Le train à grande vitesse ICE fabriqué par Siemens et Bombardier, concurrent du TGV français d'Alstom, a effectué la traversée dans la nuit de lundi à mardi, puis il a été présenté en grande pompe dans la gare londonienne de St. Pancras.
"La première étape vers une desserte régulière est franchie", s'est réjoui le patron de Deutsche Bahn, Rüdiger Grube. Il a annoncé qu'à partir de décembre 2013, Deutsche Bahn entendait proposer trois allers-retours quotidiens entre Francfort et Londres, en passant par Cologne, Bruxelles et Lille.
Cette liaison mettrait la capitale financière allemande à cinq heures de la City. "Ce serait un progrès gigantesque pour le transport ferroviaire européen", a indiqué pour sa part le ministre allemand des Transports, Peter Ramsauer. La compagnie allemande veut aussi proposer des liaisons Amsterdam-Londres. Conformément à ce qui était prévu, l'ICE n'a cette fois pas traversé le tunnel par ses propres moyens, mais tracté par une locomotive.
L'ICE n'a en effet "pas été homologué pour cette traversée", selon Deutsche Bahn. La compagnie ne compte pas demander d'homologation pour le modèle actuel, mais pour sa prochaine génération de trains à grande vitesse, déjà commandée à Siemens.
Le train allemand avait emprunté le 13 octobre pour la première fois le tunnel pour des tests à vide. Un exercice d'évacuation avait suivi, dans la nuit de samedi à dimanche. Selon M. Grube, cet exercice a été "très prometteur."
Jusqu'ici, les normes de sécurité portent sur des trains "insécables", d'un seul tenant, pour faciliter l'évacuation. Seuls les trains de 400 m d'Alstom, qui équipent la compagnie Eurostar, remplissent ce cahier des charges, et non les ICE, composé de deux parties de 200 m chacune.
Depuis la mise en service commerciale du tunnel en 1994, Eurostar, filiale à 55% de la SNCF, à 5% de l'opérateur belge SNCB et à 40% du britannique LCR, est donc en situation de monopole.
L'exploitant du tunnel Eurotunnel, qui juge l'infrastructure sous-exploitée, veut attirer d'autres opérateurs. Jusqu'ici seule Deutsche Bahn a osé défier Eurostar et indirectement la SNCF.
Cette première traversée d'un train allemand intervient aussi alors qu'Eurostar a choisi Siemens comme nouveau fournisseur, aux dépens d'Alstom. Les rivales Eurostar et Deutsche Bahn vont donc rouler avec les mêmes trains.
AFP/VNA/CVN