Un bonze et son extraordinaire bambouseraie

Son Trà Tinh Viên, à Dà Nang, regroupe la plus belle collection de bambous de la région Centre. Créé par le bonze Thich Thê Tuong, le domaine abrite une centaine d’espèces, soit un tiers des bambous du pays.

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Le bonze Thich Thê Tuong et sa bambouseraie à Son Trà.

Situé à 8 km du centre-ville de Dà Nang, Son Trà Tinh Viên (littéralement «le Jardin tranquille de Son Trà») s’étend sur le flanc d’une montagne de la presqu’île de Son Trà. Ambiance paisible, romantique même. Un petit ruisseau serpente entre des touffes de bambous, une cabane à toit de chaume se mire dans l’eau d’un étang recouvert de lotus.

Symbole à la fois de force et de souplesse, le bambou est une plante qui ne laisse personne indifférent. «Le bambou est une image familière des villages vietnamiens. Il est étroitement lié à la vie paysanne, pour ne pas dire qu’il représente l’âme de la campagne vietnamienne», considère le bonze Thich Thê Tuong, 47 ans, créateur et gardien de Son Trà Tinh Viên.

Une zone sauvage reculée…

Taille svelte, yeux brillants, le bonze travaille depuis une dizaine d’années à sa bambouseraie. «Mon objectif est de rassembler sur ce bout de terre de la presqu’île de Son Trà toutes les espèces de bambous connues au Vietnam», explique-t-il.

Un véritable défi qui l’oblige à sillonner le pays, du Nord au Sud. Ce terrain d’un hectare, entouré d’une forêt peu touchée par l’homme, a été offert à la pagode locale par un fidèle. Le bonze Thich Thê Tuong a choisi de venir vivre ici, dans la tradition des «moines de la forêt». Là, il a construit une hutte de méditation (kuti) avant de se mettre à défricher. Depuis des années, le bonze passe ses journées à niveler le terrain, retirer des roches, labourer le sol, construire des chemins… Un travail de terrassement, interrompu seulement par ses déplacements pour se procurer des pieds de bambous.

En effet, chaque fois qu’il est informé de l’existence dans telle ou telle localité d’une espèce de bambou qu’il n’a pas dans sa collection, le bonze prend la route, quelle que soit la distance. Son projet ambitieux reçoit le soutien des habitants locaux qui lui offrent de jeunes plantes. Tout récemment, il s’est rendu au jardin de Lâm Sinh Câu Hai, dans le district de Doan Hùng, province de Phu Tho (Nord), et est revenu avec des espèces qui manquaient à sa collection. Sa bambouseraie compte une centaine d’espèces, dont des dizaines d’espèces rares. «Mes voyages se poursuivront, car le Vietnam compte plus de 300 espèces. J’espère bien toutes les réunir ici d’ici cinq ans», déclare-t-il.

… devenue lieu d’écotourisme

Dans son jardin luxuriant, les touffes de bambous sont bien rangées, reliées par des allées bordées de fleurs. Le lieu est traversé par un petit ruisseau, du nom de Suôi Da, qui permet d’assurer l’arrosage toute l’année. Chaque touffe de bambou porte une plaque en bois sur laquelle est noté son «curriculum vitae» : nom (vietnamien et scientifique), espèce, localité d’origine… Parmi ces bambous, trois espèces sont très recherchées : le bambou noir, que l’on trouve à Hà Giang, Lào Cai (à l’extrême Nord) et Da Lat (hauts plateaux du Centre), le bambou vông originaire de Deo Gio et de Bac Can (Nord), et le bambou bông originaire de Dông Thap, de Bên Tre et d’An Giang (delta du Mékong, Sud).

Le domaine abrite une centaine d’espèces de bambous dont les races précieuses.
Photo : CTV/CVN

À noter que l’identification des espèces est une affaire de spécialistes, aussi le bonze n’aurait-il pu réaliser sa bambouseraie sans l’aide de quelques botanistes professionnels. Selon le bonze Thich Thê Tuong, sa bambouseraie est soutenue de différentes manières par l’Institut des sciences sylvicoles du Vietnam (ISSV).

Des sommités scientifiques telles le Docteur Nguyên Hoàng Nghia, directeur de l’ISSV, et le Pr.-Dr. Diêp Thi My Hanh, sont chargées de l’identification des espèces, des conseils en techniques de culture. Il y a aussi un paysagiste chargé de l’agencement du domaine.

Son Trà Tinh Viên est devenu ces derniers temps un site de tourisme vert qui accueille chaque jour une centaine de visiteurs. Il s’agit pour la plupart de fidèles bouddhistes, d’écoliers, d’étudiants, d’artistes, et parfois de botanistes qui ont la chance d’avoir dans un espace réduit un tiers des espèces de bambous du pays. Les week-ends voient affluer les touristes venus de la ville pour se détendre et profiter des charmes du lieu. La visite finie, ils peuvent déguster un repas frugal végétarien, offert par le bonze Thich Thê Tuong lui-même.

Nghia Dàn/CVN

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