Turquie
Un sommet inédit à Istanbul pour mieux répondre aux crises humanitaires

Des dirigeants et ONG du monde entier se réunissent le 23 mai à Istanbul pour un sommet inédit, parrainé par l'ONU, visant à améliorer la manière globale de répondre aux crises humanitaires provoquées par les conflits et le réchauffement climatique.

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Avec environ 60 millions de déplacés et 125 millions de personnes ayant besoin d'assistance dans le monde, de nombreux acteurs du secteur, États, organisations non gouvernementales et entreprises, estiment que le système humanitaire actuel est à bout de souffle et a besoin d'être repensé d'urgence.

Mais les près de 6.000 participants attendus, dont plus de 60 chefs d'État et de gouvernement, devront surmonter le scepticisme ambiant. Anticipant une "déclaration de bonnes intentions" et aucune avancée concrète, l'influente ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé qu'elle ne participerait pas au sommet.

Conférence de presse avant le sommet d'Istanbul, le 22 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des rencontres bilatérales en marge de l'événement sont également attendues : la chancelière allemande Angela Merkel a fait savoir qu'elle évoquerait l'état de la démocratie en Turquie avec le président Recep Tayyip Erdogan le 23 mai.

Convoqué par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le sommet de deux jours veut engendrer une série "d'actions et d'engagements concrets" pour aider les pays à mieux se préparer à affronter les crises, définir une nouvelle approche pour gérer les déplacements forcés et garantir des sources de financement fiables pour y répondre.

"Il s'agit d'une opportunité unique de mettre en place un programme ambitieux et de long terme afin de changer la façon dont nous apaisons et prévenons les souffrances des plus vulnérables de ce monde", a déclaré le 22 mai à la presse le sous-secrétaire de l'ONU aux Affaires humanitaires, Stephen O'Brien.

"Pratiques quasi moyenâgeuses"

Pour le vice-secrétaire général des Nations unies, Jan Eliasson, il faut s'attaquer aux "causes profondes" de ces crises issues des conflits et du réchauffement climatique. "Nous devons fournir beaucoup plus d'efforts pour prévenir les conflits et faire en sorte d'être prêts lorsque les crises frappent", a-t-il souligné le 22 mai.

Le choix d'Istanbul pour accueillir ce sommet inédit est aussi symbolique que controversé. La Turquie accueille 2,7 millions de Syriens, mais plusieurs ONG accusent ses autorités, qui démentent, de renvoyer des Syriens dans leur pays en guerre.

Plusieurs conflits dans la région, notamment en Syrie, où plusieurs cas de civils morts de faim dans des villes assiégées ont été rapportés, illustrent de manière criante les limites du système humanitaire actuel.

Dénonçant des "pratiques quasi moyenâgeuses", M. Eliasson a souligné le 22 mai que le sommet devait lancer "un appel fort" au respect du droit international humanitaire, mis à mal par les attaques contre des écoles et des hôpitaux.

L'ONG MSF, dont 75 hôpitaux ont été attaqués l'année dernière, a indiqué qu'elle boycotterait le sommet en raison du manque d'initiatives concrètes pour mettre fin aux "graves restrictions mises en places par certains États" en termes d'accès humanitaire.

Le système humanitaire actuel est trop "bureaucratique et allergique au risque", a dit Sandrine Tiller, de MSF, pour qui le Sommet humanitaire mondial risque de ne rien changer à la situation des personnes affectées par les conflits en Syrie ou au Yémen.

Malgré tout, les participants, dont de nombreuses ONG de petite ou moyenne taille en première ligne des crises humanitaires, espèrent que le sommet impulsera au moins un élan dans la bonne direction.

Il faut que le sommet d'Istanbul soit une "étape majeure", a dit Kerem Kinik, dirigeant du Croissant rouge turc, en fixant des objectifs de développement et en consolidant le système de financements.

"Les attentes concernant le sommet ont progressivement diminué", a déclaré Rob Williams, de l'ONG War Child. Mais, a-t-il ajouté, "nous avons toujours le sentiment qu'il y a beaucoup de bonne volonté".

AFP/VNA/CVN

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