Pour moi, c'est un vrai bonheur de les Khmers connaître désormais la pensée Hô Chi Minh, explique-t-il. À 86 ans, cet homme d'ethnie khmère et natif du delta du Mékong, a une vie de retraité un peu spéciale.
Tous les matins en effet, il rejoint sa table de travail pour se plonger dans son exercice favori : la traduction en khmer d'ouvrages sur la vie et l'œuvre révolutionnaire de Hô Chi Minh. Les étagères de sa modeste maison de la rue Nguyên Van Trôi, à Hô Chi Minh-Ville, regorgent de livres sur ce héros de la nation vietnamienne : ses activités révolutionnaires, ses discours, ses œuvres littéraires, ses poèmes...
Faire connaître la pensée Hô Chi Minh
La pensée Hô Chi Minh étant grandiose et son sacrifice un exemple brillant pour les Vietnamiens, le traducteur veut la faire connaître aux gens d'ethnie khmère, confie Trinh Thoi Cang. Dans les années 1960-1963 où il travaillait pour la Commission des ethnies, il a rencontré plusieurs fois le Président Hô Chi Minh. Une rencontre entre le président et une délégation de représentants d'ethnies minoritaires du Sud dans la capitale l'a particulièrement marquée. Alors qu'il était en train de parler de la nécessité d'une solidarité entre ethnies vietnamiennes, Hô Chi Minh comparait les ethnies, qu'elles soient nombreuses ou peu nombreuses, comme les doigts de la main qui sont plus longs les uns que les autres mais qui ont la même racine qu'est le bras et qui sont nourris par le même sang. Cette comparaison est vraiment belle et intelligible, relève le traducteur khmer.
C'est en 1993 que Trinh Thoi Cang prend sa retraite. Mais loin de lui l'idée de se la couler douce. Depuis longtemps en effet, il est tourmenté par la difficulté qu'ont la plupart de ses amis khmers natifs du delta du Mékong, faute d'une maîtrise suffisante du vietnamien, d'avoir accès à travers la lecture à la quintessence de la pensée Hô Chi Minh. Par chance, une occasion s'est présentée. À cette époque-là, le musée de Hô Chi Minh-Ville venait de publier un recueil intitulé Questions-réponses sur la vie et l'œuvre révolutionnaire du Président Hô Chi Minh, en vietnamien bien sûr. Et il a demandé alors la permission de le traduire en khmer.
Le vieil homme s'attelle immédiatement à la traduction de ce livre, qui devient son passe-temps favori. Chaque jour, il s'y plonge avec délice, travaillant son style de façon à ce que la traduction soit compréhensible pour tous. Un travail qui n'est pas à la portée du premier venu. La langue khmère n'a pas d'accents, c'est pourquoi il est difficile parfois de restituer fidèlement l'idée de l'auteur. Beaucoup de fois il s'est heurté à des mots impossibles à traduire en khmer.
Quand publier s'avère plus difficile que de traduire
Des années se sont écoulées avant que la traduction ne soit achevée. Alors qu'il pensait que la publication allait intervenir rapidement, il s'est heurté aux dures lois de l'édition. Publier son livre s'est avéré beaucoup plus difficile que de le traduire. Il a attendu des années avec comme seule réponse : il faut d'abord que l'ouvrage soit examiné.
Après avoir frappé à la porte de beaucoup d'éditeurs, il a décidé de prendre le problème à bras le corps. Il s'est rendu avec son manuscrit à Soc Trang où vit une grande communauté khmère, puis a été directement à la Radio locale qui passe une émission spéciale dans cette langue. Le manuscrit a été relu par un conseil d'experts qui s'est porté caution de sa qualité. La volonté, l'assiduité et le dévouement de Trinh Thoi Cang ont enfin payé.
Des portes, jusque là fermées, se sont ouvertes. L'Union des Associations de sciences et technologies de Hô Chi Minh-Ville a pris en charge les frais d'impression. L'auteur a reçu... 2 millions de dôngs d'honoraires. Une bien maigre somme, tout juste suffisante pour arroser l'événement, s'amuse-t-il. Ce n'est pas important, sa joie est ailleurs : vois des Khmers feuilletant cet ouvrage et révéler son ambition de traduire d'autres documents relatifs à Hô Chi Minh.
Le traducteur promet, quand les conditions sont réunies, de rédiger un manuel d'apprentissage de la langue khmère pour que ses compatriotes originaires d'autres ethnies puissent découvrir la culture khmère.
Pour le moment, il est plongé dans Hô Chi Minh - Héros du mouvement de libération nationale et éminent homme de culture (Édition de l'Encyclopédie), Vertus révolutionnaires de Hô Chi Minh (Éditions politiques nationales), Testament de l'Oncle Hô - 1969 (Édition de la Jeunesse). Sans oublier Parole du pays rassemblant des phrases célèbres du leader.
Nghia Dàn/CVN