Jeremy Morlock, 22 ans, visage adolescent et yeux cernés, était le premier d'un groupe de 5 soldats à comparaître devant la justice militaire en audience préliminaire, avant un éventuel procès en cour martiale.
Le jeune homme et ses compagnons d'armes sont accusés d'avoir organisé pour s'amuser le meurtre de 3 civils afghans entre janvier et mai 2010, pendant leur déploiement dans la province de Kandahar (Sud de l'Afghanistan), et d'avoir, pour certains, démembré des corps et conservé des parties de cadavres.
Les débats ont eu lieu à la base militaire de Lewis-McChord, à quelques kilomètres de Tacoma, au sud de Seattle (État de Washington, Nord-Ouest), et n'ont pas répondu à toutes les questions soulevées par cette macabre affaire, en raison notamment de l'absence de plus de 10 témoins de l'accusations (parmi lesquels 3 accusés), qui ont usé de leur droit au silence.
Les interrogatoires de la matinée se sont donc focalisés sur le témoignage des officiers ayant mené les enquêtes en Afghanistan, en mai dernier, et qui avaient recueilli les déclarations de Jeremy Morlock.
Dans ces déclarations, le soldat avait reconnu avoir participé à des "scénarios" ayant conduit à la mort de civils, selon l'agent spécial Shannon Richey, qui témoignait par téléphone depuis l'Afghanistan.
Michael Waddington, avocat du jeune homme, a essayé de minimiser les déclarations de son client, en soulignant qu'il "recevait alors un traitement médical" suite à des lésions au cerveau. "Il avait des nausées, il prenait des pilules pour dormir", a déclaré M. Waddington.
Dans sa plaidoirie finale, l'agent spécial Andre Leblanc a insisté sur le fait que l'accusé avait "parfaitement compris ce qui se passait".
La défense a également mis l'accent sur le fait que les corps des 3 civils afghans n'avaient jamais été retrouvés.
"Il n'y a eu aucune enquête en bonne et due forme sur les lieux des meurtres" présumés, a affirmé M. Waddington à la presse pendant une suspension des débats.
Pour lui, Jeremy Morlock, dont une grande partie de la famille était présente à l'audience, est "un garçon bien, un jeune homme très impressionnable et naïf. Ce n'est ni un monstre, ni un sociopathe, ni un psychopathe".
Il reconnaît que son client était sur les lieux des meurtres présumés, mais il n'était pas plus impliqué que "tous les autres membres du peloton par le simple fait d'être présent".
Les débats ont par ailleurs permis de confirmer que Morlock possédait dans son ordinateur des photos de soldats apparaissant aux côtés de cadavres, sans qu'il soit possible de savoir si ces photos avaient été prises dans un objectif de documentation militaire ou à titre privé.
Le colonel Thomas Molloy, qui menait les débats et sera chargé de recommander ou non une comparution devant une cour martiale, a demandé à voir les photos avant de rendre sa décision.
Jeremy Morlock et plusieurs autres soldats sont également accusés d'avoir passé à tabac un de leurs camarades pour tenter d'étouffer une enquête sur la consommation de haschich au sein de leur groupe.
L'affaire est potentiellement explosive pour l'armée américaine, qui peine à gagner la confiance de la population afghane, en particulier dans la province de Kandahar, bastion des talibans.
Si Jeremy Morlock est finalement reconnu coupable en cour martiale, il risque la prison à vie ou la peine de mort.
AFP/VNA/CVN