>>Entre Macron et Trump, une rencontre sur fond de dissonances diplomatiques
Le président américain Donald Trump (gauche) a accueilli à la Maison-Blanche son homologue français Emmanuel Macron, le 23 avril. |
Chaleureusement accueilli avec une embrassade par M. Trump à son arrivée, M. Macron a rejoint ce dernier dans le Bureau ovale pour une brève visite de ce lieu chargé d'histoire. Dans une ambiance résolument décontractée, le président de la première puissance mondiale lui a notamment montré le célèbre "Resolute Desk" que "beaucoup de présidents ont utilisé", a-t-il tenu à souligner.
Accompagnés de leurs épouses, Brigitte Macron et Melania Trump, les deux dirigeants, que 30 ans séparent, se sont rendus dans les jardins de la résidence. Là, chacun une pelle dorée en main, ils ont jeté une poignée de terre sur les racines d'un jeune chêne venu d'une forêt du nord de la France où périrent plus de 2.000 Marines américains pendant la Grande Guerre. Ils se sont ensuite envolés, à bord de l'hélicoptère présidentiel Marine One, vers Mount Vernon, demeure du premier président américain George Washington, pour un dîner privé face au Potomac, neuf mois après leur premier repas à quatre avec vue imprenable sur Paris, au deuxième étage de la Tour Eiffel.
"Nous, les États-Unis comme la France, avons une responsabilité toute particulière (...), nous sommes les garants du multilatéralisme contemporain. Nous avons beaucoup de décisions à prendre", avait lancé le président français à son arrivée sur la base aérienne d'Andrews, dans une brève allocution en anglais, puis en français. Peu avant, le couple Macron a visité le célèbre monument Lincoln, à l'effigie du seizième président des États-Unis, profitant de cette balade pour s'octroyer un petit bain de foule.
Amitié inattendue
"Après des mois de préparation, POTUS et moi avons hâte de recevoir la France pour notre premier dîner d'État!", avait de son côté tweeté Melania Trump, en publiant une vidéo la montrant en train de veiller aux préparatifs du dîner d'État mardi soir 24 avril à la Maison Blanche. Au menu: tourte au fromage de chèvre, agneau et oignons Soubise, tarte aux nectarines et crème fraîche glacée.
L'amitié entre |
L'amitié entre Donald Trump et Emmanuel Macron devrait être mise à l'épreuve à compter de mardi 24 avril quand démarreront les discussions. Photo: AFP/VNA/CVN |
L'amitié inattendue entre ces deux présidents aux positions souvent aux antipodes devrait être mise à l'épreuve à compter de mardi 24 avril, quand démarreront les discussions de fond. Le président français espère en effet infléchir son hôte, qu'il a en janvier qualifié d'"imprévisible", sur plusieurs sujets de discorde. En premier lieu il veut le convaincre de maintenir l'accord sur le nucléaire iranien, que Donald Trump a promis de "déchirer" en campagne. Il cherchera aussi à le persuader de laisser ses troupes en Syrie et d'exempter l'UE de taxes douanières sur l'acier et l'aluminium.
Pour préparer le terrain, M. Macron a énuméré ses arguments dimanche 22 avril sur Fox News, chaîne que regarde assidûment son hôte. Hors de l'accord de 2015, "il n'y a pas de plan B" pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, a-t-il plaidé. Et sur la Syrie, si les Occidentaux se retiraient brutalement, l'Iran occuperait le terrain et le retrait attirerait de nouveaux terroristes, a-t-il plaidé.
Londres et Paris à l'unisson
Le dirigeant français a reçu lundi 23 avril deux renforts de poids sur la question iranienne. La Chine et la Russie ont annoncé qu'elles bloqueraient toute tentative de "saboter" l'accord nucléaire signé en 2015 avec l'Iran et jugé "inacceptable" toute révision de ce texte fruit d'années d'efforts diplomatiques. L'accord conclu par les grandes puissances avec Téhéran pour l'empêcher de se doter de l'arme atomique est "l'une des plus grandes réalisations de la diplomatie internationale ces dernières années" et "toute révision de ce document est inacceptable", a martelé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Et juste avant son arrivée aux États-Unis, le chef de l'État français s'est entretenu lundi matin 23 avril avec Vladimir Poutine, qu'il rencontrera le 24 mai, pour évoquer notamment la nécessité de préserver l'accord. Londres aussi a apporté lundi 23 avril de l'eau à son moulin. Boris Johnson, le chef de la diplomatie britannique, a souligné qu'entre la France et la Grande-Bretagne il n'y avait "pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarettes" sur le sujet et que l'accord devait être préservé.