>>Le Génie de la pluie et le crapaud (suite)
Un astre à la hauteur de la beauté d’une belle jeune femme légendaire. |
Photo : CTV/CVN |
Neuf de trop
Il y a très longtemps, tout au début de la création de l’univers, on raconte qu’il apparut dix soleils au-dessus de nous. Tous réchauffèrent la Terre tellement fort qu’il y eut des incendies et que de la fumée enveloppa la planète. Les lacs et même les mers furent asséchés, et les humains survécurent difficilement à cette chaleur. Parmi eux, il y avait un héros du nom de Hâu Nghê, qui ne put accepter cette misère. Il décida de monter jusqu’au sommet du mont Kunlun, l’une des plus longues chaînes de montagnes d’Asie.
Hâu Nghê était doté d’une force herculéenne et d’une arbalète magique. Il visa neuf soleils, tira neuf flèches et fit tomber neuf astres. Après quoi, satisfait de son exploit, il laissa le dixième soleil réchauffer doucement la Terre et les récoltes. Puis, il décida de se consacrer aux hommes et fonda une école appelée "Comprendre le monde". Beaucoup de guerriers et personnes de talent vinrent le trouver afin de suivre ses enseignements. Il reçut la sympathie et le respect de tous.
Peu de temps après, Hâu Nghê épousa une belle femme, au bon cœur, du nom de Hang Nga. Après ses leçons d’art martial, il passait son temps aux côtés de son épouse, et tout le monde admirait ce couple. Mais, parmi les élèves de l’école, il y avait Bông Mông, un homme à l’âme infâme. Un jour, Hâu Nghê retourna au mont Kunlun pour rendre visite à quelques amis. Sur la route, il rencontra par hasard la Déesse mère (selon la légende, la demeure de la Déesse mère se trouve dans ce massif montagneux). Il lui demanda l’élixir d’immortalité, ce que la Déesse mère lui donna avec plaisir en récompense de ce qu’il avait fait pour l’humanité.
Selon la légende, lors que l’on prend cette potion, on devient dieu et vole directement aux cieux. Mais Hâu Nghê ne voulait pas se séparer de sa femme, alors il lui donna afin qu’elle la garde précieusement. Au moment où Hang Nga s’apprêtait à ranger cet élixir dans son coffre à bijoux, Bông Mông, l’infâme élève de Hâu Nghê, la vit.
Une seule si loin
Trois jours après, Hâu Nghê organisa une sortie de chasse avec ses élèves. Bông Mông prétendit être malade et demanda à rester à l’école. Il attendit que tout le monde soit parti pour pénétrer dans les appartements de Hang Nga. Armé de son épée, il obligea cette dernière à lui donner la boisson d’immortalité.
Hang Nga savait qu’elle ne ferait pas le poids contre Bông Mông. Pressée par cette brute, elle ouvrit son coffre à bijoux, prit l’élixir et, plutôt que de lui donner, le bu d’une traite.
Lors de la Fête de la Lune, on raconte de belles légendes sur Hang Nga et Chú Cuôi, le gardien de buffles. |
Photo : CTV/CVN |
Soudainement, Hang Nga se sentit très légère. Elle passa par la fenêtre et s’envola vers les cieux. Mais elle repensa à son époux et s’arrêta sur la Lune, l’endroit le plus près des humains. C’est ainsi qu’elle devint Déesse de la Lune.
Quand Hâu Nghê rentra à la maison le soir, il vit les servantes de sa femme en larmes. Elles lui racontèrent l’incident du matin. Hâu Nghê entra dans une colère noire, se mit à la recherche de Bông Mông pour le châtier. Mais l’ignoble personnage s’était enfui depuis longtemps.
Hâu Nghê fut dévasté mais il ne lui restait plus que ses yeux pour pleurer. Peiné, il regarda vers le Ciel et cria le nom de son épouse. Ô combien fut sa surprise quand il vit la Lune belle et ronde, au milieu de laquelle il aperçut la silhouette de sa femme lui faire signe. Hâu Nghê se pressa de demander à ses valets d’aller dans le jardin préféré de son épouse. Il dressa une table d’offrandes, sur laquelle il mit de l’encens, les fruits et les mets préférés de Hang Nga afin que sur la Lune, elle puisse voir qu’il pense à elle.
Quand la nouvelle vint aux oreilles du peuple, tout le monde prépare les offrandes sous le clair de lune pour demander la chance et la paix à la Déesse Hang Nga. Depuis, le peuple vietnamien pratique le culte de la Lune pour les obtenir. On lui a même dédié une fête, celle de la mi-automne, la deuxième célébration la plus importante après le Têt traditionnel ! C’est le jour où la Lune est la plus belle, la plus ronde et la plus brillante de l’année. Et la Déesse de la Lune, comme on la nomme affectueusement, est si bonne qu’elle a pris les enfants sous sa protection.
La Fête de la Lune est aussi celle des enfants. À cette occasion, on leur raconte de belles légendes, celle qui décrit l’histoire de Chú Cuôi, le gardien de buffles qui voyagea malencontreusement vers la Lune en essayant de retenir un banian sacré. Chaque année, en allumant leurs lanternes et en participant à la procession, les enfants montrent ainsi le chemin du retour vers la Terre à Chú Cuôi.
L’autre légende met en scène une carpe qui voulait devenir un dragon et qui, pour y arriver, travailla dur toute l’année jusqu’à se transformer en dragon. Des histoires merveilleuses que je vous conterai sans doute un jour !
Ông Ngoai/CVN