Un amour féerique

Qui n’a jamais rêvé devant un ciel de nuit sans nuage où d’innombrables étoiles scintillent autour d’une lune triomphante. Mais qui connaît la belle histoire de l’étoile du matin et de celle du soir ?

>>Hang Nga, la Déesse de la Lune

>>Voleur chassé

>>Trois unis à jamais

L'histoire de Sao Hôm (étoile du soir) et Sao Mai (étoile du matin) raconte l'amour d'un bûcheron et d'une fée.

Il y avait jadis, dans un lieu solitaire et ignoré des hommes, une fontaine où venaient se baigner les fées. Là, loin du regard des humains, elles venaient s’ébattre dans une onde pure et fraîche. Un jour, un bûcheron égaré, attiré par leurs rires espiègles, arriva au bord de la fontaine et les surprit. Vivement, il se cacha derrière un bosquet et les observa. Les fées avaient déposé leurs vêtements sur les arbres du rivage. Quand elles se furent baignées, elles sortirent de l’eau, reprirent leurs atours et s’envolèrent. Une seule resta en arrière.

Le bûcheron s’assura qu’elle était seule, se précipita sur les habits de la fée et les emporta. La fée, en gémissant, le supplia de lui rendre ses habits pour qu’elle puisse retourner dans sa demeure. Mais, le bûcheron, qui voulait la garder pour en faire sa femme, restait sourd à ses plaintes. Elle fut donc forcée de le suivre.

Chagrin d’amour

Arrivé à sa maison, le bûcheron cacha les habits de la fée au fond du grenier à riz, sous de gros sacs. La fée vécut donc avec lui et ils eurent un enfant. Un jour, alors que le petit avait 3 ans, le mari étant absent, la fée vendit la provision de riz. Elle trouva ses habits dissimulés sous les sacs de riz. Radieuse, elle les revêtit, détachant seulement son peigne qu’elle fixa au col du vêtement de son fils. Elle lui fit ses adieux en lui disant : "Reste ici, ta mère est fée et ton père est mortel : il ne nous est pas permis de vivre longtemps unis !". Les yeux emplis de larmes et le cœur rempli du chagrin de quitter son fils, elle s’envola pour le pays des fées.

Quand le mari revint à la maison, il trouva son fils en pleurs et demanda à sa mère, qui vivait avec eux, où était sa femme. La mère répondit qu’elle ne l’avait pas vue de la demi-journée. Le mari se douta de ce qui était arrivé : il courut au grenier à riz, vit que le riz avait disparu et les habits de la fée aussi. Quand il aperçu le peigne fixé aux vêtements de son fils, il comprit que la fée l’avait quitté.

Accablé de tristesse, il prit son fils et se rendit avec lui à la fontaine. Mais il n’y avait plus de fée descendue se baigner. Il y avait là seulement des servantes qui puisaient de l’eau. Comme l’homme avait soif, il leur demanda à boire et leur conta ses malheurs. Pendant qu’il leur faisait ce récit, l’enfant laissa tomber son peigne dans une des jarres…

Des étoiles qui brillent comme l’amour d’une fée et d’un homme.
Photo : CTV/CVN

De retour chez elles, quand les servantes eurent vidé les jarres, on trouva le peigne au fond de l’une d’entre elles. Leur maîtresse, la fée, leur demanda d’où venait ce peigne. Les servantes ne surent que dire. La fée voulut savoir si elles avaient rencontré quelqu’un près de la fontaine. Elles répondirent qu’elles avaient vu un homme. Il leur avait demandé à boire, leur disant qu’il cherchait sa femme en vain… La fée charma alors un mouchoir qu’elle remit aux servantes en leur disant que si l’homme y était encore, il fallait lui dire de mettre ce mouchoir en guise de turban et de les suivre. Les servantes obéirent et ramenèrent le mari de la fée avec son fils. Les époux se voyant réunis furent transportés de joie.

Terrible erreur

Au bout de quelque temps, le mari demanda à la fée comment elle avait eu le cœur de l’abandonner ainsi. La fée lui répondit : "Les unions des mortels et des génies ne peuvent durer. C’est pourquoi j’ai dû vous abandonner. Mais vous sachant affligé, je vous ai fait venir ici pour vous consoler de votre chagrin. Hélas, maintenant, il vous faut retourner sur terre". Le mari gémit, ne voulant pas quitter la fée. Elle lui dit : "Descendez le premier, dans quelques temps, je demanderai à l’Empereur de Jade la permission de retourner vivre avec vous. Aujourd’hui, je n’oserai pas car il y a trop peu de temps que je suis revenue au Ciel".

Le mari consentit à s’en retourner. La fée ordonna à ses servantes de le faire asseoir avec son fils sur un tambour que l’on descendrait avec une corde. Elle leur donna du riz pour nourrir l’enfant et dit au mari, quand il serait arrivé sur terre, de frapper deux coups sur le tambour afin que les servantes coupent la corde. Ils se séparèrent en pleurant et les servantes laissèrent filer la corde. Seulement comme le tambour était encore à mi-hauteur, voici que passa un vol de corbeaux qui virent le gamin manger des grains de riz. Ils se mirent à picorer le riz tombé sur le tambour. Sous les coups de becs, le tambour résonna ; les servantes, qui crurent qu’ils étaient arrivés sur terre, coupèrent la corde. Le père et le fils furent alors précipités dans la mer où ils périrent. Les corbeaux voyant cela s’envolèrent avec des croassements.

L’Empereur de Jade les entendit, fit comparaître les fées et apprit qui était responsable de la mort de cet homme et de son fils. Pour la punir, il la transforma en étoile du matin. Le père et le fils devinrent étoiles du soir. Les servantes durent chaque année, le 15e jour du 7e mois lunaire, faire un sacrifice funéraire. Le même jour, les corbeaux forment un pont pour permettre aux époux de se revoir.

Sans doute, lorsque vous verrez les premières étoiles scintiller le soir ou les dernières s’éteindre au petit matin, vous aurez une pensée pour cette fée et ce mortel qui rêvaient d’un amour impossible et que la nuit sépare éternellement.


Ông Ngoai/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam.

Permis de publication : 25/GP-BTTTT

Tél : (+84) 24 38 25 20 96

E-mail : courrier@vnanet.vn, courrier.cvn@gmail.com

back to top