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Les jihadistes disent avoir agi en représailles à l'intervention russe en Syrie mais à Moscou, le ministre des Transports Maxime Sokolov a rejeté cette revendication, les Égyptiens "ne disposant d'aucune information qui confirmerait de telles insinuations".
Des secouristes égyptiens transportent les corps des victimes d'un crash d'un avion russe dans le Sinaï, le 31 octobre |
Les experts sont sceptiques sur la revendication de l'EI mais ne peuvent exclure un attentat.
Le contact avec l'Airbus A321-200 de la compagnie russe Kogalymavia, plus connue sous le nom de Metrojet, a été perdu 23 minutes après son décollage, à l'aube, de l'Aéroport de la célèbre station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, et alors qu'il volait à une altitude de plus de 30.000 pieds (9.144 mètres).
Selon des responsables de l'aviation civile égyptienne, le capitaine se plaignait alors d'une défaillance technique de son système de communication. Mais le ministre égyptien de l'Aviation civile Hossam Kamal, cité par l'Agence de presse gouvernementale Mena, a assuré plus tard que "les communications entre le pilote et la tour de contrôle étaient normales" jusqu'à ce que le contact soit perdu, le pilote ne demandant pas à changer de route.
L'avion devait se rendre à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie. Dans un communiqué, la compagnie russe Metrojet a défendu son pilote, qui comptait selon elle 12.000 heures de vols à son actif.
Aucun survivant
"Il n'y a aucun survivant", ont annoncé les autorités, précisant que les corps des victimes et les débris étaient éparpillés dans un cercle de 8 km de diamètre et peut-être davantage, à al-Hassana, dans une zone montagneuse de la province désertique du Nord-Sinaï, bastion de l'EI. Les boîtes noires de l'appareil ont été retrouvées et seront analysées, a indiqué le gouvernement.
La branche égyptienne de l'EI, qui se fait appeler Province du Sinaï, a affirmé être à l'origine du crash, sans préciser comment. "Les soldats du Califat ont réussi à faire tomber un avion russe transportant plus de 220 croisés qui ont tous été tués", a affirmé le groupe extrémiste sur ses comptes Twitter habituels.
Des ambulances en Égypte, sur la base militaire de Kabret, le 31 octobre, attendant les dépouilles des victimes du crash aérien dans le Sinaï |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon des experts militaires interrogés par l'AFP, les insurgés de l'EI ne disposent pas de missiles capables d'atteindre un avion à 30.000 pieds. Mais ils n'ont pas exclu la possibilité d'une bombe à bord ou que l'avion ait pu être atteint par une roquette ou un missile alors qu'il redescendait à la suite de défaillances techniques ou pour d'autres raisons après la perte du contact radio.
Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre égyptien Chérif Ismaïl a esquivé les questions sur la revendication de l'EI et répété que seule les boîtes noires révéleront "les raisons du crash".
Les compagnies aériennes française Air France, allemande Lufthansa et Émirates des Émirats arabes unis ont annoncé qu'elles ne survoleraient plus la zone du Sinaï, "jusqu'à nouvel ordre" et "par mesure de sécurité".
État de choc
Parmi les 217 passagers, 214 étaient russes et trois ukrainiens, a indiqué le gouvernement égyptien. Il évoque 138 femmes et 17 enfants. L'équipage comptait sept membres. Moscou a parlé de passagers âgés de 10 mois à 77 ans.
"J'attends mes parents, je leur ai parlé au téléphone quand ils étaient déjà dans l'avion, et puis j'ai entendu les infos", se lamentait Ella Smirnova, une jeune femme russe de 25 ans en état de choc à l'Aéroport Pulkovo de Saint-Pétersbourg.
Les États-Unis, la France et l'ONU ont présenté leurs condoléances aux familles des victimes. Le président russe Vladimir Poutine a ordonné l'envoi d'équipes de secours, d'enquêteurs et de son ministre des Transports Maxime Sokolov sur les lieux du crash. Une enquête a aussi été ouverte en Russie et les locaux de la compagnie et du tour-opérateur perquisitionnés.
La France et l'Allemagne enverront de leur côté des enquêteurs chargés des investigations sur les accidents aériens, comme c'est la procédure pour tous les incidents impliquant un Airbus, les deux pays étant les principaux membres du consortium européen qui le construit.
Le dernier crash aérien en Égypte remonte à janvier 2004 et avait fait 148 morts, dont 134 touristes français. Un Boeing 737 de la compagnie égyptienne Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge.
AFP/VNA/CVN