Un dialogue multidimensionnel sur le langage visuel

La Biennale internationale de photographie Photo Hanoi’23 offre une meilleure occasion pour les photographes vietnamiens et étrangers de présenter leurs créations. Entretien avec Thierry Vergon, directeur de l’Institut français de Hanoï et coordinateur général du projet.

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Pourquoi l’Institut français du Vietnam (IFV) a-t-il initié la Biennale internationale Photo Hanoi’23 ? Pourquoi la photographie ?

L’Institut français travaille dans un large éventail d’activités, notamment des cours de français, un enseignement de la langue française, un soutien aux étudiants vietnamiens souhaitant étudier à l’étranger, ainsi que des activités d’échange culturel et de promotion des arts et de la culture en général. Il ne s’agit pas seulement de présenter ce que les artistes français peuvent faire, mais aussi de travailler dans le domaine des industries culturelles et créatives.

Thierry Vergon, directeur de l'Institut français de Hanoï. 
Photo : IFV/CVN

En examinant de nouvelles stratégies pour le ministère français de la Culture, il est devenu évident pour nous qu’il était important d’organiser, en collaboration avec les autorités vietnamiennes, un grand événement pour promouvoir une ou plusieurs disciplines culturelles et créatives.

La photographie a été choisie pour plusieurs raisons, dont le fait qu’elle peut également promouvoir d’autres activités culturelles, telles que l’architecture, la mode, le design ou même le sport. Cet art était donc l’une des premières disciplines que nous souhaitions explorer, car il y a de jeunes photographes très intéressants au Vietnam, ainsi que des photographes confirmés.

Les biennales sont un format courant pour promouvoir les arts visuels dans le monde. Nous avons discuté avec des artistes vietnamiens, des institutions culturelles telles que des galeries ou des centres d’exposition, ainsi que des curateurs. Nous avons également discuté avec les autorités vietnamiennes et Hanoï, et nous avons tous convenu qu’il serait judicieux d’organiser un événement consacré à la photographie de plus grande envergure. Ainsi, en collaboration avec la capitale vietnamienne, nous organisons Photo Hanoi’23, qui sera la première véritable édition de la Biennale internationale de photographie. En tant que directeur de l’Institut français de Hanoï, je suis le coordinateur général du projet.

Quelle est la signification de cet événement pour le développement socio-culturel et économique de la ville à court et à long termes ?

Portrait de feu le compositeur Van Cao (1923-1995) présenté à Photo Hanoi’23.
Photo : Vân Anh/CVN

Je ne peux pas vraiment parler des effets réels que cela aura sur Hanoï. Je ne peux que comparer l’effet que ce type d’événements a eu sur d’autres villes. Alors, peut-être d’abord, une comparaison avec Kyotography, organisé à Kyoto, au Japon, depuis dix ans. Cet événement attire aujourd’hui plus de public que le nombre d’habitants de la ville. Si vous regardez la scène artistique elle-même, et plus particulièrement les sociétés de photographie qui ont vu le jour il y a quelques années, cela a généré une nouvelle génération de photographes qui se sont fait connaître au niveau international.

Concernant Photo Pnom Penh, lorsque j’ai parlé à la responsable de la photographie du ministère français de la Culture, la personne chargée d’acheter des œuvres photographiques pour ledit ministère, elle m’a dit que ces événements l’avaient aidée à savoir ce qui se passait au Cambodge et qu’elle avait commencé à acheter des œuvres d’artistes cambodgiens.

Ce que nous voulons, c’est de donner une très bonne visibilité à ce qui se passe au Vietnam. Il est également très bon pour les photographes et le public vietnamiens d’être exposés à des événements internationaux, afin d’établir un dialogue entre les arts du pays et ceux d’autres parties du monde. Cela permet de mieux comprendre la culture de l’autre et aide la scène à gagner en maturité en montrant des exemples de ce qui se fait en photographie dans le monde, en exprimant la photographie en tant que forme d’art mais aussi sur la manière de la promouvoir et de l’exposer, qui sont des aspects très importants.

Lorsque la communication est bien faite et qu’elle est réussie, pour une ville comme Hanoï, cet événement est un outil d’attractivité très important, notamment pour le tourisme, car la culture est toujours un moyen très fort de promouvoir une ville. Plus généralement, cela lui donne également une nouvelle image dans le monde.

Comment la manifestation va-t-elle promouvoir la créativité et les opportunités de carrière des jeunes talents ?

Les photos de l'artiste français Sébastien Laval. 
Photo : Vân Anh/CVN

C’est une opportunité pour certains photographes dont le travail n’est pas encore connu, c’est une chance pour eux de présenter leur travail. Il n’est pas évident pour un photographe de présenter son travail au Vietnam. Comme il n’y a pas beaucoup d’occasions pour les photographes d’exposer leur travail, les Vietnamiens n’ont même pas la possibilité de le découvrir. La première chose à faire est de créer un espace qui leur permet de le présenter et de rencontrer des collègues. Il est très important de créer une communauté de photographes avec laquelle ils peuvent s’identifier.

C’est un bon moyen de leur donner un but. Ils savent que chaque année, ils peuvent profiter de ce moment pour montrer leur travail, parler de leurs techniques, en apprendre de nouvelles et participer à des discussions. Le programme des tables rondes vise à faciliter la communication entre les étudiants, le public et les photographes afin d’apporter une perspective sur les possibilités, de mieux connaître ce qui se passe dans le monde de la photographie et de voir comment construire leur propre carrière.

La photographie n’est pas souvent mise en avant dans les galeries. La plupart du temps, elles exposent des peintures, des sculptures, des installations ou des vidéos. La photographie est parfois incluse dans les expositions. À Photo Hanoi’23, nous ne présentons que des photographies. C’est une manière d’élever et de la promouvoir en tant qu’art, non seulement en tant qu’art visuel, mais aussi en tant que discipline à part entière. C’est un facteur important pour les photographes, mais aussi pour les personnes qui découvrent que cet art peut être quelque chose d’intéressant pour elles.

Quel est votre public cible ? Comment cet événement captera-t-il l’attention du public ?

Une visiteuse admire une photo sur les rues de Hanoï. 
Photo : Vân Anh/CVN 

Il est encore un peu tôt pour savoir qui sera le public principal, mais je pense que ce sera bien sûr la population de Hanoï. Nous avons délibérément voulu être présents non seulement dans le centre-ville, mais également dans de nombreux quartiers, soit environ six arrondissements où se tiendront des expositions et autres événements, afin d’associer les habitants. Le premier public que nous recherchons est vraiment les Hanoïens. Nous cherchons également à toucher les Vietnamiens en général. Nous espérons que les gens viendront assister à certains des événements de Photo Hanoi’23 pendant ce mois d’exposition.

Nous souhaitons également que les touristes viennent. Pour qu’ils comprennent la culture vietnamienne à travers la photographie, il est important d’offrir d’autres activités que la simple promenade dans les rues et la visite des bâtiments anciens. Un public très important est celui qui s’intéresse aux arts visuels et à la photographie pour des raisons professionnelles. Des personnes comme les photographes, les commissaires, les acheteurs et les galeristes font partie d’un large éventail de personnes travaillant dans l’industrie des arts visuels. Nous voulons les toucher et les intéresser davantage à cet événement.

Nous ferons d’abord connaître l’événement à tous les publics ciblés, en communiquant à travers différents canaux, en proposant également un programme attractif, en exposant par exemple des photographes vietnamiens et internationaux et en entamant un dialogue. Certaines expositions présentent un mélange de photographes internationaux et vietnamiens, abordent des sujets intéressants lors des tables rondes et invitent des personnalités clés.

Propos recueillis par Vân Anh/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

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