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Un data center dans la banlieue de Paris, en février 2019. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour réguler un secteur en pleine croissance et largement dominé par les États-Unis et la Chine, la Commission européenne va présenter un "livre blanc" avec des pistes d'actions.
Après avoir consulté toutes les parties prenantes - entreprises, syndicats, société civile, les gouvernements des 27 États membres -, elle espère faire des propositions législatives à la fin de l'année.
Parmi les sujets sensibles, la reconnaissance faciale de masse. "Ce que j'ai vu à Hong Kong m'a véritablement effrayée", reconnaissait il y a quelques jours devant des journalistes la vice-présidente de la Commission européenne en charge du numérique, Margrethe Vestager.
Lors des manifestations massives contre Pékin, "les gens ont reçu un message sur leur smartphone : "Nous savons que vous êtes là, vous devriez peut-être rentrer chez vous'. Ce n'est pas vraiment un soutien à la liberté de se réunir ou de s'exprimer", a-t-elle déploré.
Mais d'un autre côté, la reconnaissance faciale est déjà largement utilisée dans tout un tas de domaines: pour débloquer son smartphone ou passer rapidement les contrôles dans les aéroports.
Du coup, Mme Vestager se garde bien d'appeler à une interdiction qui nécessiterait le soutien des États membres, et préconise une large réflexion.
L'ex-ministre danoise des Finances, qui est (en plus du numérique) gardienne de la concurrence dans l'UE, a insisté sur le fait qu'il faudrait veiller à ce que toute future réglementation ne bénéficie pas uniquement aux grandes entreprises au détriment des PME.
"Nous allons devoir trouver des moyens pour que de petites firmes ambitieuses qui veulent travailler dans ces domaines puissent effectivement le faire", a-t-elle dit.
Le carburant des données
Les grandes entreprises technologiques américaines ou chinoises telles Facebook ou Tencent sont avant tout connues du grand public qui les utilisent quotidiennement.
L'ambition pour l'Union n'est pas d'avoir un Facebook européen - une bataille déjà perdue - mais plutôt d'être un leader dans l'intelligence artificielle pour les entreprises.
"Si vous voulez avoir votre mot à dire sur des choses que vous considérez comme risquées, alors vous devriez pouvoir le faire vous-même", a-t-elle souligné.
"C'est là que nous avons des atouts (...) parce que nous ne sommes pas du tout en retard en ce moment", a estimé la commissaire. Avec ses grandes entreprises présentes dans tous les secteurs, l'Europe possède une énorme base de données.
Et, comme le répète à l'envi son confrère, le Français Thierry Breton, commissaire européen à l'Industrie, les données sont "le carburant de l'intelligence artificielle". Car c'est grâce à elles que des algorithmes s'entraînent, qu'ils apprennent et déterminent une action.
Autre atout, l'UE est attachée à certaines valeurs éthiques comme elle l'a montré avec le RGDP. Lancé le 25 mai 2018, le "Règlement général sur la protection des données" prévoit des droits renforcés pour les internautes et impose à toute entreprise, sur internet ou non, de demander un "consentement explicite et positif" pour utiliser des données personnelles collectées ou traitées dans l'UE.
Parmi les pistes que la Commission compte présenter mercredi, un système de label volontaire pour les entreprises qui respectent les règles et les valeurs de l'UE en matière d'intelligence artificielle.
"Pacte vert" oblige, elle proposera aussi une initiative visant à rendre les centres de données plus efficaces sur le plan énergétique et à les rendre neutres en carbone d'ici 2030.
AFP/VNA/CVN