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Des hommes portent les cercueils du puissant général iranien Qassem Soleimani, d'Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux de la coalition des paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi et de huit autres hommes tués dans un raid , le 4 janvier. |
Certains de ces sites iraniens "sont de très haut niveau et très importants pour l'Iran et pour la culture iranienne", a précisé M. Trump dans un tweet. "Les États-Unis ne veulent plus de menaces !", a-t-il prévenu.
M. Trump a souligné que le chiffre de 52 correspondait au nombre d'Américains qui avaient été retenus en otages pendant plus d'un an à partir de la fin de 1979 à l'ambassade des États-Unis à Téhéran.
Les factions pro-Iran en Irak font monter la pression sur les bases abritant des soldats américains à l'issue d'une journée de défilés monstres pour les funérailles du puissant général iranien Qassem Soleimani tué à Bagdad par les Américains.
En Irak, samedi 4 janvier en soirée a débuté ce qui pourrait être le début de l'escalade tant redoutée depuis le raid qui a pulvérisé vendredi 3 janvier le convoi de Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de combattants pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.
Des roquettes et obus de mortier se sont abattus quasi-simultanément dans la Zone verte de Bagdad, où se trouve l'ambassade américaine, et sur une base militaire plus au nord, où sont déployés des soldats américains, sans faire de victimes.
"Guerre directe"
"Les États-Unis attaquent directement un général iranien et des groupes combattent désormais ouvertement au service de l'Iran pour venger ce général : ce n'est plus une guerre par procuration, c'est une guerre directe", affirme Erica Gaston, chercheuse à la New America Foundation.
Après les attaques de samedi soir 4 janvier, les brigades du Hezbollah, la faction la plus radicale du Hachd, ont appelé les forces de sécurité irakiennes à s'éloigner "d'au moins 1.000 mètres" des bases irakiennes où sont présents les soldats américains, à partir de dimanche 5 janvier à 17h00 (14h00 GMT).
Plus tôt dans la journée, le Parlement doit tenir une séance extraordinaire au cours de laquelle il pourrait voter l'expulsion des 5.200 militaires américains déployés en Irak.
L'OTAN a déjà suspendu ses opérations en Irak et la coalition antijihadistes emmenée par les États-Unis les a réduites tout en renforçant la sécurité des bases où sont les Américains. Washington a déjà annoncé le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.
En soirée, des drones survolaient la base K1 de Kirkouk où sont postés des Américains, de même que celle de Balad, également au nord de Bagdad, selon des sources sur place.
Samedi 4 janvier, les appels à la "vengeance" ont fusé au milieu des drapeaux américains en feu et des cris de "Mort à l'Amérique" dans des défilés de dizaines de milliers d'Iraniens en pleurs à Téhéran, ou d'Irakiens en noir et se frappant la poitrine en signe de deuil à Bagdad, Kerbala et Najaf, deux villes saintes au sud de la capitale.
En présence du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi et de hauts commandants du Hachd, ils ont accompagné dans la Zone verte ultrasécurisée les cercueils des dix hommes tués vendredi 3 janvier par un drone américain près de l'aéroport de Bagdad.
Devant celui de Mouhandis, Hadi al-Ameri, patron des députés pro-Iran au Parlement, a lancé : "Sois-en sûr, le prix de ton sang sera le départ des troupes américaines d'Irak".
Et à l'approche de la réunion au Parlement, un député pro-Iran avertit déjà : "chaque député qui n'assistera pas au vote pour bouter l'occupant hors d'Irak sera un traître à la patrie".
L'assassinat de Soleimani a créé un consensus rare contre les États-Unis dans un Irak secoué depuis des mois par une révolte contre le pouvoir et la mainmise de l'Iran.
"Prêts"
Des Irakiens entourent la voiture transportant les cercueils du général iranien Qassem Soleimani et de l'homme de l'Iran en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis, tués dans un raid américain, lors de leurs obsèques à Bagdad, le 4 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Parce que Washington a "violé la souveraineté de l'Irak", selon les mots des plus hauts dirigeants, le Hachd a appelé ses combattants à se "tenir prêts" et le leader chiite irakien Moqtada Sadr a réactivé sa milice dissoute après avoir harcelé l'occupant américain en Irak (2003-2011).
Lors des obsèques à Bagdad, plusieurs chefs du Hachd se sont montrés après des rumeurs, démenties, sur la mort de plusieurs d'entre eux dans un raid samedi avant l'aube, au nord de Bagdad, contre un convoi du Hachd.
La télévision d'État irakienne a accusé les États-Unis d'avoir encore frappé, mais un porte-parole de la coalition antijihadistes a assuré qu'"aucun raid américain ou de la coalition n'avait eu lieu".
Depuis l'assassinat de Soleimani il y a près de 48 heures, la communauté internationale redoute la déflagration.
Moscou et Paris ont appelé à ne pas "aggraver sérieusement la situation" au Moyen-Orient.
Justifiant l'ordre de tuer Soleimani, le président américain Donald Trump a assuré qu'il préparait des attaques "imminentes" contre diplomates et militaires américains.
"Ridicule"
L'ambassadeur iranien à l'ONU Majid Takht Ravanchi a lui dénoncé un "acte de guerre" appelant une réponse "militaire". L'Iran a aussi annoncé avoir retoqué un appel américain "ridicule". Dans un message transmis par la Suisse qui représente les intérêts des États-Unis en Iran en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays, Washington a dit à Téhéran : "+si vous voulez vous venger, vengez-vous proportionnellement à ce que nous avons fait+", a rapporté un haut dirigeant iranien. "Personne n'imagine que les Iraniens vont reculer", tranche la spécialiste de l'Iran, Erica Gaston. Malgré l'escalade verbale, le travail diplomatique en coulisses semble s'intensifier. Le chef de la diplomatie qatarie, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, dont le pays est proche de l'Iran et abrite la plus grande base américaine au Moyen-Orient, a rencontré son homologue iranien Mohammad Javad Zarif à Téhéran. En Irak, Mouhandis et les quatre autres Irakiens tués ont été enterrés en soirée à Najaf dans le plus grand cimetière chiite du monde. Les corps des cinq Iraniens tués avec eux, dont Soleimani, seront eux transférés dimanche vers leur pays. Le puissant général sera enterré mardi 7 janvier à Kerman (Centre), après trois jours de cérémonies d'hommage. Son assassinat a été ordonné deux jours après l'attaque de l'ambassade américaine lors du cortège funéraire de 25 combattants des brigades du Hezbollah tués dans un autre bombardement américain dimanche 5 janvier. Washington avait alors répondu à la mort d'un sous-traitant américain dans une énième attaque à la roquette, attribuées aux pro-Iran par Washington mais jamais revendiquées.