"C'est un petit groupe de militaires qui voulaient changer l'ordre au sein de l'armée et du gouvernement. Tout est dans l'ordre maintenant. La situation est sous le contrôle de l'armée et du gouvernement", a déclaré à la presse le 26 décembre le chef d'état-major des forces armées, le général Antonio Indjai.
Il s'exprimait après une réunion de plus de deux heures avec plusieurs membres du gouvernement et des responsables militaires de Guinée-Bissau, qui est en proie depuis son indépendance en 1974 à une instabilité chronique : pays est régulièrement frappé par des coups d'État et des violences où l'armée joue un rôle prépondérant.
Selon le général Indjai, l'attaque menée tôt le 26 décembre par "des hommes armés" a visé le siège de l'armée, dans le quartier de Bissau-Velho (centre-ville) et deux unités militaires dans la périphérie Sud de la capitale. "Ces hommes ont voulu récupérer des armes que nous avons dans les armureries", a-t-il dit.
Il n'a pas indiqué s'il y avait eu des blessés ou des morts lors de l'assaut et de sa répression, des opérations qui se sont déroulées en l'absence du pays du président Malam Bacaï Sanha, élu en 2009, en séjour médical en France.
Le porte-parole de l'armée, le commandant Samuel Fernandes, a toutefois annoncé l'arrestation d'un nombre indéterminé d'officiers soupçonnés d'être impliqués dans la triple attaque.
Parmi eux, figure le chef de la Marine, le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, qui est "considéré comme le cerveau de ce soulèvement. D'autres officiers ont été appréhendés, dont le général Watna Na Lai", conseiller du général Indjai et ancien chef d'état-major de l'armée de terre, a dit le commandant Fernandes.
Une source militaire a confirmé l'arrestation du contre-amiral Buboo Na Tchuto, en indiquant qu'il était conduit à Mansoa, à environ 60 kilomètres au nord de Bissau, où se trouve une garnison militaire.
José Américo Bubo Na Tchuto est une personnalité controversée depuis quelques années en Guinée- Bissau, son nom ayant souvent été cité dans les enquêtes sur le trafic de drogue dans le pays.
En août 2008, il avait été accusé d'avoir voulu renverser le régime du président Joao Bernardo Vieira -qui a été assassiné en mars 2009 par des militaires- puis blanchi en mai 2010 par la justice militaire.
Il a longtemps été réputé proche du général Antonio Indjai. Mais depuis quelques mois, les observateurs et la presse locale avaient noté une rivalité entre les deux hommes qui, pour certains, s'est traduite le 26 décembre par la bataille entre des hommes fidèles à leurs camps.
L'attaque avait été suivie d'un déploiement important de militaires en armes à travers la ville, érigeant des barrages en différents endroits et interdisant l'accès à l'état-major.
En fin de journée, l'accès demeurait interdit à l'état-major, mais le dispositif avait été allégé, les soldats s'étaient repliés aux abords des unités militaires et la circulation avait repris normalement sur les principales artères. Le domicile du Premier ministre, Carlos Gomes Junior, était gardé par des hommes de la Brigade d'intervention rapide (BIR, police).
AFP/VNA/CVN