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Des étrangers ont toutefois réussi à gravir ces dernières années les échelons très hiérarchiques de la compagnie de l’Opéra de Paris, parfois sans même passer par l’école qui lui est rattachée -chose impensable par le passé- comme l’Argentine Ludmila Pagliero, devenue la première étoile latino-américaine de l’Opéra en 2012.
Lors de son bref mandat (2015-2016), l’ex-directeur de la danse Benjamin Millepied, qui a fait sa carrière aux États-Unis, a appelé à plus de diversité dans la compagnie et mis en avant des danseurs non français.
L’AFP a rencontré quatre de ces danseurs venus de l’autre bout du monde pour rejoindre la compagnie fondée par Louis XIV et défendre le style français.
Bianca Scudamore, future star australe
Elle a été qualifiée de "Baby Ballerina" en raison de sa précocité. À 19 ans, la prodige est à deux grades du titre suprême. Dès l’âge de 3 ans, Bianca Scudamore danse dans sa Brisbane natale avant de se lancer dans le classique selon la méthode anglaise de la Royal Academy of Dance.
À 14 ans, elle passe une audition pour entrer à l’École de l’Opéra, malgré les doutes de sa professeure. "Elle m’a dit +les étrangers peuvent difficilement intégrer cette école, tu n’auras aucune chance+". Pari gagné pourtant. Mais elle doit s’adapter à l’école française, la plus ancienne des traditions.
Sae Eun Park, l’élégance made in Seoul
Pour cette "première danseuse" sud-coréenne de 29 ans, l’arrivée à Paris a été un rien brutale. "Avec le Korean National Ballet, j’étais soliste et je dansais les principaux rôles", affirme la jeune femme longiligne, à la voix timide. "Entrée à l’Opéra, j’étais en CDD et j’étais tout le temps dans les coulisses mais j’ai beaucoup appris".
Si différents styles sont associés à des pays occidentaux ou la Russie, il n’y a pas d’école dite asiatique et Park a été formée par des danseuses russes selon le style Vaganova dans son Séoul natal.
Prix de Lausanne à 17 ans et médaille d’or à Varna, cette fille d’une pianiste et d’un employé chez Samsung découvre le style français lors d’un cours donné par un ex-danseur coréen de l’Opéra.
Chun-Wing Lam, une promesse chinoise
Chun-Wing Lam a fait une entrée remarquée à l’Opéra : premier Chinois à intégrer la compagnie tricentenaire en 2015, il a emballé à l’époque la presse dans son Hong Kong natal. "Mon histoire était surprenante car j’étais un garçon qui faisait du classique", explique l’artiste de 22 ans qui est “quadrille”, premier grade de la hiérarchie.
Encouragé par sa maman, il est à sept ans un peu comme un Billy Elliot chinois. "Au studio, il n’y avait que des petites filles en tutu, j’étais choqué".
Sa professeure, pour qui "la meilleure école de ballet est celle de l’Opéra", envoie une vidéo de son élève doué à Elisabeth Platel, directrice de l’école, étoile légendaire et "gardienne" du style français.
Hannah O’Neill, la perle néozélandaise
Hannah O’Neill, première danseuse, est une obstinée. Son coup de cœur date du jour où elle a vu une vidéo du Cendrillon de Noureev. "À partir de ce moment-là, pour moi, l’Opéra de Paris était le symbole du ballet".
Formée à Tokyo et surtout à Auckland (Nouvelle-Zélande) où elle a grandi, cette fille d’un ex-joueur de rugby néozélandais et d’une mère japonaise passionnée de ballet a un avant-goût du style français revisité par Noureev : sa professeure Marilyn Rowe a travaillé avec l’ex-directeur de la danse à l’Opéra.
À 14 ans, elle rate le concours externe pour intégrer l’École et rejoint l’Australian Ballet School, enchaînant au passage les prix (Lausanne, le Youth American Grand Prix). Mais elle n’abandonne pas son rêve et finit par être acceptée à l’Opéra comme surnuméraire à 18 ans. Sans parler un mot de français.
AFP/VNA/CVN