>>Arménie : le parti au pouvoir en tête des législatives
L'opposition arménienne manifeste contre le Premier ministre Serge Sarkissian le 20 avril 2018 à Erevan. |
"Je suis venu pour parler de votre démission", a déclaré le député Nikol Pachinian à son interlocuteur, devant les caméras. "Ce n'est pas un dialogue, c'est du chantage", a répondu ce dernier avant de quitter la salle du grand hôtel d'Erevan où la rencontre avait lieu. "Je ne peux que vous conseiller de revenir dans un cadre légal, sinon vous porterez la responsabilité" de ce qui peut arriver, a-t-il ajouté.
L'échange acrimonieux s'est poursuivi. "Vous ne comprenez pas la situation en Arménie, le pouvoir est maintenant entre les mains du peuple", a déclaré M. Pachinian. Ce à quoi le Premier ministre a répliqué qu'"un parti qui a enregistré un score de 8 pour cent aux élections (législatives) ne peut pas parler au nom du peuple". Il a ensuite quitté la pièce.
À l'appel de M. Pachinian, député et leader de l'opposition, des manifestations se sont succédé au cours des dix derniers jours à Erevan. Samedi 21 avril, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont encore rassemblées sur la place de la République, dans le centre de la capitale.
Les protestataires accusent Serge Sarkissian, qui vient d'achever son deuxième mandat présidentiel, de s'accrocher au pouvoir en s'étant fait élire Premier ministre par les députés. Alors que la Constitution interdit au président d'effectuer plus de deux mandats, M. Sarkissian avait fait voter en 2015 une réforme controversée donnant l'essentiel des pouvoirs au Premier ministre.
Au-delà des manoeuvres de M. Sarkissian pour rester au pouvoir après plus d'une décennie à la présidence, les manifestants reprochent à cet ancien militaire de 63 ans de n'avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, alors que les oligarques ont toujours la haute main sur l'économie de ce pays enclavé du Caucase comptant moins de 3 millions d'habitants.
Nikol Pachinian, 42 ans, est un ancien journaliste et un opposant de longue date qui a brièvement été en prison après avoir déjà pris part à des mouvements de protestation contre Serge Sarkissian qui avaient fait 10 morts en 2008.
AFP/VNA/CVN