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Donald Trump déterminé à battre en brèche la régulation bancaire et financière. |
"Règlements de comptes à CFPB corral" titrait une tribune du Washington Post lundi 27 novembre pour résumer la bataille que se livrent l'exécutif et le Bureau de protection financière des consommateurs (CFPB) sur le leadership et la survie de cette agence créée par l'administration Obama.
L'abcès se focalise sur cette instance chargée d'arbitrer et de contrôler les relations entre les banques et les consommateurs.
Depuis sa création après la crise financière de 2008-2009, le CFPB n'a cessé d'attirer les foudres des républicains, le parti de Donald Trump, qui le jugent trop indépendant et trop sévère vis-à-vis des banques.
Le CFPB avait notamment révélé le scandale des millions de faux comptes créés à l'insu de leurs clients par les employés de la banque Wells Fargo, en échange de bonus de rémunération. La banque a été condamnée à une amende de 100 millions de dollars.
La semaine dernière, après la démission du directeur du CFPB, le démocrate Richard Cordray, Donald Trump s'est empressé de nommer un nouveau patron par intérim, en la personne de Mick Mulvaney, son directeur du Budget. Cet ancien parlementaire ultra-conservateur a qualifié lundi 27 novembre l'institution qu'il doit diriger "d'exemple horrible de bureaucratie". Il a prononcé un gel d'un mois de toutes les mesures règlementaires en cours et dit qu'il voulait faire du CFPB une agence qui "n'étouffe pas l'accès au capital".
Dans le même temps, le directeur-partant a affirmé que, aux termes des statuts de l'agence, c'était à lui de nommer un successeur par intérim et a choisi pour cela sa directrice-adjointe.
Devant la justice
Deux patrons étaient donc en poste lundi 27 novembre pour un seul CFPB dans une saga qui risque de se dérouler maintenant devant la Justice.
Dans un geste de confrontation inhabituel, Leandra English, la nouvelle directrice désignée par M. Cordray, a demandé à un juge fédéral de bloquer la nomination du candidat de Donald Trump.
Des élus des deux camps ont crié au scandale. "Tous les Américains devraient être très inquiets de la décision cynique de la Maison Blanche de bafouer la loi et de tenter de mettre, à la tête du CFPB, le chef de file de ses dangereuses politiques anti-défense des consommateurs", a protesté la cheffe de l'opposition démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
Elizabeth Warren, l'élue démocrate qui est la bête noire de Wall Street, a affirmé que M. Mulvaney voulait "rouvrir les portes aux grandes banques pour qu'elles trompent encore davantage de ménages".
L'affaire éclate alors que le président Trump, qui a fait de la dérégulation financière un de ses chevaux de bataille, dispose dans les semaines qui viennent de multiples occasions pour marquer ce domaine de son empreinte.
Mardi 28 novembre, Jerome Powell, qui vient d'être choisi pour diriger la banque centrale (Fed) en remplacement de Janet Yellen, est entendu par le Congrès pour son audience de confirmation en commission. Dans son discours remis à la presse la veille, il apparaît toutefois prudent sur l'évolution de la régulation promettant d'"alléger le fardeau" tout en plaidant pour le maintien des principes des garde-fous financiers instaurés par la loi Dodd-Frank après la crise financière.
Un républicain modéré, avocat et ancien banquier d'investissement, ce gouverneur de la Fed devrait passer ce cap de confirmation haut la main, selon les observateurs. Il prendra son poste le 3 février alors que Mme Yellen, qui avait la possibilité de rester au sein du directoire de la Fed en tant que simple gouverneur, a préféré démissionner.
Avec le départ de Mme Yellen, le président Trump détient l'occasion unique de remplacer la majorité du directoire de la puissante banque centrale qui est aussi le grand régulateur bancaire. Quatre postes de gouverneurs sur sept sont à pourvoir.
Lundi 27 novembre, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a en outre intronisé un ancien collègue et banquier, Joseph Otting, à la tête de l'Office of the Comptroller of the Currency (OCC), une autre instance de régulation des banques.