dilip, 11 ans, arrive avec son cartable à l’école de charité tenue par la bhikkhuni Ni, au village de Bhojwan Tika Bigha, à Bodhgaya. «J’ai beaucoup de chance d’aller à l’école», confie-t-il timidement. Selon les professeurs, il est le meilleur de sa classe, et excelle en maths. Non loin de là, des gamins dépenaillés du même âge courent après les touristes, font la manche du matin au soir pour quelques rupee. À chaque fois qu’un touriste met la main à la poche, des dizaines d’entre eux accourent de tous côtés pour profiter de la manne. «Si vous voulez être généreux, donnez de l’argent à des organisations caritatives», conseille Rajesh Tripathi, guide touristique du voyagiste indien Top Travel & Tour.

Dilip, 11 ans, est le meilleurde sa classe, et excelle en maths.

Les organisations caritatives sont nombreuses à Bodhgaya, et certaines d’entre elles sont financées par de généreux donateurs vietnamiens. Un professeur du village de Sujata, le lieu où Siddharta Gautama accepta un bol de riz au lait de Sujata (*), explique : «Ici les enfants sont très pauvres, la grande majorité ne va pas à l’école et a donc besoin d’apprendre à lire et à écrire».

Une moniale déterminée avec 400 dollars en poche

La moniale Ni, de son vrai nom Trân Thi Cuc, est venue à Bodhgaya afin de créer une école et un centre professionnel caritatifs financés par des milliers de fidèles bouddhistes vietnamiens, vivant au Vietnam ou de la diaspora. «Je suis venue avec cette idée simple en tête : savoir lire et écrire est la clé pour changer la vie de ses enfants», raconte-t-elle.

L’école a été construite en 2003 et comptait 45 écoliers au départ. Maintenant, ils sont 700, répartis dans quatre lieux. L’école du village de Bhojwan enseigne de la 5e à la 10e classes (l’équivalent de la 6e à la seconde en France). L’été dernier, un cinquième lieu a été ouvert le long de la rivière Niranjana, en face du village. «Là-bas, les enfants sont très pauvres et manquent de tout. Le problème, c’est qu’ils doivent traverser la rivière à gué, c’est pourquoi j’espère construire le plus tôt possible un pont», confie Ni. Coût de l’ouvrage : 300.000 dollars.

«Il y a 12 ans, continue-t-elle, je suis arrivé ici avec 400 dollars. À cette époque, il y avait encore plus d’enfants vagabonds que maintenant. Mon premier travail a été de louer des travailleurs pour creuser 22 puits afin que les gens n’aillent plus puiser de l’eau croupie, et ensuite de construire l’école. La seconde étape a été de convaincre professeurs et élèves d’y venir. Et la troisième, de solliciter les dons».

Au fil des années, de plus en plus de Vietnamiens en pèlerinage à Bodhgaya sont venus voir l’école, chacun donnant des dons en fonction de ses moyens (de quelques dollars jusqu’à un millier de dollars). Sans eux, l’école n’aurait jamais pu fonctionner.

L’assistante de Ni renchérit : «L’école ne fonctionne que grâce aux dons des bouddhistes vietnamiens. Plusieurs centaines de milliers de dollars ont été offerts, permettant de construire des infrastructures, de s’occuper des élèves, d’employer des professeurs. Cette école est le fruit d’une immense générosité, d’une immense compassion, et tout cela à deux pas du lieu où Siddharta Gautama lui-même a atteint l’illumination. On n’aurait pu rêver histoire plus belle !».


(*) Petit rappel historico-légendaire : Gautama mena une vie d’ascèse et se consacra à des pratiques méditatives austères, avant de réaliser finalement que ces pratiques ne l’avaient pas mené à une plus grande compréhension des choses. C’est ainsi qu’il accepta un jour un bol de riz au lait des mains d’une jeune fille du village de Bodhgaya, Sujata, mettant ainsi fin à ses mortifications. Il préconisa après la «voie moyenne» qui consiste à nier les excès tout en refusant l’austérité excessive.

Phong delon/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top