>>Retraites : Macron ne lâche rien, pas d'issue en vue
>>Macron devrait rester ferme sur sa réforme malgré un conflit qui se prolonge
>>Retraites : le ton monte en attendant les vœux de Macron
Capture d'écran du président Macron lors de ses voeux aux Français, le 31 décembre 2019 depuis l'Élysée. |
Lundi matin 6 janvier, comme pour chaque rentrée de janvier, le gouvernement se réunira au ministère de l'Intérieur pour un petit-déjeuner de travail, puis tous les ministres parcourront à pied les 50 mètres qui séparent l'hôtel Beauvau du Palais de l'Élysée. Avant de débuter le Conseil des ministres, le gouvernement présentera ses voeux au président.
Emmanuel Macron et son gouvernement devront ensuite arrêter leur stratégie pour sortir d'un conflit où chacun campe sur ses positions.
Édouard Philippe, enjoint par le chef de l'État le 31 de trouver un "compromis rapide" avec "les syndicats qui le veulent", a déjà convoqué vendredi 3 janvier plusieurs des ministres concernés. Une réunion impromptue, pour faire le point sur la situation dans les transports et l'avancée des "négociations".
Lesquelles semblent bloquées. Emmanuel Macron s'est redit déterminé à "mener à terme" la réforme et n'a rien lâché, notamment sur l'âge-pivot à 64 ans, qui a mis en colère les syndicats réformistes CFDT, CFTC et Unsa.
Mais à moins d'apparaître comme partisans d'un passage en force, Emmanuel Macron et son Premier ministre n'ont plus que deux semaines pour trouver une solution avant la présentation de la réforme en Conseil des ministres, la semaine du 20 janvier.
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Réunion de travail de membres du gouvernement avec Édouard Philippe le Premier ministre (gauche), à l'hôtel Matignon, sur la réforme des retraites. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
D'autant que les opposants cherchent à remobiliser leurs troupes et durcir le mouvement et gagner la bataille de l'opinion. Selon un dernier sondage Odoxa, le soutien au mouvement de grève reste majoritaire mais s'essouffle (61%, - 5 points en deux semaines). Seuls 24% (+4%) pensent que l'exécutif doit conserver intégralement son projet actuel.
Dès lundi 6 janvier, de nouveaux appels à la grève ont été déposés, notamment par les avocats, le 2e syndicat de pilote d'Air-France et des fédérations d'infirmiers et de kinésithérapeutes. La CGT a promis un durcissement des blocages de raffineries, terminaux pétroliers et dépôts.
Mardi 7 janvier, les "négociations" reprendront après une longue pause de 17 jours où rien n'a évolué. Édouard Philippe sera sur RTL à 07h40 avant d'introduire les discussions avec les partenaires sociaux, non pas à Matignon mais au ministère du Travail, et sous l'égide de Muriel Pénicaud, absente jusqu'à maintenant des négociations.
"Je découvre que Mme Pénicaud qui n'a participé à aucune réunion depuis le début, d'un seul coup c'est elle qui prend la main", a ironisé vendredi 3 janvier le leader de la CGT Philippe Martinez qui y a vu une "cacophonie" gouvernementale.
Sa présence s'explique par la nécessité de "discuter aménagement de la fin des carrières et emploi des seniors" comme fixé par le Premier ministre le 23 décembre, a répondu une source gouvernementale.
La réunion de mardi 7 janvier doit aborder la pénibilité, seule piste de tractation évoquée par Emmanuel Macron le 31, ainsi que l'emploi des seniors. "Il y a beaucoup de grain à moudre, beaucoup de choses sur la table", a assuré vendredi 3 janvier la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.
L'opposition, de gauche comme de droite, accuse le gouvernement d'être "responsable de l'enlisement" et de la "pagaille", alors que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a estimé vendredi 3 janvier qu'il fallait "passer à autre chose" afin de limiter les impacts de la grève, notamment sur les artisans et commerçants d'Ile-de-France.
La suite de la semaine s'annonce cruciale dans le bras de fer entre les syndicats et l'exécutif.
Deux grandes journées d'actions et de manifestations sont prévues : d'abord le jeudi 9 janvier, avec un appel de l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU) à une journée interprofessionnelle de manifestations et de grèves. Puis le samedi 11 janvier, avec un appel à manifester dans tout le pays, lancé par l’intersyndicale rejointe par les syndicats de lycéens et d'étudiants Unef et UNL.
Parmi les inconnues de la semaine à venir, la position du leader de la CFDT Laurent Berger, qui pourrait être sensible à des concessions sur la pénibilité mais qui a fait du retrait de l'âge pivot pour tous un critère non négociable.
En attendant, le trafic SNCF restait perturbé pour les retours de vacances scolaires du week-end mais avec une amélioration, tout comme à la RATP. La SNCF s’attend aussi à une "forte amélioration" du trafic TGV la semaine prochaine.
AFP/VNA/CVN