Un décès, deux cas d'Ébola en 24 heures en RDC: le Rwanda inquiet

Avec un décès et deux nouveaux cas de contamination au virus Ébola détectés en seulement 24 heures à Goma, le grand carrefour commercial de l'Est de la RD Congo, la crainte de propagation régnait notamment à la frontière avec le Rwanda, fermée plusieurs heures jeudi 1er août.

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No man's land à la frontière fermée du Rwanda et de la RDC, le 1er aout à Goma.

Un an après l'apparition du virus en République démocratique du Congo et une quinzaine de jours après la détection du premier cas dans la grande métropole du Nord-Kivu, trois membres d'une même famille ont été touchés par l'épidémie, accroissant les risques de diffusion.
Après le père décédé mercredi, puis une de ses filles âgée d'un an détectée la nuit suivante, sa femme a été testée positive jeudi 1er août.
"Il y a un quatrième cas positif à la maladie à virus 
Ébola dans la ville de Goma. Ce nouveau cas est la femme de l'homme qui est décédé hier matin. Nous sommes en train d'effectuer les investigations autour de ce cas", a déclaré à l'AFP le Dr Boubacar Diallo, coordonnateur en charge de la surveillance de cette épidémie pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
L'épidémie de fièvre hémorragique, qui se transmet par contacts humains directs et étroits et dont le taux de létalité est très élevé, a longtemps été cantonnée aux régions rurales du Nord-Kivu (essentiellement Beni et Butembo) et en Ituri voisine.
Sa propagation à de grands centres urbains densément peuplés et au-delà des frontières de la RDC lui donnerait une nouvelle dimension.
Son arrivée à Goma, qui forme un hub régional, disposant d'un aéroport reliant les capitales de Kinshasa en RDC, Entebbe-Kampala en Ouganda et Addis Abeba en 
Éhtiopie, et d'où des bateaux partent vers le Sud-Kivu, inquiète. En juin, deux cas d'Ébola en provenance de RDC ont été détectés en Ouganda.

Données sur le virus Ébola.

Jeudi matin 1er août, le Rwanda a fermé sa frontière avec la RDC avant de la rouvrir en début d'après-midi. Pendant quelque huit heures, les Congolais n'ont pu entrer dans la ville rwandaise de Gisenyi, frontalière de Goma, où les Rwandais de leur côté n'étaient pas autorisés à se rendre, a constaté un correspondant de l'AFP.
L'épisode a irrité les autorités congolaises qui ont estimé que cela portait préjudice aux "Congolais et expatriés qui vivent à Gisenyi mais travaillent à Goma" et allait à l'encontre de la recommandation de l'OMS sur la libre circulation des personnes dans la région, selon un communiqué de la présidence congolaise.
"J'ai attendu depuis 7h00 (5h00 GMT). Je n'ai franchi la frontière congolaise qu'à 14h15 (12h15 GMT)", s'est plainte auprès de l'AFP Antoinette Zeyimana, une vendeuse rwandaise de cartes de recharge.
Fermer une frontière est contre-productif, ont indiqué à des journalistes à l'ONU des experts de la santé.
"Si vous commencez à terrifier les gens, vous arrêtez tout, ils s'enfuient, ils se cachent et ils propagent la maladie", a averti Margaret Harris, porte-parole de l'équipe de l'OMS en charge de la surveillance d'
Ébola en RD Congo, via vidéo.
La situation s'est débloquée après une réunion au cours de laquelle les autorités congolaises de l'immigration ont assuré à leurs homologues rwandais que les mesures prophylactiques de lavage des mains et de prise de température seraient renforcées et strictement observées à la frontière afin de ne laisser passer aucun cas suspect, a indiqué un responsable local de la Direction générale congolaise des migrations (DGM).
Des Rwandais en provenance de Gisenyi, tenant des laissez-passer délivrés par l'immigration de leur pays, et des Congolais détenteurs d'un document de même nature ont enfin pu traverser la frontière après une explosion de joie, selon des témoignages recueillis par un correspondant de l'AFP à la frontière.
"La pompe est amorcée" 
Le deuxième malade d'
Ébola décédé mercredi 31 juillet à Goma était un orpailleur qui travaillait en Ituri mais vivait avec son épouse et leurs dix enfants dans le quartier pauvre de Kiziba dans le nord de Goma.
Il a présenté des signes de la fièvre hémorragique le 22 juillet. Il a reçu des soins dans un centre communautaire mais ne s'était rendu à l'hôpital de référence de Goma que le 30 juillet.
Aussitôt, l'équipe de lutte contre 
Ébola a entamé la vaccination de tous les membres de cette famille, leurs contacts et les contacts de leurs contacts habitant ce quartier insalubre et densément peuplé.
Mais la fillette et l'épouse ont été testées positives dans ce coin de la ville où la population, en colonnes de femmes et d'enfants bidons sur la tête, s'approvisionne en eau sur les bords du lac Kivu.
Dans la province voisine du Sud-Kivu, une femme proche de l’orpailleur avait été mise en quarantaine avec quatorze autres personnes de sa famille.
Le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje Kasi, a déclaré à la presse que les tests effectués sur ces 15 cas suspects s'étaient avérés négatifs.
Mais les risques de propagation demeurent. "Maintenant la pompe est amorcée", s'est inquiété un responsable d'une organisation humanitaire.
L'épidémie, qui a fait plus de 1.810 morts et touché plus de 2.700 personnes, a été élevée au rang d'urgence sanitaire mondiale.
L'Union africaine a mis en garde contre des restrictions de voyages en provenance de RDC, des malades pouvant échapper au contrôle aux frontières en traversant clandestinement ailleurs.

AFP/VNA/CVN

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