COP23 : la hausse des émissions 2017 met les États sous pression

Les émissions mondiales de CO2 sont reparties à la hausse en 2017, une mauvaise nouvelle pour le climat et la communauté internationale réunie pour la seconde semaine de négociations climatiques à Bonn.

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Une centrale thermique à charbon dans l'Utah aux États-Unis le 9 octobre.
Une centrale thermique à charbon dans l'Utah aux États-Unis le 9 octobre.

Après trois années stables, les émissions liées à l'industrie et à la combustion d'énergies fossiles devraient croître de 2% (entre 0,8 et 2,9%) cette année par rapport à 2016 et atteindre un niveau record, soulignent les chercheurs du Global Carbon Project.

Leur étude vient confirmer les sombres conclusions du dernier rapport de l'agence Environnement de l'ONU (Pnue), qui relevait que le monde ne faisait pas assez pour tenir les objectifs de l'accord de Paris visant à garder le réchauffement planétaire sous 2°C, voire 1,5°C.

Pour y arriver, "il faudrait que les émissions atteignent leur +pic+ ces prochaines années puis diminuent rapidement", rappelle une des auteurs, Corinne Le Quéré, de l'université britannique d'East Anglia, pour qui ces résultats sont "une grande déception".

''Recul pour le genre humain''

À l'origine du boom des émissions, la Chine, qui a vu sa production industrielle bondir. Mais pas seulement. Les États-Unis (où la consommation du charbon a crû pour la première fois en cinq ans face à la cherté du gaz) et l'UE font moins bien que les années précédentes.

"Cette nouvelle est un recul pour le genre humain", a réagi Amy Luers, directrice de Future Earth, plateforme de recherche soutenant le Global Carbon Project. "Nous devons renverser cette tendance. Ce qui signifie en priorité fournir un accès à une énergie propre aux centaines de millions de personnes encore privées d'électricité".

Illustration d'impacts croissants, le dérèglement menace presque deux fois plus de sites naturels du Patrimoine de l'Unesco qu'il y a trois ans, soit un quart d'entre eux (récifs coralliens, glaciers, forêts...), alerte l'Union internationale pour la conservation de la nature.

Avec le réchauffement croissant, la Terre se rapproche de "points de bascule" irrémédiables : fonte de calottes polaires, disparition de glaciers... a prévenu un rapport scientifique remis lundi à l'ONU.

Emissions du CO2.

À Bonn, les délégués négocient les règles d'application de l'accord de Paris (notamment sur la transparence des actions nationales), qui ne seront pas finalisées avant fin 2018 et la COP24. Ils doivent aussi lancer un "dialogue" d'un an pour préparer la révision des engagements climatiques nationaux, présentés par chaque pays avant la COP21.

"Côté négociations, il y a du progrès", a estimé la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa, à mi-parcours. "Côté action, on voit des signaux positifs, mais nous sommes aussi conscients qu'il y a un fossé à combler. Nous devons agir vite".

Mercredi 15 novembre et jeudi 16 novembre la COP sera plus politique. S'exprimeront notamment l'Allemande Angela Merkel, le Français Emmanuel Macron, les président gabonais Ali Bongo, guinéen et de l'Union africaine Alpha Condé, sénégalais Macky Sall, des Premiers ministres, nombre de ministres de l'Environnement et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Qu'en attendre?

L'"effrayant" bilan des émissions 2017 "montre qu'il faut plus que des discours chaleureux", dit Mohamed Adow, dont l'ONG Christian Aid défend les pays vulnérables. "Le charbon doit être abandonné, les (énergies) renouvelables accélérées".

"Dire qu'on reste dans l'accord de Paris, cela ne suffit pas", insiste Teresa Ribera, de l'Institut des relations internationales (Iddri). "Il faut expliquer comment on change les choses, "notre système électrique, les transports en ville+ etc. Il y a beaucoup d'initiatives locales, mais les dirigeants on ne les entend pas".

AFP/VNA/CVN

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