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Les Américains paient en moyenne 1.200 dollars par an (1.077 euros) pour des médicaments sur ordonnance, selon l'OCDE (l'Organisation de coopération et de développement économiques), soit plus que toute autre nationalité.
Le prix de l'insuline, nécessaire au traitement du diabète, a plus que triplé en une décennie, forçant beaucoup de patients non assurés à rationner leurs doses, à en faire entrer clandestinement depuis le Mexique ou le Canada, ou à choisir entre traitement ou paiement des factures.
"Les Américains méritent d'être protégés contre les prix élevés des médicaments, et ils méritent un système de santé qui fournisse des soins abordables et centrés sur le patient", a dit Alex Azar, le ministre de la Santé.
"Baisser le prix des médicaments pour beaucoup d'Américains - dont nos chers aînés", a tweeté le président américain mercredi pour soutenir ce plan. Donald Trump s'est à plusieurs reprises insurgé contre le prix élevé des médicaments dans son pays, et soutient une proposition de loi au Sénat qui plafonnerait les coûts.
Projets pilotes
Alors que l'assurance-santé s'annonce comme l'une des questions-clés de la campagne pour la présidentielle de 2020, le candidat à l'investiture démocrate Bernie Sanders s'était joint dimanche à un groupe de diabétiques américains partis acheter de l'insuline au Canada, où elle coûte dix fois moins cher. Il avait alors dénoncé la "cupidité" de l'industrie pharmaceutique.
Le plan proposé par le ministère américain et par la Food and Drug Administration (FDA) prévoit deux parcours.
Le premier permettrait de proposer une règle qui autoriserait les projets pilotes développés par les États, les grossistes et les pharmaciens d'importer certains médicaments du Canada, même si ces derniers seraient limités à certaines catégories.
Le second prévoit que la FDA travaille avec les fabricants cherchant à importer aux États-Unis des versions de médicaments qu'ils vendent à l'étranger, "leur permettant potentiellement d'offrir un prix plus bas que celui requis par leurs contrats actuels de distribution".
Ces mesures pourraient inclure l'insuline ainsi que des médicaments contre l'arthrite rhumatoïde, les maladies cardiovasculaires et le cancer, selon un communiqué.
Aucune date pour la mise en œuvre de ce plan n'a été fournie.
"Monopoles protégés"
Le projet va certainement faire face à des contestations en justice de l'industrie pharmaceutique aux États-Unis.
Le puissant Groupement américain des industries pharmaceutiques (PhRMA) a immédiatement marqué son opposition à ce plan, qui selon lui mettrait en danger la population.
"Le schéma d'importation du gouvernement est bien trop dangereux pour les patients américains", a déclaré Stephen Ubl, le patron de ce lobby. "Les autorités ont souvent averti que les plans d'importations pourraient aggraver la crise des opiacés et compromettre la sécurité publique".
Le gouvernement devrait plutôt se concentrer, selon lui, sur des politiques visant à baisser la part non couverte par les assurances santé et donc payée par les patients.
Les entreprises pharmaceutiques disent que les prix élevés sont une conséquence des coûts de l'innovation, mais une étude de 2016 de la Harvard Medical School a blâmé le système américain de brevets, qui donne aux fabricants "des monopoles protégés par le gouvernement" par le biais d'une exclusivité qui dure depuis des décennies.
L'étude avait aussi noté que contrairement à presque tous les autres pays développés, le système américain permettait aux fabricants de fixer leurs propres prix plutôt que de devoir les négocier avec un système national d'assurance maladie.
AFP/VNA/CVN