Un centre de transactions, nouvel espoir du secteur du thé

Fin 2010 est prévue la création du Centre national de transactions du thé, ce qui sera à la fois une satisfaction pour les entreprises et les cultivateurs et un nouvel espoir pour cette industrie nationale. Cependant, ce secteur a encore beaucoup à faire…

En fait, l'étude de faisabilité pour la création du Centre national de transactions du thé, autrement dit la Bourse du thé, a été approuvée en mai 2007 par le gouvernement. Depuis mars dernier, le projet est entré officiellement en étude de conception. Récemment, l'Association du thé du Vietnam a organisé une conférence sur le bilan à mi-parcours du projet. Les résultats bien qu'incomplets, après une courte période d'étude, ont cependant réussi à montrer plus ou moins la nécessité pour cette industrie nationale de créer une telle Bourse.

Selon Iain Lang, chef du groupe d'études du projet, l'absence de Bourse du thé au Vietnam fait subir aux entreprises domestiques des désavantages par rapport à d'autres pays producteurs. Par conséquent, le thé vietnamien se vend beaucoup moins cher sur le marché mondial, et le montant de devises rapporté au pays tout comme les revenus des agriculteurs ne sont pas élevés.

Selon l'Association du thé du Vietnam, la mise sur pied d'une Bourse du thé vise aussi à construire des critères pour l'industrie et le commerce en la matière et à établir un centre de fourniture d'informations au service de la clientèle. D'autre part, il s'agira d'un canal de promotion sur le marché mondial pour les produits et les entreprises du pays.

La Bourse du thé présente de nombreux avantages. En effet, les participants seront contraints à des tâches précises ; les producteurs présents devront garantir la conformité aux critères BPA (bonnes pratiques agricoles) et les acheteurs, s'engager à payer immédiatement tout en faisant des promotions mondiales pour le thé vietnamien ; les intermédiaires se chargeront du contact entre vendeurs et acheteurs, de la collecte des informations relatives à la qualité et au rendement, ainsi que d'autres informations du marché ; les entrepôts devront conserver le thé, et les banques, favoriser les conditions d'échanges en fonction des services conclus avec les membres de la Bourse...

Ce sera un processus fermé d'offres d'achats et de ventes, à la fois juste et limpide en faveur des acheteurs et des vendeurs ; car la contrainte d'imposition du prix du thé aux cultivateurs par les entreprises du domaine est évitée.

Encore des conditions non remplies

S'il est incontestablement nécessaire, pour la stabilité du prix et de la qualité du thé, de créer une Bourse en la matière, les experts du domaine sont aussi d'avis que pour sa réussite, il faut procéder pas à pas.

En ce moment, la branche théière vietnamienne ne réunit pas toutes les conditions nécessaires et suffisantes pour répondre aux exigences d'une telle Bourse aux enchères. Surtout lorsque la qualité est encore aléatoire par manque de critères de référence.

De plus, la non-existence de règles à respecter de façon stricte a favorisé un marché anarchique du thé du pays. On ne constate que des politiques à court terme, et non des stratégies à long terme, pour cette industrie potentielle. Les cultivateurs ne pensent qu'aux bénéfices et lorsque le prix baisse, ils négligent la qualité au profit de la quantité.

La plupart des producteurs utilisent de vieilles techniques. "Bas prix - course à la quantité - mauvaise qualité - bas prix", tel est le cercle infernal dans lequel cette industrie est plongée depuis longtemps, un problème récurrent depuis plusieurs années. Alors que nombre de pays importateurs sont de plus en plus exigeants.

Une autre difficulté est de sensibiliser les éventuels participants, surtout les entreprises et les cultivateurs de thé, sur la valeur de cette Bourse ainsi que des avantages d'y participer. Car changer les habitudes n'est pas chose évidente. Les agriculteurs se sont habitués au marché libre avec des systèmes de collecte directs, alors que les transactions via la Bourse introduiraient de nouvelles contraintes : s'inscrire pour devenir membre, garantir la disponibilité du matériel en stock, déposer de l'argent, placer une commande... Au vu de ces conditions, leur hésitation se comprend tout à fait. Quant aux entreprises, surtout celles qui possèdent suffisamment de réseaux de collecte, elles ne se montrent pas très intéressées non plus en raison des procédures compliquées.

Procéder aux achats et aux ventes via la Bourse représente une méthode d'échanges moderne qui est appliquée par de nombreux pays modernes ; mais pour les entreprises et les cultivateurs vietnamiens, elle reste un terrain de jeux tout nouveau.

Pour préparer le démarrage de la Bourse du thé, l'industrie théière devrait changer : améliorer la qualité du thé en fixant des critères de qualité ; entreprendre des réformes à temps dans des régions cultivatrices et productrices de thé ; établir un plan de promotion à long terme des avantages de la Bourse vis-à-vis des commerçants du pays mais aussi des entreprises d'emballage et des clients des pays importateurs.

L'objectif est clair : faire du Vietnam un des pays exportateurs de thé de qualité du monde.

Minh Phuong/CVN

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