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Localisation de Diffa au Niger. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Malheureusement, il y a eu quinze femmes et cinq enfants qui sont décédées (...) dans ce drame regrettable", a déclaré à la télévision publique Issa Lémine, le gouverneur de Diffa, qui a rendu visite aux blessés admis dans des centres de soin de cette ville.
La bousculade a également fait une dizaine de blessés dont de nombreux enfants, selon la télévision.
Selon Issa Lémine, une première distribution "s'est bien terminée" dimanche 16 février à la Maison des jeunes et de la culture (MJC).
Ce lundi matin 17 février, une deuxième opération de ce type devait avoir lieu à "l'arène de lutte traditionnelle" qui "a été sécurisée pour la circonstance" mais les gens se sont plutôt dirigés vers le lieu de la distribution de la veille.
Donc, "très tôt, aux environs de 02h00 (01h00 GMT), les femmes se sont attroupées devant la MJC et à 06h00 (05h00 GMT) quand on a ouvert le portail, il y a eu un mouvement d'ensemble et beaucoup de personnes étaient tombées et ont été piétinées".
"Nous avons un bilan provisoire de 20 morts, essentiellement des femmes et des enfants tués dans une bousculade pendant une opération de distribution de vivres et d'argent à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Diffa", la capitale régionale du Sud-Est du Niger, proche du Nigeria, avait auparavant expliqué un responsable médical.
Des sources humanitaires ont confirmé le nombre des morts et fait état d'une dizaine de blessés.
L'aide était offerte par Babagana Umara Zulum, le gouverneur de l'État nigérian de Borno (Nord-Est du Nigeria), qui est allé lundi 17 février visiter les sites de réfugiés nigériens ayant fui les attaques de Boko Haram et qui sont installés dans plusieurs zones de la région de Diffa depuis 2015.
Ce responsable avait déjà quitté Diffa avant la bousculade, a déclaré un officiel nigérien.
"On distribuait des vivres et de l'argent, à raison de 5.000 nairas (la monnaie nigériane - soit 15 euros) par personne. Il étaient des milliers, en majorité des réfugiés, qui avaient appris la nouvelle de la distribution et qui ont quitté leurs camps, situés parfois à une centaine de kilomètres pour venir à Diffa", a expliqué un habitant.
"Même de simples habitants de Diffa se sont rués pour espérer recevoir l'aide", a témoigné un autre.
"L'information sur la distribution s'était répandue dès les premières heures de la journée et des milliers de personnes ont envahi la cour et les environs de la MJC", a raconté un agent de la municipalité de Diffa qui se trouvait près des lieux du drame.
Du riz, de l'huile, des vêtements et de l'argent devaient être distribués aux réfugiés, a-t-il précisé.
"Piétinés à mort"
"Dès que les premières personnes ont reçu leur ration, la foule compacte a commencé à +bouillir+, les organisateurs ont été vite débordés : hommes, femmes, enfants ont commencé à se presser les uns contre les autres. Les plus faibles sont tombés par terre" et des enfants ont été "piétinés à mort", a affirmé cet agent.
"D'habitude, ce sont des représentants des bénéficiaires qui viennent chercher les aides à Diffa et repartent les redistribuer sur les sites, mais cette fois ce sont les réfugiés eux-mêmes qui ont décidé de parcourir des dizaines de kilomètres pour venir recevoir leur aide", a dit un élu local.
"Très vite, les secours sont arrivés pour évacuer les blessés vers différents centres de soin et pour acheminer les corps à la morgue de l'hôpital de Diffa" proche, selon un journaliste local.
La visite du gouverneur de Borno était la première d'un haut responsable civil nigérian dans la région de Diffa où il s'est rendu à Bosso, Garin-Wazan et Toummour, trois localités qui abritent plus de 100.000 réfugiés du Nigeria, sur un total de 300.000 dans toute la région.
En plus de l'insécurité liée aux attaques régulières de Boko Haram, Diffa est confrontée à de graves inondations provoquées par une crue de la Komadougou Yobé, la rivière qui sépare le Niger du Nigeria, qui ont déjà fait de plus de 20.000 personnes des sans-abri, selon les autorités locales.
Les eaux ont également dévasté des champs de poivrons et de riz, deux piliers de l'économie locale.
Au total, le Niger, un des États les plus pauvres du monde, abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabé) et déplacés internes, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l'ONU qui s'inquiète du manque de fonds pour couvrir tous les besoins.
Certains réfugiés et personnes déplacées vivent au milieu d'une population déjà très pauvre.