"En gros, l'idée est de dire 'oui' il y a peut être des sujets qui nous divisent mais est-ce que la construction ne se fait pas d'abord par l'économique ?", déclarait jeudi dernier Mohamed Benmaradi, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement. Pragmatiques, Alger et Paris cherchent à "dynamiser les relations économiques", souligne-t-on du côté français.
Dans ce cadre, le forum est "un événement inédit" entre les deux pays de par son ampleur notamment car il réunira 160 firmes françaises et 380 algériennes, souligne Alain Boutebel chef de la mission économique en Algérie d'Ubifrance, co-organisateur de l'événement avec les autorités algériennes.
Le forum, qui est notamment inauguré par le secrétaire d'État français au Commerce extérieur Pierre Lellouche, est "l'aboutissement d'un long processus", explique M. Benmeradi. Il conclut une mission de neuf mois de l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, chargé en septembre 2010 par le président Nicolas Sarkozy d'une "feuille de route" pour relancer la coopération économique des deux pays.
Pour M. Benmeradi, interlocuteur principal de M. Raffarin, il en a résulté des "progrès dans la compréhension des dossiers, peut-être une certaine confiance retrouvée" dans cette relation avec "des hauts et des bas". Et même "si nous n'oublions rien", en référence à la période coloniale.
Douze dossiers économiques à régler, portant sur 30.000 emplois directs et 100.000 indirects, sont résolus "à 90%", selon le ministre. Reste à finaliser l'installation en Algérie d'une usine Renault pour produire 150.000 voitures. Mais nombre d'entreprises françaises, et autres étrangères, se plaignent de tracasseries administratives et de difficultés juridiques pour opérer avec des partenaires algériens.
Le 28 mai, le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a reconnu que le climat des affaires dans son pays n'encourageait pas l'investissement. "Pour preuve, a-t-il dit, l'Algérie est au 136e rang des 183 États selon un classement du climat des affaires établi par la Banque mondiale à la demande de la Banque d'Algérie".
Le Fonds monétaire international avait invité ce pays en novembre 2010 à "approfondir les réformes structurelles, visant en particulier à améliorer le climat des affaires" et à "améliorer sa compétitivité et son attractivité pour les investisseurs étrangers".
L'Algérie a durci depuis 2009 les conditions d'investissements étrangers. Aucun d'entre eux ne peut détenir plus de 49% du capital d'une société de production, les 51% restants étant répartis entre plusieurs partenaires algériens de sorte qu'il reste majoritaire.
M. Ouyahia n'a pas écarté une possible révision de ces mesures car "ce ne sont pas des articles sacrés ni des obstacles infranchissables".
L'Algérie est déterminée à sortir de sa dépendance des hydrocarbures qui lui assurent 98% de ses recettes en devises. La France, dont plus de 420 filiales d'entreprises opèrent en Algérie, est le premier investisseur hors hydrocarbures dans ce pays. En 2009, leurs échanges commerciaux ont atteint neuf milliards d'euros.
AFP/VNA/CVN