Un "maître des corbeaux" de la Tour de Londres

La responsabilité est lourde sur les épaules de Chris Skaife. "Maître des corbeaux" de la Tour de Londres, il veille sur huit oiseaux dont dépend la survie du Royaume-Uni, et sa tâche n’est pas facilitée par la pandémie de COVID-19.

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Chris Skaife, le "maître des corbeaux" de la Tour de Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon une légende solidement ancrée, si tous les corbeaux venaient à quitter la tour, le royaume "s’effondrerait" et le pays serait "plongé dans le chaos". Ils sont huit grands corbeaux en captivité au sein de cette forteresse historique sur la rive nord de la Tamise, où sont entreposés les joyaux de la couronne britannique : Merlina, Poppy, Erin, Jubilee, Rocky, Harris, Gripp, et Georgie.

Selon un décret royal, qui aurait été émis par Charles II en 1630, il doit y en avoir six sur le site à tout moment, mais Chris Skaife, qui s’en occupe depuis 14 ans, en garde deux "de rechange, au cas où". Pour les empêcher de voler trop loin, de peur que la légende se réalise, certaines de leurs ailes sont légèrement raccourcies.

Le confinement mis en place au printemps pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus a placé Chris Skaife face à un défi inédit. Il a dû redoubler d’efforts pour divertir les oiseaux, qui se sont retrouvés sans visiteurs avec qui jouer ou à qui voler de la nourriture, suscitant des craintes qu’ils ne s’éloignent pour trouver de quoi manger ailleurs et mettent ainsi en péril la légende vieille de plusieurs siècles.

Au début du confinement, la Tour de Londres a fermé ses portes aux visiteurs. Chris Skaife a été mis au chômage partiel pendant quelques temps, mais a continué à venir s’occuper des corbeaux de temps en temps.

Ses trois assistants se sont relayés pour veiller sur eux en son absence. "Ils ne voyaient personne pendant cette période et j’ai commencé à remarquer des changements" dans leur comportement, explique-t-il.

Dans leurs enclos, il a disposé différents jouets pour les "stimuler" : des ballons, des échelles et même des miroirs.

Une rue à Londres désertée en raison du confinement.
Photo : Xinhua/VNA/CVN

Ailes taillées et poubelles vides

À l’heure du petit-déjeuner, Chris Skaife, vêtu de l’uniforme rouge et noir des "Yeomen", les gardiens de la tour, leur distribue un cocktail de poussins et de souris, que les corbeaux déchiquètent avec entrain.

"La meilleure, c’est Merlina", révèle-t-il, le sourire aux lèvres. Il poste souvent des photos et vidéos d’elle sur ses comptes Instagram (@ravenlogy1) et Twitter (@ravenmaster1), qui accumulent plus de 120.000 abonnés.

Une fois les corbeaux nourris, il ouvre les enclos, situés sur la pelouse sud, pour leur permettre de se dégourdir les ailes.

La tour a rouvert ses portes le 10 juillet dernier mais la pandémie de COVID-19 a eu un effet dévastateur sur le nombre de ses visiteurs. Selon les Palais royaux historiques (HRP), l’association qui gère le site, la Tour de Londres a accueilli environ 6.000 visiteurs par semaine en octobre cette année, dix fois moins qu’il y a un an.

Selon Chris Skaife, les corbeaux n’ont pas cherché à s’éloigner pendant le confinement mais ils ont eu plus de liberté de mouvement pour explorer d’autres recoins du site.

Pour ne prendre absolument aucun risque, Chris a raccourci leurs ailes un peu plus. Et il les garde plus souvent dans leurs enclos pour s’assurer qu’ils mangent suffisamment. Sans visiteurs, les poubelles du monument, dans lesquelles les corbeaux avaient l’habitude de se servir, sont vides.

Il avoue avoir pris cette décision à regret. "Leur maison, ce n’est pas la volière, c’est la Tour de Londres et je n’aime pas les garder enfermés".

Depuis la réouverture de la tour, "nos corbeaux ont retrouvé leur routine et vont très bien", assure-t-il.

Très attaché à ces oiseaux "majestueux", il a tout fait pour ne pas laisser le confinement perturber leur quotidien. Par affection pour eux, mais aussi, ajoute-t-il l’air solennel, parce que "nous ne voulons surtout pas que la légende se réalise".

AFP/VNA/CVN

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