>>Le Sommet sur les postes clés de l'Europe joue les prolongations
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le 1er juillet à Bruxelles. |
Les chefs d'État et de gouvernement se retrouvent dès 11h00 (09h00 GMT) à Bruxelles, qu'ils ont quitté lundi 1er juillet après 18 heures de négociations infructueuses. Les 28 n'ont pas réussi à s'accorder sur le quartet des postes clés de l'UE: présidence de la Commission européenne, du Conseil, du Parlement, Haut représentant pour les affaires étrangères.
Autant de postes à renouveler après les élections de mai, qui ont vu le tandem PPE (droite) et social-démocrate perdre le contrôle de la majorité qu'il détenait au Parlement européen. Dimanche 30 juin, un compromis soutenu par l'Allemagne, la France, l'Espagne et les Pays-Bas était pourtant en passe de faire consensus: le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans pour la Commission, l'Allemand Manfred Weber, chef de file du PPE, pour le Parlement et un couple PPE-libéral pour le Conseil et le Haut représentant.
En outre, la France pouvait, elle, demander la gouvernance de la BCE. Pour une femme, parité oblige. Une nomination pour 8 ans sur un poste qui arrive également à échéance. Mais ces arrangements entre amis, fût-ce par le couple franco-allemand, ne suffisent plus pour emporter l'adhésion d'Européens divisés. Une partie du PPE refuse le compromis Macron - Merkel qui prive son chef de file Manfred Weber de la présidence de la Commission. D'autres pays ont rejeté une combinaison conclue sans eux.
Le président français Emmanuel Macron fait une déclaration à la presse à l'issue d'un sommet européen, le 1er juillet à Bruxelles. |
Proche dans la nuit, l'accord a été bloqué par de petits pays, selon une source européenne: Irlande, Lettonie, Croatie et plusieurs pays de l'est du "groupe de Visegrad" qui s'estimaient insuffisamment représentés. Vers midi, le sommet a été interrompu avec un nouveau rendez-vous le lendemain matin, rare décision qui contraint 28 chefs d'État et de gouvernement à chambouler leur agenda. Fatigué après une semaine au Japon, Emmanuel Macron s'est emporté contre cet "échec", conscient que cet aveu d'impuissance allait à l'encontre de son ambition d'une UE plus forte.
"Cela donne une très mauvaise image de l'Europe, une image pas sérieuse", "pas crédible au plan international", a-t-il fustigé, regrettant "des heures passées en palabres" qui transforment l'UE en "un club de 28 qui se réunit sans jamais se décider". Il en a profité pour réclamer une réforme de la gouvernance pour que l'UE ne soit plus "l'otage de petits groupes".
Angela Merkel a au contraire cherché à minimiser le report, estimant que prendre son temps valait la peine pour éviter "cinq ans de tensions" en raison de mauvais choix. La situation n'est pas pire qu'en 2014, où il avait fallu trois sommets pour attribuer la présidence de la Commission à Jean-Claude Juncker (PPE) et celle du Parlement à Martin Schulz, chef de file des sociaux-démocrates. Un quatrième sommet fin août avait porté sur le poste de président du Conseil et de Haut représentant.
Effet domino
Les consultations se sont poursuivies lundi soir 1er juillet entre les 28 ainsi qu'entre groupes politiques à Strasbourg, où le nouveau Parlement ouvre sa session ce mardi 2 juillet.
Organigramme de l'Union européenne avec photos des responsables de cinq institutions qui seront remplacés cette année. |
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont tous deux dit espérer un accord rapide mardi matin 2 juillet. Selon une source européenne, un compromis pourrait être trouvé sur le casting Timmermans-Weber. Si les 28 échouaient de nouveau mardi à s'accorder sur des noms qui doivent respecter des équilibres géographiques, politiques et femmes/hommes, un effet domino risque de se faire sentir jusqu'à Strasbourg. Les eurodéputés pourraient en effet choisir de retarder l'élection de leur président, l'une des variables de l'équation de Bruxelles.
AFP/VNA/CVN