Un livre consacré aux porcelaines de la dynastie des Nguyên

Le chercheur Trân Ðình Son vient de présenter au public son nouveau livre consacré aux porcelaines de la dynastie des Nguyên (1802-1945).

Le 21 février, un livre bilingue (vietnamien et anglais) intitulé Thuong ngoan đô su ky kiêu thoi Nguyên 1802-1945 (Les merveilleuses porcelaines de la dynastie des Nguyên 1802-1945) a été publié par les Éditions des lettres et des arts.

Rédigé par le chercheur Trân Ðình Son, ce livre illustré retrace toute une longue période des beaux-arts vietnamiens. Sa belle collection d'images accompagnées par des légendes finement écrites renforce l'impression du beau livre. Que ce soit cette tasse de porcelaine minutieusement décorée de fleurs d'abricotier et de flamants, ces théières portant l'image de dragons volant dans les nuages, ces assiettes et écuelles gravées de proses et poésies chinoises et sino-vietnamiennes, toutes renvoient vers un art et un savoir-vivre teintés de nostalgie et d'excellence. Il semble que le temps et les événements historiques ont imprégné de leur cachet chaque porcelaine pour lui donner une beauté taciturne, élégante et qui laisse transparaître l'âme et les caractéristiques des Vietnamiens d'autrefois ainsi que les canons esthétiques d'une époque révolue.

Selon le chercheur Trân Ðình Son, les porcelaines "ky kiêu" sont des poteries en émail bleu de Huê (Centre), issu du terme "bleus de Huê" inventé par un érudit français passionné pour la recherche des porcelaines de la dynastie des Nguyên (Louis Chochod en 1909). Mais dans le livre Ðai Nam quôc âm tu vi (Le graphème de la langue nationale vietnamienne - 1895), le premier dictionnaire vietnamien rédigé par Huynh Tinh Cua, les objets "ky kiêu" sont définis pour leur style façonné à la demande des clients. D'où vient cette appellation ? Sous les dynasties des Lê postérieurs (1428-1789) et des Nguyên, les Vietnamiens envoyaient souvent des porcelaines en Chine, Grande-Bretagne, France... pour en commander aux artisans de ces pays. À cette époque, les gens du Nord les nommaient "đô mâu" (échantillons) tandis que ceux du Sud les appelaient "đô ky kiêu" ou "đô kiêu".

Bien que la plupart de ces porcelaines aient été commandées à l'étranger, Trân Ðình Son montre que ces objets anciens étaient bien en fait des créations locales. Nos artisans les concevaient en effet dans le moindre détail avant d'en déléguer la production en masse aux étrangers. Ainsi, trouve-t-on sur ces antiquités des poèmes en chinois et en écriture sino-vietnamienne. Textes rarissimes, ils sont des sources précieuses pour qui veut comprendre les pensées et sentiments de leurs aïeux.

Certes dotés d'un cachet historique, ces objets étaient pourtant d'usage courant pour les empereurs. Et donnent aujourd'hui moult renseignements sur la gastronomie et les goûts de l'époque, mais aussi sur les beaux-arts et la littérature.

Lors de la cérémonie organisée pour présenter l'ouvrage, le professeur Trân Van Khê déclarait d'une voix émue : "Je voudrais adresser mes remerciements à Trân Ðình Son qui a fait un travail extrêmement significatif dans la préservation et la transmission de la beauté de la culture vietnamienne. Ce livre est réservé non seulement aux férus d'objets anciens, mais aussi à tous ceux qui aiment et veulent étudier l'histoire de la nation".

En 2007, Trân Ðình Son avait publié le recueil de photos Nhung nét đan thanh (Les traits dégagés) présentant 238 clichés sur les assiettes "ky kiêu" des Vietnamiens des 18e et 19e siècles. Et les érudits de le féliciter pour sa passion et son combat dédié à la recherche et la mise en lumière de notre passé.

Thuy Quynh/CVN

(10/04/2009)

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