Une coopération renforcée dans la formation en physique nucléaire

Lors de sa mission au Vietnam, Philippe Quentin, professeur de l'Université Bordeaux 1, responsable du Master de Bordeaux 1 "Sciences nucléaires et Applications", délocalisé à l’École supérieure des sciences naturelles (Université nationale de Hanoi), a accordé une interview au Courrier du Vietnam.

Quel est l'objectif de votre mission au Vietnam ?

Comme responsable d'un Master (première et deuxième année avec crédits européens) de mon université (l'Université Bordeaux 1) délocalisé à l’École supérieure des sciences naturelles (appartenant à l'Université nationale du Vietnam à Hanoi), je suis ici tout d'abord pour donner des cours (physique nucléaire et mécanique quantique), travailler avec les enseignants locaux et rencontrer individuellement les étudiants pour assurer leur suivi et la mise en place de leurs stages ou d'éventuels travaux de thèse. Mais par ailleurs, je prends des contacts avec les divers acteurs locaux concernés par le fonctionnement du Master et potentiellement intéressés par nos étudiants. Ce Master est tout récent puisque nous avons fait la rentrée de la seconde promotion de première année en septembre 2008. C'est un montage notamment financier et institutionnel très délicat qui implique de nombreux partenaires ici et en Europe. Enfin, il n'y a pas d'enseignement supérieur aux standards internationaux sans un minimum de recherche. Aussi, je participe à titre personnel à certains efforts de coopération de recherche dans le domaine qui est le mien (physique nucléaire théorique) et travaille à faciliter les contacts entre collègues intéressés.

Pourriez-vous dresser un bilan de la coopération franco-vietnamienne dans le domaine de la science en général et en physique nucléaire en particulier ? Quel en est l'avenir de la coopération bilatérale ?

Le titre de ce Master est " Sciences nucléaires et Applications ". Il vise à partager notre expérience de l'enseignement et de la recherche dans ce domaine dans un contexte marqué par les décisions du gouvernement vietnamien de développer fortement les applications pacifiques de l'énergie nucléaire dans le domaine de la production d'électricité et de la médecine notamment. Des spécialistes de bon niveau existent au Vietnam, mais en nombre très insuffisant et généralement dans une tranche d'âge qui rend urgent de former dès maintenant de très nombreux spécialistes.

Trois affirmations sont essentielles ici. Tout d'abord, la formation des hommes, par exemple pour le développement des centrales nucléaires, est une condition nécessaire non seulement pour le fonctionnement de ces projets mais même pour leur démarrage. Ensuite, comme presque tout est à faire, il faut agir très vite et très fort. Enfin il faut former des formateurs et ne pas oublier l'accompagnement de tels projets par les aspects les plus fondamentaux de ces disciplines. Il y va de la qualité et de la pérennité d'un développement harmonieux dans ces domaines.

Ceci implique de la part des autorités de ce pays d'envoyer des signaux forts en direction des étudiants qui sont, je le constate, un peu effrayés par les échelles de temps des projets (pas de fonctionnement de la première centrale avant 2010 au mieux). En outre, le niveau de rémunération des spécialistes formés au Vietnam, en Europe ou ailleurs est notoirement insuffisant. Si le Vietnam dans ce domaine, comme dans d'autres domaines scientifiques et techniques avancés, veut atteindre le niveau de développement qu'il est en droit d'espérer, il faut songer à rémunérer les personnels impliqués à un niveau qui rende ces carrières compétitives avec d'autres plus lucratives. C'est une condition absolument incontournable. L'exemple de ce qui se fait en Chine à cet égard me semble fort instructif.

Quels sont les résultats des projets déployés conjointement par le Centre national de la recherche scientifique de France (CNRS) et l'Académie des sciences et des technologies du Vietnam (VAST)?

La recherche universitaire qui s'effectue en France en lien étroit avec le Centre national de la recherche scientifique de France s'effectue pour ce qui concerne les sciences nucléaires au sens large avec 3 partenaires vietnamiens principaux : les Universités (notamment les 2 Universités nationales de Hanoi et Hô Chi Minh-Ville), la Commission de l'énergie atomique du Vietnam (VAEC), l'Académie des sciences et des technologies du Vietnam (VAST).

Le CNRS avait prévu de mettre en place avec ces 3 partenaires un laboratoire international associé (LIA) dans le domaine concerné pour amplifier et asseoir sur une base de temps plus longue les coopérations déjà existantes ou à développer avec ces 3 partenaires. Le VAST, avec qui le CNRS entretient des rapports étroits de longue date, n'a pas souhaité s'associer avec les autres partenaires vietnamiens. Deux LIA vont donc démarrer sous très peu pour couvrir l'ensemble diversifié de nos collaborations de recherche (l'un avec le VAST, l'autre avec les 2 autres partenaires).Via ces LIA, le CNRS par ailleurs soutient la formation initiale (le Master dont il est fait état plus haut) et continue (Écoles thématiques annuelles : la Vietnam School of Physics existe depuis longtemps, une autre a démarré sur les techniques de grille de calcul et 2 autres vont suivre très bientôt sur les accélérateurs de particules et les sciences nucléaires et leurs applications).

Réalisé par Dang Huê/CVN

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