>> La quatrième étape du Tour de France : en route vers le circuit de Nogaro
>> Tour de France : Jasper Philipsen, tout sauf un désastre
Le cycliste belge Jasper Philipsen (gauche) lors de l'arrivée de la 4e étape du Tour de France à Nogaro, le 4 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans un hommage peut-être aux cavaliers seuls de Max Verstappen en Formule 1, le peloton a ronronné pendant cinq heures sur les routes gersoises, s'accordant une pause moyennement excitante à la veille de la première étape de montagne dans les Pyrénées.
"Sans doute l'étape du Tour de France la plus ennuyeuse depuis un long moment", a convenu Philipsen, de nouveau vainqueur après son succès la veille à Bayonne.
C'est simple : pendant les 181 premiers kilomètres d'une étape qui en comptait 181,8, il ne s'est strictement rien passé, hormis une échappée sans espoir de deux coureurs normands, Benoît Cosnefroy et Anthony Delaplace.
Eux-mêmes ne croyaient pas un seconde en leurs chances d'aller au bout, sur un parcours plat comme une limande. A 60 km du but, Cosnefroy s'est approché de la moto caméra pour proposer de "faire l'interview d'après-course maintenant, ça m'évitera la zone presse à la fin".
"Pourquoi on a fait ça ? Je ne sais pas", a-t-il ajouté, hilare, avant d'être repris 35 bornes plus loin.
Jakobsen au tapis
Quelques minutes plus tôt, un autre coureur, Adrien Petit, avait déjà ouvert la boîte à vannes, suggérant à la télévision de mettre juste "un fond d'hélicoptère" et comme ça "les gens sont peinards pour la sieste".
Le réveil cependant fut brutal.
Car dès que le peloton s'est aventuré sur le circuit de Nogaro, les bolides du peloton ont enclenché la cinquième, peut-être piqués par le souvenir du légendaire André Darrigade qui était venu, à 94 ans, leur rendre visite sur la ligne de départ à Dax.
Et les chutes se sont multipliées, envoyant au tapis plusieurs cadors du sprint, à commencer par Fabio Jakobsen, miraculé après une chute cauchemardesque sur le Tour de Pologne en 2020. Déjà malheureux la veille, au point de qualifier de "stupide" et "dangereux" le comportement de Philipsen à Bayonne, le Néerlandais souffre de brûlures à l'épaule et au dos, selon le patron de son équipe Soudal-Quick Step Patrick Lefevere.
Mais il devrait être au départ mercredi, contrairement au vétéran espagnol Luis Leon Sanchez, équipier de Marc Cavendish chez Astana, et Jacopo Guarnieri, poisson pilote de Caleb Ewan chez Lotto, qui souffrent tous deux d'une fracture de la clavicule et ont annoncé leur abandon dans la soirée.
Privés de repères dans ce final inhabituel, fait de longues courbes rapides débouchant sur une interminable ligne droite finale de 800 mètres, plusieurs coureurs se sont également pris les pédales dans les barrières.
"Je ne me souviens pas d'une arrivée comme ça, a commenté Philipsen. C'était très rapide, on avait l'impression d'être des bolides. Je suis très content de ne pas être tombé, j'ai vu qu'il y a eu beaucoup de chutes, j'espère que les copains vont bien."
Maillot vert
D'autres comme son leader chez Alpecin, Mathieu van der Poel, ont vivement critiqué la dangerosité du circuit, avant d'être... lui-même déclassé à la dernière place de son groupe pour un coup de coude.
Philipsen, qui a devancé l'Australien Caleb Ewan, l'Allemand Phil Bauhaus et le Français Bryan Coquard, a confirmé qu'il était sans doute le meilleur sprinteur du moment.
Il reste sur quatre succès lors des quatre derniers sprints massifs dans le Tour de France en comptant celles l'an dernier à Carcassonne et sur les Champs-Elysées.
Le Belge endosse aussi le maillot vert qui, a-t-il dit, "devient un objectif sur ce Tour". D'autant que Jakobsen, son principal rival, est toujours fanny et que Wout Van Aert, écrasant vainqueur du classement aux points en 2022, a assuré qu'il ne se mêlerait pas à la lutte cette année, préférant viser des étapes qui lui échappent pour l'instant.
La star belge a même indiqué avant le Tour qu'il pourrait ne pas aller jusqu'à Paris si son épouse, qui attend leur deuxième enfant, accouche avant la fin.
"Je suis très fier de gagner deux fois de suite", a souligné Philipsen. Il est l'un des sprinteurs qui passent le mieux la montagne. Mais il sait qu'il va souffrir lors des deux prochaines journées dans les Pyrénées qu'on espère moins soporifiques.
AFP/VNA/CVN