Un souffle de vie pour les bébés prématurés

Au Japon, tous les services de réanimation pour nouveau-nés prématurés sont équipés d’un respirateur HFO. Un appareil des plus sophistiqués, conçu et fabriqué par la Sarl Metran, dirigée par Trân Ngoc Phuc, Viêt kiêu.

Une invention qui a valu à ce dernier le «Grand Prix de Création» au 4e concours de respirateurs.

L’efficacité du respirateur HFO (en français ventilateur avec oscillateur à haute fréquence) est telle que l’empereur Akihito a choisi de visiter les locaux de la Sarl Metran lors de sa tournée des meilleures PME (petites et moyennes entreprises) japonaises en juillet 2012. «Il est resté une heure et demi au sein de notre structure», commente avec fierté Trân Ngoc Phuc.

Trân Ngoc Phuc, président du conseil d’administration de la Sarl Metran, spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements sanitaires.

Cet entrepreneur Viêt kiêu de 67 ans est le fondateur et président du conseil d’administration de la Sarl Metran, spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements sanitaires. Installée dans la ville de Kawaguchi, dans la province de Saitama, Metran commence à s’imposer sur le marché de la santé japonais, grâce à ses produits de hautes technologies utilisables tant dans les cliniques et hôpitaux qu’à domicile. «Nombreux sont les équipements de marque Metran qui s’exportent, dont notamment le respirateur HFO spécialement conçu pour les prématurés», constate Trân Ngoc Phuc. Pour lui, Metran doit avant tout sa réputation planétaire à cet appareil dernier cri, «grâce auquel le taux de mortalité chez les bébés prématurés au Japon a considérablement baissé durant la dernière décennie. Il n’est plus aujourd’hui que de 0,3%, soit le taux le plus bas du monde».

Le monopole des HFO

Originaire de la ville de Huê (Centre du Vietnam), Trân Ngoc Phuc s’est expatrié en 1968 pour faire ses études à l’Université de Tokai, au Japon, spécialité industrie chimique. Diplôme d’ingénieur en poche en 1974, il est embauché par une compagnie de recherches spécialisée dans le matériel médical, avant de créer Metran en 1984.

Fort d’un laboratoire moderne, d’une usine sophistiquée et d’un contingent de 35 ingénieurs et ouvriers qualifiés, cette entreprise choisit de se spécialiser sur le respirateur. Au regard du taux de mortalité élevé chez les bébés pesant moins d’un kilo, Trân Ngoc Phuc a l’ambition d’inventer un appareil plus sophistiqué pour multiplier leurs chances de survie. Lui et ses hommes ne comptent plus les jours et les nuits passées dans le labo. Un travail qui paie, aboutissant en 2004 au premier respirateur à oscillateur à haute fréquence de marque Metran.

Aujourd’hui, la quasi-totalité des établissements japonais de secours - réanimation des bébés prématurés du Japon sont équipés de respirateur HFO. Aux 1.400 appareils en fonctionnement au Japon, viennent ajouter 200 autres exportés vers 12 pays.

La Sarl Metran a obtenu plus d’une fois des prix et satisfecit remis par le gouvernement et diverses localités japonaises.

Le président de Metran espère que dans un avenir proche, cet appareil pourra assurer de nouvelles fonctions. «Pour l’heure, l’Université britannique d’Oxford a débuté son programme de test, dans ses dix hôpitaux annexes, du respirateur HFO sur 800 patients frappés par le syndrome de déficience respiratoire ARDS. Les résultats seront publiés dans deux ans. S’ils sont convaincants, cette méthode thérapeutique sera appliquée largement de par le monde», révèle-t-il. Par ailleurs, d’autres études scientifiques sont en cours afin de déterminer s’il est possible d’utiliser le respirateur HFO dans le traitement des victimes d’une éventuelle épidémie de grippe aviaire. Affaire à suivre...

La Sarl Metran a obtenu plus d’une fois des prix et satisfecit remis par le gouvernement et de diverses localités japonaises. Tout récemment, son respirateur HFO s’est vu décerner le «Grand Prix de Création» par le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie. À rappeler qu’en 2007, Metran avait été classée parmi les 300 entreprises les plus prometteuses du Japon.

Rêve d’un retour au Vietnam

Forte de cette réussite, la stratégie à long terme du Pdg de Metran est désormais orientée vers son pays natal, où il souhaite procéder au transfert de technologies : «J’ai l’intention de construire une usine de respirateurs et d’autres équipements médicaux au Vietnam. Mon 2e fils est déjà sur place pour effectuer des préparatifs», confie-t-il. Et de citer ce dernier : «Toi, né au Vietnam, tu est venu t’établir au Japon. Et moi, né au Japon, je veux faire le contraire : rentrer m’établir au Vietnam».

Selon lui, pour ouvrir une usine de hautes technologies, il faut prêter une attention toute particulière à la formation du personnel : «Je veux faire quelque chose de bien pour la jeune génération vietnamienne. Pour l’instant, malgré son dynamisme et un certain talent, elle manque encore de connaissances et compétences professionnelles. Avec mes 30 ans d’ancienneté, je souhaite lui transmettre tout ce que j’ai : cet esprit créateur, cette passion pour le travail, les technologies, et bien sûr mon expérience», lance-t-il. Et de s’amuser : «La retraite n’est pas à l’ordre du jour. Je veux travailler toujours et encore, comme un saumon ne s’arrête jamais de nager pour rejoindre la source du cours d’eau qui l’a vu naître. Sans travail, il sera temps pour moi de pousser mon dernier soupir».

Nghia Dàn/CVN

 

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