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>>Course contre la montre des secouristes après le séisme
Des secouristes devant un bâtiment effondré à Izmir, le 31 octobre 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À Bayrakli, dans la province d'Izmir, des équipes de sauveteurs s'efforçaient de se frayer un passage à travers des poutres tordues et des blocs de béton, vestiges d'un immeuble d'habitation de sept étages, réclamant parfois le silence pour tenter de localiser d'éventuels survivants.
Le tremblement de terre, dont la magnitude a été évaluée à 7 sur l'échelle de Richter par l'Institut de géophysique américain (USGS), s'est produit peu avant 12h00 GMT en mer Egée, au sud-ouest d'Izmir, troisième plus grande ville de Turquie, et près de l'île grecque de Samos.
La secousse a été si puissante qu'elle a été ressentie jusqu'à Istanbul et Athènes et a provoqué un mini-tsunami qui a inondé les rues de Seferihisar, ville turque située près de l'épicentre, et balayé les côtes de Samos.
Gökhan Kan, un livreur âgé de 32 ans, était sur sa moto quand le séisme a frappé. "J'étais terrifié, pas pour moi, mais pour ma femme et mon fils (...) Je me suis dit : +Ca ne va jamais se terminer+. J'ai l'impression que ça a duré 10 minutes", raconte-t-il.
Marteau-piqueur
En Turquie, 24 personnes sont mortes et 804 ont été blessées, selon l'Agence gouvernementale des situations de catastrophe (AFAD).
En Grèce, deux adolescents ont été tués sur l'île de Samos par l'écroulement d'un mur, a indiqué la télévision publique Ert. Neuf personnes ont par ailleurs été blessées et des dégâts matériels sont à déplorer.
Mais c'est la côte égéenne turque, densément peuplée, qui a été la plus durement touchée. Les secouristes étaient engagés dans une course contre la montre pour extraire des survivants des décombres.
Selon l'AFAD, 17 immeubles étaient écroulés ou fortement endommagés.
Des secouristes sur les ruines d'un immeuble à Izmir, le 31 octobre 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À Bayrakli, les secouristes soulevaient des pans de murs à l'aide de grues et déblayaient les décombres dans un bruit continu de marteau-piqueur.
Ayant réussi à joindre par téléphone une fillette prise au piège, ils tentaient d'obtenir des indications permettant de la retrouver, tout en la rassurant, selon les images de la chaîne publique TRT.
"Ne t'inquiète pas, on arrive ! Je vais raccrocher pour économiser tes batteries. Diminue la luminosité de ton écran et reste calme", lui conseillait l'une de ses proches, sous la supervision d'une secouriste.
"Nous vivons à Izmir, le temps est doux, on peut passer la nuit comme ça, et demain également. Mais il est difficile de se projeter à long terme, il y a un sentiment d'impuissance", a expliqué Cemalettin Enginyurt, militaire à la retraite de 51 ans.
Plusieurs hôpitaux d'Izmir, engorgés à cause de la pandémie de nouveau coronavirus, ont transféré des patients vers d'autres établissements pour pouvoir accueillir les victimes du séisme.
La secousse a également été ressentie à Istanbul, capitale économique du pays, mais aucun dégât n'y a été constaté.
"Voisins solidaires"
Mettant de côté leurs vives tensions diplomatiques actuelles, Ankara et Athènes se sont engagés à s'entraider en cas de besoin, lors d'un entretien téléphonique entre le président Erdogan et le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
"Dans ces moments, nos peuples ont besoin de faire front commun indépendamment de nos différences", a écrit M. Mitsotakis sur Twitter.
"Le fait que deux voisins soient solidaires dans ces temps difficiles a plus de valeur d'un grand nombre de choses", lui a répondu M. Erdogan sur le réseau social.
Cet appel à la solidarité rappelle l'aide que la Grèce avait offerte à la Turquie après un séisme meurtrier en 1999, un geste qui avait permis un réchauffement des relations entre ces deux pays en crise. Des experts avaient alors parlé de "diplomatie du séisme".
La France s'est jointe à ce mouvement, proposant vendredi 30 octobre son assistance à Athènes et Ankara, alors qu'elle est en pleine crise avec la Turquie sur de nombreux sujets diplomatiques et géopolitiques.
La Turquie et la Grèce sont situées dans une des zones sismiques les plus actives du monde.
En 1999, un séisme de magnitude 7,4 avait frappé le Nord-Ouest de la Turquie, faisant plus de 17.000 morts, dont un millier à Istanbul.
En janvier dernier, un séisme de 6,7 avait fait une quarantaine de morts dans la province d'Elazig (Est).
En Grèce, le dernier séisme mortel, de magnitude 6,7, avait eu lieu sur l’île de Kos, proche de Samos dans l'archipel de Dodécanèse en mer Égée en juillet 2017, tuant deux personnes.