>>Cinq militaires tués en Colombie par les FARC à la veille de leur trêve
"Un cessez-le-feu unilatéral et illimité des Farc commence. C'est un geste positif qui va dans la bonne direction", a déclaré le président Juan Manuel Santos, qui refuse de son côté tout armistice avant un accord de paix définitif.
Le chef de la délégation des Farc Pablo Catatumbo (centre) fait une déclaration pendant les pourparlers de paix avec le gouvernement colombien à La Havane, le 18 décembre 2014. Photo : AFP/VNA/CVN |
"J'espère qu'il y aura d'autres geste afin de permettre une désescalade du conflit et une accélération des résultats des négociations", a ajouté le chef de l'État.
Quelques heures avant ce cessez-le-feu unilatéral, instauré à partir de minuit, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont toutefois tendu une embuscade à une patrouille militaire, qui s'est soldée par la mort de cinq soldats dans l'ouest du pays.
"Les Farc ont conservé leur doctrice militaire du siècle passé qui vise à élever les actions militaires avant une trêve", a expliqué l'expert en sécurité Jairo Libreros, professeur à l'Université Externado de Colombie, y voyant une "perte de crédibilité politique" pour la guérilla.
Cette attaque n'a toutefois pas remis en question les pourparlers qui se déroulent depuis plus de deux ans à Cuba, dans l'espoir de résoudre le plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait en un demi-siècle quelque 220.000 morts et 5,3 millions de déplacés, selon des chiffres officiels.
Négociateur en chef du gouvernement, l'ex vice-président Humberto de la Calle, de retour à Bogota après une pause des discussions qui reprendront l'an prochain, a rappelé que la "raison d'être de la table de négociations est la fin de la guerre".
«Pays sans le tonnerre des bombes»
M. de la Calle a toutefois tenu à délivrer un message d'espoir après la fin du dernier cycle de négociations de l'année, durant lequel des victimes du conflit ont été entendus par à La Havane, donnant à la guérilla l'ocassion d'un mea culpa pour des exactions contre des civils.
Les corps de cinq militaires colombiens tués par les Farc à Santander de Quilichao, en Colombie, le 19 décembre. Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les Colombiens espèrent que cela n'est que le début de bien d'autres gestes dans le cadre des discussions et après la possible signature d'un accord final", a-t-il déclaré.
La trêve des Farc survient peu après une violente crise traversée par le processus de paix, temporairement suspendu le mois dernier à la suite de l'enlèvement d'un général, finalement relâché le 30 novembre.
"Cet épisode a finalement permis de renforcer le processus de paix. La prochaine épreuve sera la question de la justice transitionnelle", a confié sous couvert d'anonymat un haut responsable colombien, en référence au sorts réservé aux guérilleros repentis, thème brûlant à venir pour les négociations.
Le cessez-le-feu des Farc va-t-il durer ? La principale guérilla du pays, qui compte encore près de 8.000 combattants, s'est engagée à respecter une "interruption des hostilités pour une durée indéterminée", une décision sans précédent.
Mais elle a prévenu que sa trêve serait suspendue en "cas d'attaques de la part de la force publique" et prôné la mise en place d'observateurs internationaux, condition rejetée par M. Santos qui a comparé cette proposition des "fleurs pleines d'épines".
"Ne vous opposez pas au désir d'un peuple qui veut connaître son pays sans le tonnerre des bombes et des mitraillettes", ont répondu les Farc, dans un message publié peu avant l'instauration du cessez-le-feu.
La dernière attaque de la rébellion et le refus des autorités d'autoriser la mise en place d'une mission internationale laisse craindre la possibilité d'une réponse forte de l'armée, mettant ainsi en péril la poursuite de la trêve.
"Si le président a été bien clair sur le fait qu'il n'y aurait aucune consigne d'arrêt des opérations militaires, on pouvait très probablement espérer une diminution de l'intensité des affrontements", a estimé M. Libreros.
La trêve des Farc ne garantit en outre pas le silence total des armes, car la seconde guérilla, l'Armée de libération nationale (ELN), qui mène des pourparlers exploratoires avec le gouvernement, n'a pas suivi la même voie.
Fondée dans les années 1960 et comptant 2.500 combattants, l'ELN est accusé par les autorités d'avoir, durant la semaine, tué trois policiers et enlevé le maire d'une petite localité.