Des milliers de balles en plastique redonnent vie aux entrailles de Washington

Agrippées les unes aux autres par du velcro, légères et translucides, elles forment des grosses briques : 650.000 balles en plastique éclairent pour un mois les couloirs froids et gris d’une ancienne station de tramway souterraine, en plein cœur de Washington.

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Exposition «Raise/Raze» présentée par Dupont Underground dans une ancienne station de tramway souterraine de Washington, le 4 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Recyclées d’une autre exposition, ces balles engagent aussi les visiteurs dans une œuvre interactive et éphémère, présentée du 30 avril au 1er juin.

«On est invité à construire sa propre œuvre et à la rendre interactive» c’est-à-dire manipulable par les visiteurs suivants, explique Holly Joseph, venue de la banlieue Nord-Ouest ajouter sa brique à l’installation.

En surface, le carrefour Dupont Circle est très animé : bars, restaurants et marché en plein air attirent hipsters et touristes, nombreux à visiter le musée voisin de la Phillips Collection, partenaire du projet.

En souterrain, un dédale plus ou moins obscur de près de 7.000 mètres carrés de tunnels, plateformes et pièces sans fenêtres, dont 1.300 vont être dédiés à l’art contemporain, l’architecture et d’autres événements éducatifs ou marketing.

«Le National Building Museum nous a donné les balles de leur installation +Beach+ de l’an dernier et nous avons lancé un concours de design pour leur trouver une nouvelle fonction», explique Craig Cook, le directeur artistique du projet piloté par l’association Dupont Underground. Quelque 153 candidats de 19 pays ont postulé.

Sur les rails de tramway encore visibles, les architectes Josh de Sousa et Nancy Hou, lauréats du concours, ont empilé des briques en demi-cercle ou en immenses colonnes. Laissant l’espace central à disposition des visiteurs pour qu’ils puissent y fabriquer l’œuvre de leur choix.

Grand visage sur le mur, palais princiers ou arc de triomphe, les œuvres sont systématiquement immortalisées par des photos avant d’être détruites par leurs auteurs ou d’autres visiteurs.

Création/destruction

Cette réutilisation des balles génère «une relation dynamique et directe entre création et destruction» pour une exposition justement nommée «Raise/Raze» (dresser/raser), explique l’association.

Sur les rails de tramway encore visibles à Washington, les architectes ont empilé des briques en demi-cercle ou en immenses colonnes.
Photo : AFP/VNA/CVN

L’installation n’est pas sans rappeler le jeu en ligne Minecraft ou des assemblages Lego. Mais Craig Cook préfère la comparer aux «seaux que les enfants remplissent de sable pour créer des formes».

Le thème de la plage était déjà celui du National Building Museum, le musée de l’architecture, qui avait conçu l’été dernier avec les mêmes balles un océan, dans lequel familles et enfants pouvaient «nager» à leur guise.

L’exposition reste cependant confidentielle : pas d’adresse ni d’horaires sur le site, et une petite entrée comme une station de métro peinte en rouge sur l’avenue New Hampshire. Car les autorisations de la ville sont strictes : l’espace ne peut pas accueillir plus de 49 personnes à la fois, explique Philippa Hughes, membre du bureau de Dupont Underground.

Ouverte en 1949, la station de tramway a fermé en 1962 quand la capitale des États-Unis a basculé vers les bus. Elle est restée complètement vide depuis : le projet d’en faire un centre d’hébergement pour sans-abris dans les années 1960 n’a jamais abouti, puis elle a accueilli une brève rotonde de restauration rapide au milieu des années 1990.

Fin 2014, Dupont Underground a signé un bail de cinq ans avec la ville pour faire du vaste espace «une destination culturelle à usage mixte».

Elle avoue s’inspirer de réhabilitations urbaines comme la promenade urbaine de la High Line à New York, ou encore l’Alvéole 14 à Saint-Nazaire, dans l’Ouest de la France, une ancienne base sous-marine devenue creuset artistique et musical. Mais les financements manquent encore cruellement, et l’entrée est donc payante.

«On n’a pas de plomberie, pas de toilettes, pas de portes», explique M. Cook qui espère monter à l’automne des installations de taille plus modeste, d’ordre musical ou cinématographique.


AFP/VNA/CVN

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