>>Les États-Unis annoncent leur retrait du traité historique sur les armes nucléaires avec la Russie
Le président russe Vladimir Poutine en compagnie de ses ministres des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (gauche), et de la Défense, Sergueï Choïgou (droite), le 2 février à Moscou. |
Les deux puissances s'accusent mutuellement de violer le traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF) signé à la fin de la Guerre froide, en 1987. Ce texte abolit l'usage - par eux seuls - des missiles terrestres d'une portée de 500 à 5.500 km.
Comme l'avait annoncé vendredi 1er février le président américain Donald Trump, "les États-Unis ont suspendu leurs obligations dans le cadre du traité INF, à compter d'aujourd'hui", a déclaré samedi 2 février le secrétaire d'État, Mike Pompeo, dans un communiqué. Il a parallèlement "formellement notifié" à Moscou "que les États-Unis se retireront" de celui-ci "dans six mois" si "la Russie ne se remet pas entièrement en conformité, de manière vérifiable, avec le traité", en détruisant les missiles et lanceurs contestés.
Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé avoir été "officiellement informé" par Washington.
"Nos partenaires américains ont annoncé qu'ils suspendaient leur participation à l'accord et nous la suspendons également", a rétorqué samedi 2 février Vladimir Poutine, ajoutant que Moscou ne prendrait plus l'initiative de négociations sur le désarmement avec les Américains avant qu'ils aient "suffisamment mûri pour avoir un dialogue d'égal à égal".
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, avait déjà évoqué vendredi 1er février l'avenir du traité START de réduction des arsenaux nucléaires, qui arrive à échéance dans deux ans: "Il peut simplement expirer le 5 février 2021 sans être prolongé".
Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a de son côté annoncé sur Twitter que des fonds seraient alloués au "financement de la recherche et du développement de nouveaux types d'armements".
Le "retrait unilatéral" des États-Unis "aggrave la situation en termes de sécurité internationale et de stabilité stratégique", a-t-il estimé, ajoutant que cela ne resterait pas "sans réponse".
Disant avoir "fait le maximum possible pour sauver le traité", la diplomatie russe a affirmé que Moscou "ne déploiera pas d'armements en Europe et dans d'autres régions où il n'y a pour le moment pas de déploiement de missiles américains".
Mike Pompeo a réaffirmé comme la veille que les États-Unis étaient "prêts" à "des négociations avec la Russie au sujet du désarmement", à condition que les résultats puissent être "mis en œuvre et vérifiés".
Nouveaux missiles
Vladimir Poutine avait déjà menacé de donner son feu vert au développement de nouveaux missiles de portée intermédiaire si les Américains renonçaient au traité INF. Il avait également évoqué l'adaptation d'engins similaires jusqu'alors déployés en mer ou dans les airs - non interdits par le traité - pour pouvoir être tirés à partir du sol.
Côté américain, cette décision ouvre également la voie à la modernisation de l'arsenal, comme la mise au point d'un missile nucléaire de faible puissance ou d'un missile de croisière qui violerait le traité INF, deux armements mentionnés dans la nouvelle posture nucléaire américaine rendue publique en 2018.
Le ministère russe de la Défense a accusé samedi 2 février les États-Unis d'avoir pris la décision d'abandonner cet accord dès 2017 en lançant "les préparatifs" pour produire de nouveaux missiles.
Fin 2018, le président russe avait suggéré d'associer de nouveaux États au traité INF, tels que la Chine, qui dispose de missiles proscrits pour ses signataires.
"Course aux armements"
Washington avait donné en décembre à la Russie 60 jours, jusqu'au 2 février, pour démanteler ses nouveaux missiles violant l'accord aux yeux des Américains et de l'OTAN.
La Russie avait pour sa part rejeté ces accusations "sans fondement", reprochant en retour à Washington de ne pas se conformer au traité.
Des discussions ces deux derniers mois n'ont abouti à aucun progrès et peu d'observateurs envisagent une percée d'ici au retrait définitif de Washington, début août.
Moscou accuse les États-Unis de chercher son "épuisement économique" par "une nouvelle course aux armements".
"S'il y a une course aux armements, c'est la Russie qui l'a lancée", a répondu un haut responsable américain.
L'OTAN a pour sa part déclaré "pleinement" appuyer la "démarche" américaine.
AFP/VNA/CVN