Toujours plus d'espaces muséaux à Paris en 2020 : un déséquilibre Paris-province

Ouvertures et réouvertures de musées jalonneront de nouveau l'année 2020 à Paris, avec en juin l'inauguration de la Bourse de commerce, ambitieux centre d'art contemporain de François Pinault. Une offre d'art toujours plus plétorique qui fait bien des jaloux en province.

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Le chantier de transformation, le 4 septembre 2017 à Paris, de l'ancienne halle au blé, puis bourse de commerce, en centre d'art contemporain voulu par François Pinault.

C'est dans l'ancienne halle rénovée par l'achitecte japonais Tadao Ando, entre Forum des Halles et Louvre, que le milliardaire breton a trouvé le lieu idoine pour son immense collection.
Elle concurrencera la Fondation Vuitton de son concurrent Bernard Arnault, excentrée dans le bois de Boulogne.
François Pinault, en s'implantant au coeur du coeur de Paris, joue gagnant.

À l'été, l'Hôtel de la Marine, place de la Concorde, restauré lui aussi, ouvrira, commencera à exposer des œuvres puisés dans les immenses collections Al Thani. La Fondation de la famille qatari y disposera pendant vingt ans d'un espace pour les exposer.
Mémoire de l'histoire de Paris, le Musée Carnavalet aura rouvert après un profond lifting, tout comme le Palais Galliera, musée de la mode, et la maison de Victor Hugo place des Vosges.
Les amoureux de l'histoire vont pouvoir visiter la Colonne de Juillet à la Bastille, et à Versailles pénétrer dans les appartements intérieurs du roi et de la reine.
D'autres chantiers sont en cours ou prévus : comme la restauration bien avancée du palais historique de la Bibliothèque nationale de France (BNF) rue Richelieu qui verra ses espaces muséaux augmentés, ou le projet de futur Musée du Grand siècle dans la Caserne Sully à Saint-Cloud.
Concentration et surfréquentation
Le trop-plein d'offres muséales publiques et privées qui augmente dans la capitale chaque année crée une surfréquentation de certains lieux au détriment d'autres. C'est ce qui pourrait expliquer que la Monnaie de Paris, magnifiquement située en bord de Seine, ait décidé de "réorienter" sa programmation en arrêtant en février ses grandes expositions monographiques, après celle de Kiki Smith.

La rénovation du Musée Carnavalet, à Paris, le 21 septembre 2018.
Photo : AFP/VNA/CVN

Face à la plétore de l'offre parisienne, les défenseurs du patrimoine prônent une meilleure mise en valeur du patrimoine régional pour promouvoir la croissance et l'emploi dans des zones délaissées, comme ne cesse de le plaider l'animateur Stéphane Bern.
"Il y a priorité à mettre des fonds dans des offres vraiment intéressantes, théâtres, musées, maisons d'artistes en dehors de Paris. Cela aura pour effet un vrai retour économique et social" pour ces régions, souligne à l'AFP Célia Vérot, directrice générale de la Fondation du Patrimoine.
"Cela aurait été un geste magnifique d'un des deux milliardaires Pinault et Arnault que de choisir une ville qui n'est pas Paris pour établir sa fondation", relève Julien Lacaze, vice-président de l'association de défense du patrimoine "Sites et monuments".
"Mais à Paris, ils ne prennent pas de risques, les visiteurs sont là", observe-t-il.
Ils auraient pu établir par exemple leur centre d'art contemporain dans les communs du château royal de Villers-Cotterêts qui doit être rénové en centre de la Francophonie, dans l'Aisne, région délaissée économiquement, se prend à rêver M. Lacaze.
Et si le Centre Pompidou-Metz, le Louvre-Lens et le nouveau centre de recherches et de réserves du Louvre de Liévin (Pas-de-Calais), sont des exemples d'une politique volontariste pour investir en province, cela ne suffit pas.
Pas plus que la politique ambitieuse des grandes villes de France qui se dotent l'une après l'autre de manifiques musées futuristes, tel le MUCEM à Marseille.
"Malgré un nombre incroyable d’expositions, souvent de qualité, notamment l'été, ils peinent à concurrencer ceux de Paris. Car les plus belles œuvres y sont, attirant l’attention des médias. Les musées de province sont vides en dehors de quelques spots", constate Jean-Christophe Castelain, directeur du Journal des Arts.
Quels remèdes : "ils devraient faire de leurs handicaps une force : plutôt qu’essayer de monter des grandes monographies pour concurrencer Paris, ils devraient choisir des expositions avec un thème original et mettre l'accent sur la médiation" d'agents spécialement chargés d'expliquer le sens des oeuvres au public, suggère cet expert.

AFP/VNA/CVN

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